Après 70 jours de sa grève de la faim... Bilel Kaid sort victorieux, mais quatre prisonniers palestiniens continuent la grève de la faim : un soutien urgent est nécessaire

dimanche 4 septembre 2016

Quatre prisonniers palestiniens continuent la grève de la faim : un soutien urgent est nécessaire
Après la fin de la grève de la faim de Bilal Kayed le 24 août, sa famille et ses camarades - et Bilal lui-même - insistent sur le fait que l’attention internationale ne doit pas se relâcher sur la question de la détention administrative et particulièrement sur celle des quatre prisonniers palestiniens actuellement en grève de la faim pour protester contre leur détention administrative sans inculpation ni jugement.
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Mahmoud al-Balboul, 21 ans, a lancé sa grève de la faim le 1er juillet. Emprisonné en même temps que son frère Mohammed depuis le 9 juin, ils sont tous deux maintenus en détention administrative sans inculpation ni jugement. Mahmoud and Mohammed ont été arrêtés au cours d’une violente descente d’avant l’aube à leur domicile après l’emprisonnement de leur soeur cadette, Nuran, 15 ans, le 12 avril. Elle a été relâchée en juin après trois mois d’emprisonnement pour avoir eu une altercation verbale avec un soldat israélien d’occupation à un checkpoint ; elle a alors été accusée de posséder un couteau, malgré un manque de preuves.

Mahmoud, Mohammed et Nuran sont les enfants de Sanaa al-Balboul et de son mari Ahmad ; Ahmad al-Balboul a été assassiné par les forces d’occupation israéliennes le 18 mars 2008 et accusé d’être un dirigeant militaire du Fatah.

Mohammed al-Balboul, 26 ans, frère de Mahmoud et dentiste à Jénine, s’est joint à la grève de la faim le 4 juillet. Il a été maintenu en détention administrative pendant un an, il y a près de 10 ans ; après sa libération, il a fait des études d’odontologie en Egypte avant de retourner en Palestine pour ouvrir son cabinet dentaire.

Mahmoud et Mohammed sont actuellement détenus tous deux à l’Hôpital Assaf Harofeh, après respectivement 56 et 52 jours de grève de la faim ; leur état de santé s’est dégradé les jours derniers alors que Mohammed a été transféré à partir de la clinique de la prison de Ramleh pour rejoindre son frère.

Ayed Heraimi, 23 ans, et Malik al-Qadi, 20 ans, se sont joints à la grève de la faim le 16 juillet, en protestation contre leur propre détention administrative sans inculpation ni jugement. Hereimi a été arrêté le 23 décembre 2015, peu après qu’il ait été libéré d’un emprisonnement de trois ans. Al-Qadi a ét arrêté le 22 mai 2016. Tous deux font face à une audience le 30 août devant la Cour Suprême Israélienne pour appel par lequel ils demandent l’abrogation de l’ordre de détention administrative à leur encontre. Tous deux ont été transférés le 23 août à l’Hôpital Assaf Harofeh suite à la détérioration de leur état de santé.

En outre, le 23 août, il a été rapporté que Tawfiq Faisal Nazzal, 30 ans, de Qabatiya, a été ré-arrêté sur un check-point le même jour que sa libération de la prison de Ketziot dans le Néguev à l’expiration d’une peine de prison de 8 mois, que pour recevoir un ordre de détention pendant trois mois en détention administrative sans inculpation ni jugement. Les deux frères de Nazzal sont aussi emprisonnés : son frère Mohammed purge une peine de 15ans d’emprisonnement et Majid est retenu au centre d’interrogatoire de Jalameh depuis 55 jours.

Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens se fait l’écho de l’appel de la famille de Bilal Kayed d’augmenter la solidarité internationale avec les prisonniers en gréve de la faim et avec tous les prisonniers dans les prisons israéliennes, par des manifestations, des initiatives et des actions et en accentuant la campagne de boycott contre l’état israélien et contre les institutions et sociétés complices, parmi lesquelles G4S.

AFPS - Traduction Yves Jardin


notre article du 26 août 2016
Le détenu Bilel Kaid a suspendu sa grève de la faim après un accord de ne plus prolonger son arrestation administrative qui prendra fin le 12/12/2016.

