Comment l’Europe manipule et exploite la question des réfugiés

vendredi 29 octobre 2021

JPEG - 65.4 ko Photo : SOS Méditerranée

Par Ramzy Baroud
La langue est la politique et la politique est le pouvoir. C’est pourquoi l’utilisation abusive du langage est particulièrement inquiétante, surtout lorsque ce sont les innocents et les plus vulnérables qui en font les frais.

Les guerres qui se sont déroulées ces dernières années en Syrie, en Libye, en Afghanistan et dans d’autres pays du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique ont provoqué l’une des plus grandes catastrophes humanitaires, sans doute sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Au lieu d’élaborer une stratégie mondiale unifiée faisant du bien-être des réfugiés de ces conflits une priorité absolue, de nombreux pays les ont complètement ignorés, les ont rendus responsables de leur propre misère et, parfois, les ont traités comme s’ils étaient des criminels et des hors-la-loi.

Mais cela n’a pas toujours été le cas. Au début de la guerre en Syrie, le soutien aux réfugiés syriens était considéré comme un devoir morale, défendu par des pays du monde entier, du Moyen-Orient à l’Europe et même au-delà. Bien que la rhétorique n’était souvent pas suivie d’actions, l’aide aux réfugiés était considérée, en théorie, comme une prise de position politique contre le gouvernement syrien.

À l’époque, les Afghans n’avaient aucune place dans le discours politique occidental sur les réfugiés. En fait, ils étaient rarement considérés comme des réfugiés. Pourquoi ? Parce que, jusqu’au 15 août – date à laquelle les talibans sont entrés dans la capitale, Kaboul – la plupart de ceux qui fuyaient l’Afghanistan étaient considérés selon une autre classification : migrants, immigrants illégaux, étrangers en situation irrégulière, etc.

Pire encore, ils étaient parfois dépeints comme des parasites profitant de la sympathie internationale pour les réfugiés, en général, et les Syriens, en particulier.

La leçon à tirer est que les Afghans fuyant leur pays déchiré par la guerre et occupé par les États-Unis n’étaient pas d’une grande utilité politique pour leurs éventuels pays d’accueil. Dès que l’Afghanistan est tombé aux mains des talibans et que les États-Unis, ainsi que leurs alliés de l’OTAN, ont été contraints de quitter le pays, le langage a immédiatement changé, car les réfugiés ont alors servi un objectif politique.

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