Furush Beit Dajan, un village palestinien asséché par Israël et son contrôle drastique de l’eau

jeudi 31 mars 2022

Contemplant ses citronniers autrefois féconds, Thabet Muhammad Abdul Kareem se demande anxieusement s’ils vont continuer à s’étioler.
Les terres de cet agriculteur palestinien et sa famille constituent leur principale source de revenus depuis près de 50 ans, tout comme pour les autres habitants de Furush Beit Dajan, village agraire de Cisjordanie occupée par Israël.

JPEG - 285.8 ko De nombreux agriculteurs de Furush Beit Dajan se sont mis à cultiver des tomates, culture moins gourmande en eau et en terre que les citronniers (MEE/Shatha Hammad)

Situé juste à l’est de la ville de Naplouse, au cœur de la vallée du Jourdain, ce village palestinien couvre 14 000 dounams (1 400 hectares) de terres, dont la plupart ont été confisquées par les autorités d’occupation israéliennes.

Le village est également encerclé par le poste de contrôle militaire de Hamra et les colonies israéliennes de Hamra et Mekhora.

Les cultures sont interdites aux résidents palestiniens sur 11 000 dounams de ces terres, ce qui leur laisse seulement 3 000 dounams classés en zone C selon les accords d’Oslo, ce qui signifie qu’il est interdit aux villageois d’y ériger des structures – ne serait-ce que des réservoirs d’eau.

Ressources enviables

Les habitants de Furush Beit Dajan travaillent à 98 % dans l’agriculture, et les cultures et l’élevage constituent leur principale source de revenus.

En raison de son emplacement privilégié – derrière la chaîne de montagnes de Naplouse où se trouve le bassin oriental –, l’eau souterraine ne manque pas.

Furush Beit Dajan est connu pour ses terres fertiles et ses citronniers, déclare le chef du conseil du village, Azem Hajj Muhammad, à Middle East Eye, mais en raison du forage par l’armée israélienne de puits artésiens sur leurs terres, l’eau des puits souterrains du village a commencé à s’épuiser et, avec elle, la production de citrons du village a chuté.

Avec des terres amputées et un approvisionnement en eau réduit, les habitants se sont adaptés en passant aux serres et à l’agriculture verticale. Mais on leur rappelle constamment les ressources naturelles disponibles juste sous leurs pieds.

« Furush Beit Dajan se tient sur un puits d’eau souterraine, et on entend l’eau se déplacer à travers les conduites d’eau israéliennes, mais on ne peut pas l’utiliser », explique Muhammad.

Selon le chef du conseil, les autorités israéliennes harcèlent les villageois qui tentent de creuser des puits ou d’utiliser les conduites d’eau. Plusieurs agriculteurs ont été arrêtés et condamnés à de lourdes amendes lorsqu’ils ont été reconnus coupables d’avoir tenté d’accéder à l’eau.

En outre, les réservoirs d’eau sont interdits dans le village. Le 16 juillet 2021, les autorités israéliennes ont démoli l’un des réservoirs de Muhammad, contenant 500 mètres cubes d’eau, malgré un ordre de la Cour suprême israélienne qui suspendait la démolition.

« Israël pratique la discrimination raciale à notre encontre. À 500 mètres de nous, la colonie de Hamra a des piscines, un accès illimité à l’eau et toutes les infrastructures dont elle a besoin », affirme-t-il à MEE.

Rêves construits sur l’eau

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