A la frontière entre Gaza et Israël, des Palestiniens "résistent" avec le parkour

jeudi 12 avril 2018

Des jeunes Palestiniens adeptes du parkour ont exceptionnellement effectué leurs acrobaties à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, théâtre d’importantes manifestations et d’affrontements meurtriers depuis fin mars.Ils ont sanctuarisé à leur façon, c’est à dire avec des sauts en avant, des pirouettes arrière, des acrobaties demandant un parfait équilibre, le site du camp dressé pour accueillir les manifestations de "la marche du retour".

Cette protestation, qui doit se clore le 15 mai, jour de la commémoration de la "Nakba" (la "catastrophe" en arabe) qu’a représenté pour les Palestiniens la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948, vise à réclamer le retour des réfugiés palestiniens chassés ou ayant fui leurs terres à la création de l’Etat d’hébreu.

Elle a été émaillée depuis le 30 mars d’affrontements meurtriers ayant coûté la vie à 31 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza. Il n’y a eu aucune victime côté israélien. Israël a fait face à de vives critiques des organisations de défense des droits de l’Homme, y compris israéliennes, pour son utilisation de balles réelles contre des manifestants qui ne représentaient pas de menaces immédiates pour ses soldats.

Mardi soir, juchés dans leur tour ou postés derrière des murs de sables, les soldats israéliens observaient la performance des acrobates à quelques centaines de mètres de la clôture à Rafah, dans le sud de Gaza."Nous sommes venus dans le camp du retour à Rafah pour montrer notre parkour", affirme Naji Muammar, 27 ans, aux côtés de ses trois camarades. "C’est notre message au monde, nous allons revenir dans notre pays et y pratiquer notre sport", ajoute-t-il."Nous n’avons rien d’autres pour résister sinon le parkour", surenchérit Mohammed Abou Jihad.

Mais pratiquer cette activité dans la société conservatrice de Gaza n’est pas toujours vu d’un bon oeil."Certaines personnes nous empêchent de nous entraîner dans les parcs et les rues", raconte Naji Muammar.

Pour la marche du retour, les Gazaouis ont dressé des camps en plusieurs points le long de la frontière entre l’enclave palestinienne sous blocus israélien et l’Etat hébreu.La fin de cette marche doit culminer à la mi-mai, date du transfert prévu de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.La décision du président Donald Trump a ulcéré les Palestiniens qui veulent faire de Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël, la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Source : Challenges avec AFP