D’un apartheid l’autre entre Soweto et Nazareth

dimanche 12 février 2023

Les habitants de Nazareth ne vivent pas sous occupation militaire comme en Cisjordanie ou sous blocus comme à Gaza. Mais entre Soweto découvert en 1989 et la ville arabe du nord d’Israël parcourue en 2022, l’état d’esprit des habitants et l’organisation urbaine et sociale reflètent ce moteur de l’apartheid qu’est la séparation.

Voir l’image ICI.Nazareth, avec à gauche le clocher de l’église de l’Annonciation

De notre envoyé spécial à Nazareth.

Septembre 1989 à Soweto. L’immense ville noire aux portes de Johannesburg compte alors plus deux millions et demi d’habitants, et je m’y rends peu avant la sortie de prison de Nelson Mandela le 11 février 1990. L’apartheid, qui maintient les Noirs d’Afrique du Sud dans une sous-citoyenneté et des zones spécifiques, craque alors de partout. Sous l’influence de Mandela et de ses partisans, les manifestations se multiplient dans les rues des villes sud-africaines. Elles sont alors violemment réprimées à Soweto comme dans tout le pays. Des centaines de Noirs sont tués pendant ces protestations, comme depuis des décennies des centaines de Palestiniens au cours de manifestations à Gaza, dans les Territoires, à Jérusalem-Est, mais aussi à Nazareth. À l’automne 2000, la police israélienne avait tué plusieurs Nazaréens, qui manifestaient leur solidarité avec le soulèvement de Jérusalem-Est.

« Nous sommes en train de gagner notre liberté »

Soweto est en 1989 un monde à part, un immense ghetto urbain, mais il est alors moins coupé du monde que ne le sont Gaza et les territoires occupés palestiniens aujourd’hui. On peut y entrer et en sortir, même si, en fonction des circonstances, des policiers en contrôlent plus ou moins fortement les accès à ses rues étroites et ses maisonnettes en tôle ondulée.

Je parcours de nuit les bistrots clandestins de Soweto, les shebeens, rencontre des gens optimistes préparant l’avenir d’un pays bientôt débarrassé d’un système raciste décrié par le monde entier. « Nous sommes en train de gagner notre liberté », disait Souizo, un homme d’une trentaine d’années, qui danse avec moi dans l’ivresse de voir l’apartheid s’effondrer. Après tant de colère et de morts, Souizo sait que la mobilisation planétaire a sorti leur combat de l’ombre. Il est, avec ses amis, fier de balayer un système sophistiqué et subtil de discrimination.

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