Israël isole les universités palestiniennes

mardi 3 septembre 2019

Israël procède à l’isolement des universités palestiniennes en obligeant les professeurs étrangers à abandonner les postes qu’ils occupent en Cisjordanie.

Deux organisations de défense des droits de l’homme ainsi que l’université Bir Zeit appellent Israël à lever les restrictions qui empêchent des professeurs d’exercer en Cisjordanie et à publier "une procédure précise et légale pour l’obtention de visas d’entrée et de permis de travail."

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La politique israélienne consistant à refuser les entrées internationales en Cisjordanie et à ne pas traiter les demandes d’extension de visas à temps, nuit à des dizaines de chercheurs qui travaillent dans les universités palestiniennes.

Classement menacé

Les défenseurs des droits de l’homme et la direction de l’université palestinienne de Bir Zeit soutiennent que les restrictions israéliennes menacent le classement de l’université dans les 3% des meilleurs établissements au monde, une liste déterminée selon la proportion de professeurs et d’étudiants étrangers qui y travaillent.

"En empêchant Bir Zeit d’employer des chercheurs étrangers, Israël entrave sa capacité à fonctionner comme une université répondant au normes internationales", explique les deux organisations des droits de l’homme, Al-Haq et Adalah.

Au cours des deux dernières années, quatre personnes à temps complet et trois autres à temps partiel de Bir Zeit, la plus ancienne université de Cisjordanie, ont été obligées de quitter le pays sans pouvoir revenir face au refus d’Israël de renouveler leurs visas.

Cette année, deux professeurs embauchés à plein temps se sont vus refuser leur entrée en Israël. Six membres de l’université travaillent sans visa valable et cinq autres, dont un chef de département, "sont actuellement à l’étranger sans être sûrs de pouvoir revenir."

Ces deux dernières années, des dizaines de maîtres de conférence "ont été affectés par les demandes israéliennes de nouveaux visas ou de nouvelles prorogations de visa ou le refus de les autoriser à entrer en Cisjordanie."

Beaucoup sont des Palestiniens détenteurs de passeports internationaux, la majorité venant des Etats-Unis ou de l’Union européenne.

La politique israélienne à leur égard "viole la liberté de l’université d’étendre ses domaines de recherche et d’études offerts aux étudiants. De ce fait, Israël empêche la population palestinienne occupée de décider elle-même le genre d’enseignement qu’ils voudraient proposer."

Un règlement de l’Administration civile israélienne dans les Territoires palestiniens autorise "les maîtres de conférences et les conseillers" à demander un visa d’une durée maximale de trois mois seulement.

Les établissements israéliens, eux, "peuvent recruter des universitaires selon une procédure différente qui permet la délivrance d’un visa d’une durée maximale de 5 ans."

Un régime de permis

Le système de permis appliqué par Israël empêche les Palestiniens de Gaza de venir étudier en Cisjordanie et vice-versa.

À l’époque, les étudiants de Gaza représentaient 35% des inscrits en Cisjordanie.

À cause du blocus israélien, le taux de chômage chez les étudiants fraîchement diplômés a atteint près de 80% l’année dernière.

Les organisations internationales comme la Middle East Studies Association, la California Scholars for Academic Freedom et la British Societies for Middle East Studies ont condamné les restrictions imposées par Israël aux professeurs étrangers exerçant dans les universités palestiniennes.

Dans le même temps, les chercheurs et les professeurs européens ont appelé l’Union européenne à suspendre le financement d’institutions académiques qui "entretiennent des liens avec l’industrie militaire israélienne".

L’UE soutient la recherche israélienne à hauteur de 800 millions de dollars dans le cadre du programme Horizon 2020.

Depuis 2004, des acteurs de la société civile palestinienne appellent à boycotter les établissements universitaires israéliens. De telles institutions "ont contribué directement ou maintenu, défendu ou justifié" l’oppression d’état exercée par Israël ou en ont été complices "par leur silence", souligne le texte de leur appel.

Dans ce qui parait être une première, l’association européenne de santé mentale vient d’annuler la tenue de sa conférence annuelle de 2021 prévue à Jérusalem.

L’ENMESH explique avoir pris sa décision après une réaction violente de la part de membres du conseil d’administration qui ne souhaitaient pas que l’organisation passe les deux prochaines années sous la pression des militants de la solidarité avec la Palestine.

Selon Haaretz, "c’est la première fois qu’une organisation de ce type revient sur une décision déjà approuvée de tenir une conférence en Israël, ce qui montre que la campagne pour le boycott des universités israéliennes est en train de gagner du terrain."
Traduit de l’anglais original par EM pour l’AFPS