Compte rendu de la SOIRÉE DE SOUTIEN AU POÈTE ASHRAF FAYAD à MARSEILLE théâtre Toursky le 21 janvier à 20h

mercredi 20 janvier 2016

"Je suis l’expérience de l’enfer sur la planète Terre".
Le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à mort pour "apostasie" par des juges d’Arabie saoudite. Il lui est notamment reproché d’avoir publié un recueil de poèmes en 2007, "Instructions internes", qui contiendrait des poèmes athées. (Cette condamnation à mort intervient après une première condamnation à quatre ans de prison et 800 coups de fouets).

Nous vous invitons à participer à la soirée de solidarité en sa faveur qui se tiendra le jeudi 21 janvier 2016, à 20 heures au théâtre Toursky (espace Léo Ferré).
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Cette soirée est co-organisée par l’association le Scriptorium, le Théâtre Toursky, l’Union des Poètes & cie, la revue des Archers.

Au cours de ce temps de solidarité, des poètes et des artistes français et étrangers liront des poèmes de Fayad Ashraf, ainsi que des poèmes en rapport avec le sujet, ponctués par des moments musicaux.

Cette réunion s’inscrit dans une succession de manifestations qui ont eu lieu et vont se dérouler dans d’autres villes de France et régions du monde : Maison de la Poésie de Paris, Berlin, Strasbourg, Montréal...

L’objectif de cette soirée est triple :
- sensibiliser le public le plus large à cette cause pour faire annuler la sanction
- témoigner de l’aspect irréductible de la parole poétique sous toutes les latitudes et dans toutes les sociétés humaines
- envoyer à Ashraf Fayad le signe d’une présence solidaire en poésie

La communauté poétique et littéraire a répondu favorablement à notre initiative.

Nous avons à ce jour reçu le soutien des institutions suivantes : La Maison des Écrivains et de la Littérature, Le Printemps des Poètes, la Biennale des Poètes, les Amis de Richard Martin, le P.E.N. Club français, la Société des Gens de Lettres, le CipM, the World Poetry Movement.

Pour rappel, une pétition en faveur d’ASHRAF FAYAD est en ligne sur change.org. Chacun peut, chacun doit la signer !

Dominique Sorrente, président du Scriptorium et représentant de l’Union des Poètes & cie - Richard Martin, directeur du théâtre Toursky et directeur de la publication de la revue des Archers

voir sur le site de Palestine 13 l’article sur Ashraf Fayad
http://www.assopalestine13.org/spip.php?article651

et le lien pour la pétition sur change.org :
Sauvons le poète palestinien Ashraf Fayad condamné pour apostasie par l’Arabie Saoudite !!

https://www.change.org/p/sauvons-le-po%C3%A8te-palestinien-ashraf-fayad-condamn%C3%A9-pour-apostasie-par-l-arabie-saoudite

COMPTE RENDU DE LA SOIRRE DANS LE JOURNAL ZIBELINE
Ne tirez pas sur le poète !
Des mots pour lutter au théâtre Toursky, en message solidaire et poétique envoyé au poète palestinien condamné à mort, Ashraf Fayad. - Zibeline
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Être condamné à mort pour apostasie, on se croit renvoyés aux pires heures de l’inquisition, et pourtant, c’est un évènement qui nous est contemporain : le poète palestinien, Ashraf Fayad a été condamné par les juges de l’Arabie Saoudite, parce qu’il est poète, et que dans une interprétation tirée par les cheveux, il pourrait avoir émis des mots dignes de l’accusation d’apostasie !

Jeudi 21 janvier, une soirée de soutien au poète était organisée au Théâtre Toursky dans la salle Léo Ferré. Y participaient des artistes et différentes associations dont l’Union des Poètes & cie, la Maison des Écrivains et de la Littérature, le Printemps des Poètes, le P.E.N. Club français, le Festival Voix vives de Méditerranée en Méditerranée, l’association des Amis de Richard Martin, la Société des Gens de Lettres, the World Poetry Movement, et Amnesty International. Dominique Sorrente, président du Scriptorium et représentant de l’Union des Poètes & cie, jouait le rôle du cicérone de la soirée, tout en y apportant sa contribution poétique.

Les représentants d’Amnesty International rappelleront avec davantage de précisions les faits : la première condamnation à quatre ans de prison et huit cents coups de fouet, sur simple dénonciation d’une personne qui n’apprécie pas le poète, puis, alors qu’Ashraf Fayad a demandé pardon, et fait appel, la peine s’alourdit et devient capitale, pour apostasie et le fait d’être poète.

Brigitte Gyr, vice-présidente de l’Union des Poètes & cie lit des extraits de l’œuvre d’Ashraf Fayad, textes d’où sourd une discrète ironie, puis cite Montesquieu qui s’indignant de ceux qui condamnent, tuent et torturent au nom de Dieu s’exclamait : « Dieu n’est-il pas assez grand pour se venger lui-même ? ».

Henri Frédéric Blanc (Revue des Archers) devant le mur de bêtise et de barbarie, évoque les relations diplomatiques et ‘pétrolières’ qui font de la France et des USA les alliés de l’Arabie Saoudite, pays qui décapite, soutient les terroristes… La bonne nouvelle, c’est de constater le pouvoir des mots, les poètes sont considérés comme dangereux, et font peur ! Il souligne avec force la nécessité de prendre conscience que nous sommes une planète, et que les pratiques coercitives de personnes qui se réclament de l’Islam commettent un terrible contre-sens : mieux encore que sur l’amour, l’Islam repose sur la clémence et la miséricorde pour tous et dénonce dans la deuxième sourate du Coran les hypocrites.

Isabelle Pellegrini (Scriptorium) évoque le caractère précieux des « instants de parole à l’air libre », tandis que Richard Martin (qui offre le cadre de son théâtre à la manifestation) espère faire souffler un vent plus fraternel.

Le poète André Ughetto souligne, « la poésie est là pour interroger le réel », loin des prêt-à-penser officiels.

Les chants du groupe Ghani apportent des airs de la Kabylie, chantent l’amour, le désert ; les poèmes d’Ashraf Fayad, portés par les voix unies de F. Donadieu, Lionel Mazari, Tania Sourseva, Isabelle Pellegrini, D. Sorrente, conjuguent la traduction des mots que Malika Mouaci (association Marseille Kabylie) lit en arabe.

Les phrases de Ibn Arabi et de Goethe apportent leur force d’espérance, « les hommes sont les ennemis de ce qu’ils ignorent », « on peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin »… on se souviendra aussi de la performance de Viviane Campi, poète venue tout exprès de Gènes, la poesia e, la poesia non e, la poesia e… la soluzione ! »

Et l’humaine solidarité…

MARYVONNE COLOMBANI - Janvier 2016
source texte et photo : www.journalzibeline.fr