Ilan Pappe dénonce la « guerre d’Israël contre les enfants de Palestine »

dimanche 27 novembre 2022

« L’humanité doit à l’enfant le meilleur qu’elle a à donner. » Préambule, Déclaration des droits de l’enfant des Nations Unies (1959).

PNG - 562.7 ko Les funérailles d’Alaa Qaddum, 5 ans, tué par une frappe aérienne israélienne à Gaza assiégée. (Photo : Mahmoud Ajjour, The Palestine Chronicle)

« Plus de la moitié de la population vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza a moins de 18 ans ; en fait, on peut affirmer avec certitude que la moitié des habitants de la Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza assiégée sont des enfants. Quiconque mène une guerre contre ces deux territoires, par la démolition de maisons, les arrestations sans procès, la politique de tirer pour tuer et l’humiliation, fait la guerre aux enfants », écrit Ilan Pappe* dans Palestine Chronicle.

« Parfois, explique-t-il, des brigades militaires entières de l’armée israélienne, accompagnées d’unités d’élite, de la police des frontières et de la police poursuivent un garçon et, dans la plupart des cas, le tuent ou, au mieux, l’arrêtent. S’il y a quelque chose qui a changé ces dernières années dans ce que finalement les Nations Unies ont bien voulu appeler la colonisation de la Palestine, c’est l’intensification de la politique israélienne du « tirer pour tuer ». Et bien que beaucoup d’entre nous comprennent que le nouveau gouvernement israélien ne changera pas les politiques poursuivies par les gouvernements précédents, on peut s’attendre à de nouvelles brutalités dans la guerre contre les enfants de Palestine.

Au moment où j’écris cette chronique, la nouvelle nous est parvenue du meurtre par des soldats israéliens de Fulla Rasmi Abd al-Aziz al-Musalamah. Elle était en route pour fêter ses 16 ans. Elle était avec d’autres dans une voiture près de Beitunia, lorsque les soldats, sans aucune raison, ont ouvert le feu sur la voiture et l’ont tuée. Inutile de dire que le journal israélien rapportant « l’incident » a blâmé la conductrice et n’a même pas pris la peine de mentionner son nom.

Le meurtre d’enfants n’est pas un aspect nouveau de la politique israélienne envers les Palestiniens. En avril 1948, la direction militaire des forces sionistes a commencé à définir plus clairement sa politique envers toute population qui resterait dans les villages qu’elle occupait pendant le nettoyage ethnique de 1948. L’une de ses directives claires était de tuer ou d’envoyer dans un camp de prisonniers, à la discrétion du commandant sur place, « les hommes en âge de combattre ». Le commandement définit clairement ce que l’on entend par hommes : toute personne âgée de plus de dix ans.

Tout comme n’importe quelle politique israélienne destructrice depuis les expulsions massives et les meurtres de 1948, une nouvelle méthode d’action et de politique au coup par coup est devenue la norme.

En novembre 1950, l’armée israélienne a abattu trois enfants, âgés de 8, 10 et 12 ans, du village de Yalo, tandis qu’en 1952, le commando israélien a assassiné 4 enfants, âgés de 6 à 14 ans, à Beit Jalla. Un an plus tard, parmi les cinq bergers tués par les Israéliens en février 1953, l’un était un garçon de 13 ans d’al-Burg.

L’infanticide progressif est parfois remplacé par un meurtre plus intensif d’enfants. Pendant la Première Intifada, selon l’association des médecins israéliens et palestiniens pour les droits de l’homme, toutes les deux semaines, un enfant de moins de six ans recevait une balle dans la tête par l’armée israélienne. Au cours de la deuxième Intifada, 600 enfants palestiniens ont été tués. Parmi eux se trouvent Muhammad al-Dura, 12 ans, Fairs Odeh, 14 ans, et Khalil al-Mughrabi, 11 ans. Cinq mille enfants ont été blessés. En 2007, l’armée de l’air israélienne a tué 8 enfants de la famille Shehadeh à Gaza.

Lors de la première vague d’attaques contre Gaza en 2008, plus de 300 enfants sont morts, et 30 autres en 2012. Et la mortalité la plus élevée a été enregistrée en 2014, avec plus de 550 enfants tués.

Autrement dit, depuis 2000, 2 250 enfants palestiniens ont été tués par l’armée et les forces de sécurité israéliennes. Cela équivaut au meurtre de près de 45 000 enfants en Grande-Bretagne par une force militaire ou policière depuis 2000.

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