Apartheid 2.0 : la colonisation transforme les maisons palestiniennes en cages

samedi 22 août 2020

Cet article ne parle que d’une seule maison, mais la situation décrite représente parfaitement ce qu’est la Palestine sous l’occupation.

« Même si vous me donnez tout l’argent d’Israël, je ne céderai jamais un pouce de ma terre ».

Le Palestinien Saadat Sabri Gharib, 38 ans, n’avait jamais imaginé que sa maison, qui a été construite par son père en 1979, serait transformée en une cage très étroite entourée de barbelés et de caméras de surveillance.

La maison de Gharib est située dans le quartier de Beit Ijza, à l’ouest d’Al-Quds (Jérusalem) occupée. Elle était entourée d’une centaine de dounams de terres appartenant au père de Gharib [1 dounam ≈ 1 000 mètres carrés]. Cependant, les colons israéliens ont volé toutes ces terres et ont gardé la maison, qui ne fait que 500 mètres carrés.

Gharib a déclaré à l’agence Anadolu que depuis 2008, sa maison a été transformée en une toute petite cage entourée de murs en béton et située au milieu d’une colonie israélienne. Il n’a qu’un passage très étroit avec 12 caméras qui le surveillent. Gharib, sa mère, sa femme et ses trois enfants vivent dans cette maison. « Notre maison est une vraie prison », explique-t-il, ajoutant :

« Elle est entourée de fils barbelés de tous les côtés. Elle a été construite au milieu d’un vaste terrain, mais aujourd’hui, c’est une petite prison au milieu de la colonie de Giv’on Hahadasha. »

« Nous sommes soumis à des jets de pierres, à des tirs à balles réelles, à des insultes et à des brûlures », a révélé Gharib, qui détient tous les documents prouvant qu’il est propriétaire du terrain.

JPEG - 242.6 ko La maison des Gharib à Beit Ijza, encagée par une clôture et entourée par la colonie israélienne de Givon Hahadasha, comme on le voit ici sur une image satellite de 2018, à l’ouest de Jérusalem.

« Cependant, nous avons reçu sept ordres de démolition, mais je les ai combattus devant les tribunaux israéliens et j’ai pu les arrêter », déclarant que 40 dounams avaient été volés par les autorités d’occupation israéliennes en 1979 et que 60 dounams avaient été isolés de sa maison par le mur d’apartheid en 2007. « Nous n’y avons pas accès sauf une fois par an avec la permission de l’occupation israélienne », explique Gharib, notant que sa maison est surveillée 24h / 24 et 7j / 7.

En 1979, les colons ont offert à son père une forte somme d’argent pour ses terres, mais il a refusé et a déclaré :

« Même si vous me donnez tout l’argent d’Israël, je ne céderai jamais un pouce de ma terre ».

Plus tard, l’occupation israélienne les a volées avec son pouvoir de colonisation.
Faisant pression sur Gharib pour qu’il quitte sa maison, l’occupation israélienne l’empêche de planter des arbres près de son domicile, d’effectuer des travaux de rénovation ou d’effectuer la moindre réparation.

Gharib souligne :

Il y a quelques mois, le réservoir d’eau a été endommagé et je voulais le changer, mais Israël a refusé. Ils veulent nous pousser à quitter notre maison. Mais même si la maison était démolie, je vivrais dans une tente. Je ne laisserai jamais la maison de ma famille aux colons.

« Nous vivons une vie très difficile. La porte du passage menant à ma maison est contrôlée par l’occupation israélienne et pourrait être fermée à tout moment. En 2008, elle a été fermée pendant trois mois consécutifs, mais nous nous sommes battus jusqu’à ce qu’elle soit ouverte 24h / 24. »

Environ 900 Palestiniens vivent à Beit Ijza, qui faisait partie d’Al-Quds (Jérusalem) avant l’occupation israélienne de la Cisjordanie en 1967. Depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1993, Beit Ijza est devenue partie intégrante du gouvernorat palestinien de la banlieue d’Al-Quds (Jérusalem).

Ce quartier est l’un des nombreux autres qui ont été isolés d’Al-Quds (Jérusalem) par le mur d’apartheid, et ont donc été reliés à la Cisjordanie occupée par des tunnels ou des ponts.

Selon le Bureau palestinien des statistiques, plus de 50 000 Palestiniens détenant des cartes d’identité d’Al-Quds (Jérusalem) ont été isolés par le mur d’apartheid et privés de la possibilité de vivre à Al-Quds.

En 2002, Israël a décidé de construire un mur de 710 kilomètres pour séparer la Cisjordanie occupée d’Israël et des colonies israéliennes illégales dans les profondeurs des territoires occupés.

Source : Middle East Monitor
Traduction : lecridespeuples.fr