L’institution al-Dhamir a assuré que l’accord était conclu entre les avocats de Kaid et le ministère public d’occupation israélienne.
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Notons que le détenu Bilel Kaid était entré dans une grève de la main depuis 70 jours et ce pour protester contre son arrestation administrative après 14 ans de prison. En 2015, il a perdu son père puis vers la fin de la même année les autorités pénitentiaires l’ont mis subitement et sans aucune raison à l’isolement. Le jour de sa libération, le 13 juin dernier, il a été informé qu’il est condamné de nouveau à six mois de détention administrative ce qui a déclenché une vague de protestations à l’intérieur et à l’extérieur des prisons d’occupation.

Le Front Populaire de la Libération de la Palestine (FPLP), le parti auquel appartient Kaid, a considéré la suspension de la grève une victoire pour tous les détenus palestiniens et un exploit pour le peuple palestinien. Le FPLP a appelé les citoyens à Gaza et à Ramallah de se rassembler dans les places publics pour fêter cette victoire.


notre article du 19 août 2016
Le matin du 13 juin, le prisonnier palestinien Bilal Kayed, dont il était prévu qu’il soit libéré ce jour-là après avoir séjourné quatorze ans et demi dans les prisons israéliennes, s’est vu brusquement infliger en lieu et place six mois de détention administrative, c’est-à-dire une incarcération sans accusation ni procès.
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Kayed, 34 ans, originaire d’Asira al-Shamaliya, près de Naplouse, a été privé à de très nombreuses reprises des visites de sa famille et il a effectué plusieurs séjours en enfermement solitaire, durant ses années de détention. Il a participé à de multiples grèves de la faim, notamment en février dernier, pour protester contre sa mise en isolement à la prison d’Ashkelon.
Avant d’être transféré en cellule d’isolement à Ashkelon, Kayed avait été le représentant des prisonniers du Front populaire de libération de la Palestine, le parti politique palestinien de gauche, à la prison de Megiddo.

Kayed a été emprisonné le 14 décembre 2001. Il avait 19 ans, à l’époque. Durant son séjour en prison, il a travaillé d’arrache-pied pour parfaire son éducation et son rôle de représentant de ses compagnons prisonniers.

Kayed fait partie des 750 Palestiniens emprisonnés en détention administrative, c’est-à-dire sans accusation ni procès. Les ordonnances de détention administrative, délivrées au nom du commandant militaire de l’occupation israélienne de la Cisjordanie, valent pour des périodes allant de un à six mois, et ce, sur base de preuves tenues secrètes. Elles sont renouvelables à l’infini.

La détention administrative de Bilal Kayed est manifestement une tentative d’éviter arbitrairement de libérer un prisonnier et combattant palestinien qui a passé plus de 14 ans dans les prisons israéliennes.
Depuis son adolescence, Kayed est connu comme un organisateur hors pair et un dirigeant de la jeunesse palestinienne. Ceci illustre une fois de plus le recours à la détention administrative en tant que méthode de ciblage des meneurs de la communauté et société palestinienne, et en tant que pratique coloniale systématique
censée dépouiller le peuple palestinien de ses organisateurs efficaces et d’isoler du peuple les dirigeants palestiniens en devenir.

[**Bilal Kayed est sur le point d’entamer son 60ème jour de grève de la faim. Alors qu’il entre dans son troisième mois sans nourriture à l’hôpital Barzilai, enchaîné par une main et un pied à un lit d’hôpital et entouré par des gardiens de prison, le dernier outrage de la part de l’occupant israélien a été annoncé : une date d’audience fixée pour son appel, par la Haute Cour israélienne, dans deux mois, alors qu’il subit déjà une grave détérioration de sa santé, avec des douleurs, un état de faiblesse et une jaunisse. Il a été menacé d’un traitement médical forcé, s’il devait de nouveau perdre conscience.*]

Dans le même temps, à la fois lui et ses 7.000 camarades prisonniers - dont 750 maintenus en détention administrative - ont affirmé que son combat n’est pas un combat individuel. Le cas de Kayed menace de créer un précédent qui affecte tous les prisonniers palestiniens - la menace d’une détention illimitée faisant suite à une peine de prison expirée. C’est aussi une tentative de supprimer toute contestation et organisation dans les prisons israéliennes ; Kayed a été dirigeant élu des prisonniers qui a établi une coordination entre les factions palestiniennes pour organiser la grève de la faim et d’autres actions des prisonniers.

