Colonies israéliennes : Tripadvisor, Airbnb, Booking.com et Expedia impliqués

samedi 2 février 2019

Les géants de la réservation en ligne favorisent des violations des droits humains des Palestiniens en présentant plusieurs centaines d’hébergements et d’activités dans les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé. Enquête.

La politique d’Israël qui consiste à installer des civils israéliens dans des territoires palestiniens occupés viole le droit international humanitaire et constitue un crime de guerre.

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Malgré cela, ces quatre entreprises continuent de mener des activités dans les colonies, y compris Jérusalem Est et tirent profit de cette situation illégale.

TripAdvisor, qui est elle aussi basée aux États-Unis, propose plus de 70 activités, excursions, restaurants, cafés, hôtels et locations d’appartements. Booking.com, qui a son siège aux Pays-Bas, propose 45 hôtels et hébergements. Expedia, qui est basée aux États-Unis, propose, quant à elle, neuf fournisseurs d’hébergement, dont quatre grands hôtels.

En novembre 2018, Airbnb s’est engagée à retirer toutes les offres situées dans les colonies en Cisjordanie, à la suite d’investigations menées par Al Jazeera et Human Rights Watch. Cet engagement est toutefois insuffisant car elle ne l’a pas étendu à Jérusalem-Est occupée, qui est également un territoire occupé, où elle propose plus de 100 offres dans les colonies.

Faire l’expérience du crime de guerre

« J’ai suivi la formation au maniement des armes antiterroristes. Ça a été la meilleure expérience de mon séjour en Israël ! »
Avis sur TripAdvisor sur un stand de tir dans une colonie israélienne

Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor proposent toutes des offres pour faire l’« expérience » du camping dans le désert et des locations d’hébergements de vacances gérés par des colons dans la colonie de Kfar Adumim ou à proximité.

Quelque 180 habitants de Khan al Ahmar, un village bédouin, risquent de subir une expulsion forcée à laquelle procédera l’armée israélienne afin de faire de la place pour l’extension illégale de Kfar Adumim et d’autres colonies du secteur.

Un tel transfert forcé de personnes dans un territoire occupé constitue un crime de guerre.

Les autorités israéliennes offrent aux villageois le choix entre deux destinations possibles : un site jouxtant l’ancienne décharge municipale de Jérusalem, non loin du village d’Abou Dis, ou un site à proximité d’une station d’épuration, non loin de la ville de Jéricho.

Le « camping dans le désert en Israël » proposé par Airbnb, Booking.com et Expedia permet aux visiteurs de payer jusqu’à 235 dollars par nuitée, en leur proposant de faire l’expérience de « la quiétude du désert et de [goûter] à la chaleureuse hospitalité israélienne ».

Les offres pour le camping dans le désert concernent des structures situées sur des terres que les Bédouins utilisaient par le passé pour faire de l’élevage.

Avec le développement de Kfar Adumim, de nombreux éleveurs bédouins ont perdu leurs moyens de subsistance et ils dépendent à présent de l’aide humanitaire.

Le comble, c’est que les colons utilisent la culture bédouine pour attirer les touristes.

Tirer profit de violations

Entre février et octobre 2018, nous nous sommes rendus dans quatre villages palestiniens proches de colonies israéliennes, ainsi que dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est et dans une communauté palestinienne d’Hébron. Tous ces endroits sont situés à proximité de lucratives attractions touristiques gérées par des colons.

Outre le fait qu’elles contribuent dans une large mesure à attirer les touristes dans les colonies de peuplement illégales, Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor induisent aussi en erreur leurs clients en s’abstenant d’indiquer systématiquement que les offres concernées sont situées dans des colonies israéliennes.

« « Les touristes qui viennent ici sont soumis à un lavage de cerveau, on leur ment, ils ne savent pas que ces terres nous appartiennent. »
Un paysan palestinien »

Les deux villages palestiniens situés près de Shiloh ont perdu plus de 5 500 hectares (55 kilomètres carrés) de terres depuis la fin des années 1990. De nombreuses personnes sont parties, et celles qui restent disent qu’elles sont souvent agressées par des colons armés.

Ces dernières années, le gouvernement israélien a investi de grosses sommes d’argent dans le développement du tourisme dans les colonies. Il utilise le fait de désigner certains lieux en tant que sites touristiques pour justifier l’accaparement de terres et de maisons palestiniennes.

Il construit délibérément des colonies à proximité de sites archéologiques pour souligner les liens historiques du peuple juif avec la région.

Le gouvernement israélien permet aux colons d’exploiter des terres et des ressources naturelles appartenant à des Palestiniens, et les y encourage ; il montre aussi qu’Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor tirent un bénéfice de cette exploitation.

Alors qu’il s’agit de ressources naturelles palestiniennes accaparées illégalement, seuls les colons et les entreprises de tourisme en ligne qui ont des relations commerciales avec eux tirent un bénéfice de ces activités.

Promotion égale complicité

Dans le village de Khirbet Susiya, des Palestiniens vivent dans des abris temporaires parce qu’ils ont subi une expulsion forcée. Ils ont été chassés d’une grande partie de leur territoire pour laisser la place à l’extension de la colonie de Susya.

Susya est bâtie autour des ruines d’un site archéologique qui est présenté par Airbnb et TripAdvisor, avec des photos des endroits que les voyageurs peuvent visiter, notamment ces ruines, une oliveraie, un établissement viticole et un vignoble, ainsi que la grande piscine de la colonie.

Le fait de présenter ces sites à un vaste public à travers le monde favorise les objectifs du gouvernement israélien en ce qui concerne les colonies.

En favorisant l’industrie du tourisme dans les colonies et, en conséquence, l’essor économique des colonies, Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor contribuent au maintien, au développement et à l’extension des colonies de peuplement illégales, et en tirent profit, et ces actes constituent des crimes de guerre au titre du droit pénal international.

AGIR

PETITION D’AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE : TRIPADVISOR DOIT SE RETIRER DES COLONIES ISRAÉLIENNES !

Lire le rapport "Destination : Occupation" (en anglais) d’Amnesty

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