Discriminations. Entre Israël et la Palestine, PayPal a choisi son camp

mercredi 7 février 2018

PayPal (service de paiement de personne à personne dans le monde), déjà confronté à des pressions en raison de son refus de fournir des services aux Palestiniens vivant sous l’occupation militaire israélienne, semble être allé encore plus loin dans ses efforts anti-palestiniens.

La semaine dernière, il a brusquement fermé le compte d’une importante organisation en France de solidarité avec la Palestine, sans fournir la moindre explication.

JPEG - 44.4 ko PayPal prétend qu’il « donne une chance à tous dans le monde entier », mais alors pourquoi les Palestiniens et leurs sympathisants sont-ils tenus à l’écart ? (Wikimedia Commons)

En procédant ainsi, la société mondiale de paiement et de transfert d’argent montre qu’elle cède aux pressions d’Israël et de ses lobbys.

L’Association France Palestine Solidarité a déclaré dans un communiqué samedi qu’elle venait d’être informée du « blocage inopiné » de son compte PayPal, ajoutant que plusieurs sites pro-Israéliens s’en étaient fait l’écho.

L’AFPS déclare que : « le matin du 26 janvier, nous avons reçu un e-mail très succinct de la société PayPal nous informant de la fermeture de notre compte ‘en raison de la nature de nos activités’ ».

Selon l’AFPS : « cette information nous a été transmise sans plus de raison, sans prévis pourtant prévu contractuellement, et alors que nos activités sont identiques depuis des années et que jusqu’à présent, nous n’avions jamais eu de problème avec notre compte ».

À noter que l’AFPS est l’une des 20 organisations de défense des droits de l’homme incluses dans une liste noire publiée par les autorités israéliens en début de ce mois, et dont les membres sont interdits d’accès à tout territoire sous contrôle israélien.

L’organisation indique qu’elle va demander au plus vite des explications à PayPal et qu’elle se réserve la possibilité de toute suite judiciaire.

Une opération des lobbys israéliens

La fermeture du compte PayPal de l’organisation française apparaît bien comme la continuité des efforts qu’Israël déploie pour sévir contre celles et ceux qui soutiennent les droits des Palestiniens.

Alors que d’intenses efforts de propagande n’ont pas réussi à enrayer la progression du soutien aux droits des Palestiniens, en Europe et dans le monde, Israël s’oriente de plus en plus vers la censure, la répression et une guerre juridique.

En particulier, Gerald Steinberg, le responsable du groupe de droite israélien, NGO Monitor, qui harcèle et diffame les organisations des droits de l’homme et militantes, s’est vanté sur Twitter que les « recherches » de son organisation sur l’AFPS avaient été citées dans un article du Jerusalem Post qui se réjouissait de la fermeture de son compte PayPal.

L’article du Jerusalem Post a été écrit par Benjamin Weinthal, en théorie un journaliste mais en réalité un agent essentiel de la campagne anti-palestinienne d’Israël en Europe.

Weinthal s’est spécialisé dans la diffamation des militants et des organisations, et en 2010, il s’est associé à NGO Monitor pour publier de fausses allégations contre The Electronic Intifada.

Weinthal est aussi un « membre important » de la Fondation pour la défense des démocraties, un groupe néoconservateur étatsunien qui a tenté de calomnier le mouvement populaire, non violent, de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) en tant que lié au Hamas et à l’Iran.

« En raison de la confidentialité à l’égard de nos clients, nous ne pouvons pas commenter les détails d’un compte PayPal en particulier », a indiqué la société à Weinthal en réponse à une demande de renseignements.

« Cependant, nous voulons souligner que PayPal montre une tolérance zéro à une utilisation de notre plate-forme de paiements sécurisés pour faciliter des activités illégales » ajoute la société.

Dans son article, Weinthal revendique le mérite d’avoir contacté PayPal, suggérant que l’AFPS enfreignait la législation française en soutenant le mouvement non violent du BDS.

Il s’attribue également le mérite de pressions similaires qui, selon lui, ont conduit à la fermeture de comptes d’autres organisations de solidarité avec la Palestine en 2016.

Des pressions sur la Silicon Valley

L’accent mis sur PayPal intervient au moment où une campagne concertée est conduite par Israël pour faire pression sur d’autres sociétés de la Silicon Valley, dont Facebook, Twitter et Google, afin de censurer, en son nom, les Palestiniens et leurs sympathisants

Facebook a reconnu qu’il supprime des comptes à la demande des gouvernements US et israélien.

Pour isoler les Palestiniens

Selon sa propagande commerciale, PayPal prétend qu’il « donne une chance à tous dans le monde entier ».

Mais la société est déjà le centre d’une campagne activiste en cours avec son refus de fournir des services aux Palestiniens dans la Cisjordanie et la bande de Gaza occupées.