Plus de 100 camarades de Kayed, membres du FPLP et des centaines supplémentaires d’autres prisonnier se sont joints aux grèves de la faim et aux protestations collectives pour sa libération, dont Ahmad Sa’adat, Secrétaire Général du FPLP. Le Mouvement des Prisonniers Palestiniens a publié un communiqué commun mettant l’accent sur l’importance de sa grève. Plus de 150 organisations palestiniennes et internationales ont signé un appel demandant sa libération. Et dans les rues de Palestine et au niveau international, la voix du peuple s’élève : des villes, des villages et des camps de réfugiés de Palestine occupée, dans toute les régions, à Haïfa, à Asqelan, à Umm al-Fahm, à Naplouse, à Dheisheh, à Bethléem, au Camp d’Aïda, au Camp de Qalandiya, à Jérusalem, à Ramallah, à Jénine, à Tulkarem, à Qalqilya, à Gaza, à Khan Younis, et à beaucoup d’autres encore ; et des cités et des villes dans le monde, à New York, à Vancouver, à Montréal, à Johannesburg, à Belfast, à Dublin, à Beyrouth, au Caire, à Rabat, à Bruxelles, à Berlin, à Amsterdam, à Paris, à Toulouse, à la Haye, à Göteborg, a Montréal, à Vienne, à Copenhague, à Malmö, à Caracas, à Sao Paulo, à Naples, à Sydney, à Milan, à Londres, à Manchester et à beaucoup d’autres encore ; la demande s’accroît de la libération de Bilal Kayed et de ses compagnons prisonniers palestiniens.

Au Liban, le Parti Communiste Libanais marchera vers les frontières de la Palestine pour les prisonniers en grève de la faim. A la prison de Lannemezan, Georges Abdallah refuse les repas après 32 années passées dans les prisons françaises. En Irlande, le pays de tant de prisonniers anti-colonialistes et d’une solide tradition de grèves de la faim, les protestations se multiplient à la journée, dont celle d’aujourd’hui des prisonniers républicains irlandais. A Dublin, à Copenhague, à Sydney, à Derry, à Vienne, à Berlin, à NewYork et en Palestine occupée, les gens se préparent à descendre dans les rues en faveur de la liberté.

[**En ce moment urgent, nous appelons toutes les personnes de conscience, les associations de solidarité avec les Palestiniens et la Palestine, et les organisations pour la justice sociale à renforcer la lutte pour la libération de Bilal Kayed.*] La fixation d’une date d’audience dans deux mois est une déclaration manifeste de la volonté israélienne d’assassiner Bilal Kayed et d’étouffer le mouvement des prisonniers. Alors que Bilal Kayed entame son 60ème jour de grève de la faim, faisons de la période du 12 août au 20 août des journées d’action pour la libération de Bilal et la libération de la Palestine !

Nous exhortons tous ceux qui soutiennent, au niveau international, les prisonniers palestiniens, les Palestiniens et leur lutte pour la justice et la libération, à accentuer leurs protestations, leur organisation et leur lutte pour la liberté, à faire face à ces menaces sur la vie de Bilal Kayed et à soutenir sa lutte urgente pour la liberté.

Le Réseau Samidoun de solidarité avec les détenus palestiniens réclame la libération immédiate de Bilal Kayed et de tous les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes et il invite instamment tous les amis du peuple palestinien
à s’organiser, à protester et à agir pour réclamer sa liberté et celle des 7 000
Palestiniens qui se trouvent actuellement en prison.
source : http://samidoun.net

[**L’UJFP nous propose d’inonder la boite mail de l’ambassade d’Israël à Paris
fax 01 40 76 55 55 - consulsec@paris.mfa.gov.il*]

Il est insupportable que des prisonniers en viennent à mourir dans les prisons pour défendre leur liberté. Madame l’ambassadrice d’Israël en France, nous vous demandons avec la plus grande détermination d’intercéder auprès du gouvernement que vous représentez pour obtenir sans délai, la libération Bilal Kayed en détention administrative sans jugement ni accusation, survenue le jour prévu de sa libération. Soyez assurée que nous continuerons à agir pour que soient respectés les droits les plus élémentaires de l’Homme, et pour la libération de tous les prisonniers politique détenus illégalement dans les geôles israéliennes.
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Interview de Sahar Francis, directrice d’Addameer, association palestinienne de défense de prisonniers, avec images de manifestations de soutien aux grévistes.