Armée, colons et « terrorisme juif », une alliance de fer contre les Palestiniens

mardi 21 décembre 2021

Les attaques contre les civils palestiniens se multiplient dans les territoires occupés, et les organisations israéliennes de défense des droits humains s’en inquiètent. Elles ne sont cependant pas nouvelles, d’autant que les militaires laissent généralement les plus violents des colons agir dans l’impunité.

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L’ONG israélienne Yesh Din (Il y a une loi) a dénombré 1 293 plaintes entre 2005 et 2019 portant sur des actes perpétrés par des colons sur des Palestiniens en Cisjordanie, comprenant des violences directes, du vandalisme sur des biens de résidents palestiniens ou des tentatives de vol de terre. Dans 91 % des situations, les plaintes sont classées sans suite par la police israélienne. Du côté de B’tselem, qui a mis en lumière le système d’apartheid mis en place sur tout le territoire sous contrôle israélien, son dernier rapport fait état de 451 attaques de colons entre 2020 et septembre 2021, ayant entrainé la mort de cinq Palestiniens. Les forces de sécurité israéliennes étaient présentes dans 183 cas, laissant faire ou participant à l’agression par des tirs de balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes sur les Palestiniens qui tentaient de faire face. Pis, dans 22 situations, l’armée a procédé à l’arrestation de Palestiniens agressés, laissant libres les agresseurs.

Dans un communiqué du 10 novembre, les experts du Conseil des droits de l’homme de l’ONU s’alarment des violences de la part des colons israéliens « les plus élevées enregistrées ces dernières années ». Si les ONG palestiniennes alertent depuis des lustres sur cette situation, l’inquiétude des organisations israéliennes oblige la communauté internationale, voire le gouvernement israélien, à s’emparer du sujet. Reste à appréhender ce phénomène tel qu’il est : non comme des « incidents » isolés, mais l’héritage d’un terrorisme juif issu de la colonisation sioniste.
« Vous êtes le gardien des colonies »

Dans un livret intitulé On Duty, Breaking the Silence rassemble 36 témoignages de soldats et d’officiers qui ont été aux premières loges des violences récurrentes des colons israéliens. L’organisation met en lumière la réalité pratique et stratégique de ces attaques de colons qui cherchent à accroitre l’expropriation et à assurer une « prise de contrôle effective » par l’intimidation et la force d’autant de terres que possible.

Ancien porte-parole de Breaking the Silence et ex-membre d’une unité combattante de l’armée, Nir Avishai Cohen pointe le système juridique israélien comme premier obstacle à la répression de ces colons. Citoyens israéliens, ils relèvent d’une juridiction civile, contrairement aux Palestiniens soumis à une justice militaire d’exception. Ainsi, lors d’affrontements ou d’incidents en Cisjordanie, l’armée est la première mobilisée sur les lieux et privilégierait, systématiquement, le refoulement des Palestiniens sur qui elle a une emprise concrète plutôt que des colons qui savent qu’en l’absence de policiers israéliens, ils ne risquent aucune interpellation.

Toutefois, les ONG dénoncent le rôle controversé des officiers chargés de coordonner la défense des colonies. Dans chacune d’elles, l’État paie au moins un officier censé y organiser la protection par le recrutement de volontaires, via un soutien logistique de l’armée, favorisant les connivences entre colons et soldats. À cela s’ajoutent des liens idéologiques et naturels, dont témoignent les propos recueillis par Breaking the Silence. Un sergent ayant opéré dans la région d’Yitzhar en 2017 rapporte :

Vous êtes le gardien des colonies et vous êtes comme l’ange qui garde la zone. De votre point de vue, les juifs sont les gens qui vous apportent de la nourriture et sont gentils avec vous lorsque vous êtes en patrouille, du genre “merci beaucoup de nous protéger“. […] Ce n’est pas si simple d’utiliser des moyens de dispersion des émeutes contre eux. N’oubliez pas qu’ils sont "les nôtres" et ne doivent pas être touchés.

L’extrême-droite plébiscitée

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