La plate-forme est sans doute devenue le moyen le plus courant pour les gens dans le monde pour effectuer aisément des transactions directes entre eux, à un coût moindre et avec moins de complications qu’une banque ou des services de transfert d’argent traditionnels.

Jusqu’à ce qu’il y ait des alternatives largement acceptées à PayPal, le refus de la société de servir les Palestiniens vivant sous l’occupation et le siège militaires rend ceux-ci encore plus isolés.

L’an dernier, Dalia Shurrab, une entrepreneuse de Gaza, a indiqué à The Electronic Intifada quels étaient les dommages causés par la discrimination de PayPal à l’encontre des Palestiniens.

« Les restrictions de PayPal défavorisent gravement les start-ups et les entreprises de technologie palestiniennes » déclare Shurrab, « en truquant le jeu avant tout en faveur de leurs concurrents du reste du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ».

Shurrab dit que l’esprit d’entreprise à Gaza est en train de se développer rapidement, mais que la domination au niveau mondial de PayPal dans le domaine des paiements de personne à personne à un coût relativement modéré, agit comme un véritable frein compte tenu de son refus de servir les Palestiniens.

Shurrab a voulu lancer sa propre start-up, mais elle a été contrainte d’abandonner son projet car elle n’avait pas accès au paiement. « Parce que PayPal n’opère pas à Gaza », dit Shurrab, elle ne reçoit que très rarement sa rémunération pour son travail de pigiste.

PayPal possède aussi Venmo, un service de paiement de personne à personne en pleine expansion, réservé aux USA.

Rester déterminés

L’Association France Palestine Solidarité indique que sa capacité à accepter des dons n’a pas été affectée par la fermeture de son compte PayPal, car elle avait antérieurement décidé de transférer son processus de dons à une autre entreprise.

De plus, l’AFPS dit que les attaques du lobby pro-Israël sont pour elle un hommage involontaire aux actions qu’elle mène.

L’organisation déclare : « Face aux moyens énormes déployés pour nous bâillonner, nous sommes sûrs de pouvoir compter sur le soutien politique et financier de toutes celles et ceux qui refusent les violations du droit érigées en règle de conduite pour tenter d’écraser le peuple palestinien ».

Ali Abunimah
Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine
Source : Electronic Intifada


[*Notre article du 21 avril 2017 : Discriminations. Entre Israël et la Palestine, PayPal a choisi son camp*]

PayPal propose ses services aux Israéliens des colonies mais pas aux Palestiniens. Une pétition demande à la société américaine de revoir sa politique.

PayPal fait, envers les Palestiniens, de la discrimination. Et pour les 180 000 signataires d’une pétition sur ce sujet, il est temps que cela s’arrête ! Car, expliquent les initiateurs de ce texte, « contrairement aux recommandations de l’ONU, PayPal opère dans des colonies israéliennes illégales, desservant ainsi les colons israéliens mais pas les Palestiniens qui y vivent. » Un deux poids-deux mesures choquant. Ils demandent donc que PayPal « mette son service à la disposition de tous les habitants d’Israël et de Palestine. » La pétition a été lancée par les associations américaines Jewish Voice for Peace et US Campaign for Palestinian Rights, et relayée parSumOfUs, un mouvement qui demande des comptes à des grandes sociétés sur différents sujets importants. Les membres deparSumOfUs s’étonnent que la solution de paiement en ligne PayPal fasse des affaires « dans 203 pays à travers le monde », mais qu’elle « ne serve pas les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée » alors que les Israéliens de ces colonies sont, eux, autorisés à utiliser ce service.
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PayPal refuse les discriminations aux USA, pas en Palestine

Une discrimination « choquante » selon SumOfUs — qui relaie l’appelle de Jewish Voice for Peace et US Campaign for Palestinian Rights —, qui désavantage les startups palestiniennes pourtant « en plein essor. » Un peu partout à travers le monde, des voix commencent donc à s’élever contre la politique pratiquée par PayPal.

Quarante parlementaires britanniques ont récemment signé une lettre pour demander à la société américaine la fin de la discrimination envers les Palestiniens. Les deux associations ont, elles, lancé une pétition pour « mettre la pression » sur PayPal. Une campagne importante car, explique SumOfUs, en Palestine, « le secteur de la technologie est l’un des rares qui ont le potentiel de se développer sous l’occupation israélienne de Gaza et de Cisjordanie » Or, sans ce système de paiement aujourd’hui universel, difficile d’envisager un développement normal. « Les Palestiniens méritent PayPal comme tout le monde », indique SumOfUs, qui tient à rappeler que PayPal avait, l’an dernier, refusé d’ouvrir une centre en Caroline du Nord, et ce pour protester contre l’adoption d’une loi discriminant les personnes LGBT. Aujourd’hui, les Palestiniens sont eux aussi discriminés et SumOfUs, Jewish Voice for Peace et US Campaign for Palestinian Rights comptent bien sur PayPal pour changer les choses.

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article de Yasmine Bannani - le Muslim Post