En Palestine, le street-artist Banksy expose une crèche de Noël emmurée

jeudi 26 décembre 2019

Une petite crèche disposée devant des pans de mur transpercés par un obus : à quelques jours de Noël, la dernière œuvre de l’artiste Banksy a été dévoilée dans la symbolique ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée.

JPEG - 134.6 ko L’artiste britannique Banksy qui entretient le plus grand mystère sur son identité, a réalisé une crèche emmurée en référence au mur de sépération israélien.

Cinq dalles de béton miniature forment le fond de la crèche avec, au centre, l’impact d’un obus en forme d’étoile, et au bas du mur le bœuf et l’âne et Jésus, Marie, Joseph.

Le mystérieux artiste britannique a livré une nouvelle œuvre engagée, critiquant le mur qui sépare l’Israël de la Cisjordanie.

Intitulée « La cicatrice de Bethléem », la crèche a été présentée vendredi. Celle-ci est exposée dans l’hôtel « Walled-Off », ouvert en 2017 dans la ville palestinienne par Banksy et dont les chambres donnent sur le mur érigé par l’État hébreu et qui empiète en Cisjordanie.

Des minis pans de mur sur lesquels des tags appellent à la paix et à l’amour, servent d’arrière-plan à la crèche. L’impact d’un obus sur le mur fait penser à une étoile au-dessus des personnages : Marie, Joseph et Jésus, entourés d’une vache et d’un âne. Avec cette œuvre, Banksy contribue « à sa manière » aux festivités de Noël qui ont lieu à Bethléem, ville où est né Jésus selon la tradition chrétienne.

Pour le directeur de l’hôtel Wissam Salsaa, « La cicatrice de Bethléem » symbolise une « cicatrice de la honte ». « Le mur symbolise la honte pour tous ceux qui soutiennent ce qu’il se passe sur notre terre, tous ceux qui soutiennent l’occupation illégale » par Israël de la Cisjordanie, depuis 1967.

Diffuser la voix des Palestiniens à travers l’art

Construite en 2002 en pleine vague d’attentats palestiniens au cours de la deuxième Intifada, Israël affirme que la barrière continue de le protéger d’attaques d’assaillants venant de Cisjordanie. En 2004, la Cour internationale de justice avait pourtant déclaré illégale sa construction.

Devenu à la fois un lieu de protestation et un terrain d’expression politico-artistique, le mur de sécurité inspire Banksy. Dès 2005, il avait laissé un certain nombre de graffitis sur ces blocs de béton. Il avait alors peint neuf pochoirs -dont une échelle posée sur le mur ou une petite fille emportée par des ballons- voulant mettre en évidence l’impact du mur sur la vie des Palestiniens. En 2007, il réitère en dévoilant la peinture d’une fillette fouillant au corps un soldat israélien les bras en l’air, son fusil posé à côté de lui.

L’an dernier, il réaffirme son engagement et commercialise un poster représentant un mirador transformé en manège pour enfant avec un message satirique : « Visitez la Palestine. L’armée israélienne l’a tellement aimé qu’elle ne l’a jamais quitté ».

« C’est une façon formidable et différente de parler de Bethléem […] Banksy « essaye de diffuser la voix des Palestiniens dans le monde à travers l’art et crée un nouveau modèle de résistance grâce à cet art », s’est félicité M. Salsaa.

Source : La Voix du Nord