Du street art en Palestine

mardi 3 juillet 2018

Depuis bientôt cinq ans, Seb Toussaint, street artist originaire de Caen, parcourt le monde pour son projet « Share the word ». Sa dernière destination : le camp de réfugiés de Balata, dans les Territoires palestiniens.

JPEG - 171.2 ko Seb Toussaint peint les mots choisis par les habitants du camp de réfugiés de Balata. Ici, Al-Huriya, « liberté » en arabe.

« Palestine », « Droit au retour » ou « Dignité »… Depuis leur arrivée à Balata, Seb Toussaint et son équipe ont peint une dizaine de mots sur les murs du plus grand camp de réfugiés de toute la Cisjordanie, à quelques minutes de Naplouse. S’il pose ses pinceaux pour la première fois en Palestine, Seb Toussaint n’en est pas à sa première expérience de la sorte.

Tout commence en 2011-2012 lorsque le street artiste originaire de Caen entame un tour du monde à vélo avec deux amis. Au cours d’une escale dans la ville de Sucre, en Bolivie, l’idée vient au jeune homme de 31 ans : « Faire un pont entre les quartiers marginalisés et le monde extérieur. »

Ainsi naît « Share the word » : tous les trois mois, Seb Toussaint passe quatre semaines dans un quartier, quelque part dans le monde, pour y peindre de grandes fresques, des mots choisis par la population sur les murs des habitations. Après le Niger, l’Égypte, l’Irak ou l’Inde, il en est aujourd’hui à sa 13e destination…

Une œuvre qui ne passe pas inaperçue

« À Balata, les gens sont inspirés et n’ont aucune difficulté à choisir les mots à peindre », explique Seb Toussaint, désignant la fresque derrière lui, sur laquelle on peut lire « oumi » (« ma mère » en arabe). À ses côtés, une jeune fille de 11 ans et sa mère passent en souriant, échangent un bonjour avec Seb Toussaint et ses deux coéquipiers, « Dudu » et Malek.
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Toutes les deux vivent dans la maison où la fresque est peinte. « C’est Yara qui l’a choisie, en cadeau pour sa mère malade », poursuit l’artiste en désignant la jeune fille. Patchwork de couleurs et de motifs, l’œuvre ne passe pas inaperçue dans les rues de Balata où les photos de martyrs et les dessins aux couleurs du drapeau palestinien sont légion.

À quelques mètres de là, deux autres fresques. « Soul » et « Droit au retour », lettres bleues sur fond à motifs. « La plupart des gens sont originaires de Jaffa (sur la côte, au sud de Tel-Aviv). J’ai donc choisi des éléments qui rappellent l’endroit : les fameuses oranges de Jaffa et la mer. »
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Deux ou trois jours sur chaque peinture

Dans leurs valises, Seb Toussaint et son équipe n’ont emporté que leurs pinceaux. La peinture, ils l’ont achetée sur place. « Je préfère peindre à la bombe mais ici c’est difficile de trouver ce type de produit alors on peint au pinceau. Ça nous prend plus de temps mais c’est plus simple ! »

Les trois garçons passent donc de deux à trois jours sur chaque peinture, même si la dernière d’entre elles a probablement nécessité plus de temps : sur l’un des murs de l’unique terrain de football du camp – au moins 20 mètres de longueur –, les habitants de Balata ont choisi d’inscrire « Humanité ». « Nous voulons donner envie aux gens de venir dans des quartiers où ils n’iraient pas forcément, mais aussi faire aimer leur lieu de vie aux habitants. »

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Salomé Parent - La Croix
le site de Seb Toussaint

PNG - 452 ko Une vue de Balata