Israël, nouveau protecteur des autocrates du Golfe ?

samedi 30 avril 2022

Voici ce que la réunion historique qui s’est tenue cette semaine dans le désert du Néguev révèle sur le réalignement du pouvoir dans la région.

Un message clair est ressorti de la réunion qui s’est tenue cette semaine dans le désert du Néguev entre les ministres des affaires étrangères de quatre pays arabes, d’Israël et des États-Unis : Israël est la clé de la sécurité des autocraties du Golfe et de la poursuite de l’engagement américain au Moyen-Orient.

Ce message peut, à première vue, laisser entrevoir une réduction des tensions régionales, le début d’un remaniement de l’architecture de sécurité de la région et une capacité accrue du Moyen-Orient à se débrouiller seul.

JPEG - 187 ko Le secrétaire d’État Antony J. Blinken participe au sommet du Néguev avec le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid, le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdullatif bin Rashid Al Zayani, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita et le ministre émirati des Affaires étrangères Sheikh Abdullah ben Zayed Al Nahyan, le 28 mars 2022 à Sde Boker, en Israël. [Photo du département d’État par Freddie Everett / Domaine public].

Source : Responsible Statecraft, James M. Dorsey
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un coup d’œil sous le capot laisse cependnant penser que la façade que les ministres des affaires étrangères des Émirats arabes unis, de l’Égypte, de Bahreïn, du Maroc, d’Israël et des États-Unis sont en train d’ériger est loin d’être parfaite.

Ce qui ressort lorsqu’on soulève le capot, c’est que les États du Golfe, dont les Émirats arabes unis, autrefois qualifiés de « petite Sparte » [Les Émirats arabes unis sont parfois qualifiés, de manière admirative ou désobligeante, de petite Sparte – une puissance qui se bat au-dessus de ses moyens dans un environnement dangereux, NdT] par l’ancien secrétaire américain à la défense Jim Mattis en raison de leurs prouesses militaires, sont incapables de se défendre contre les menaces extérieures, alors qu’ils figurent parmi les principaux acheteurs d’armes les plus sophistiquées du monde.

Ils sont également moins susceptibles qu’Israël de faire en sorte que les États-Unis continuent leur engagement au Moyen-Orient alors que Washington voit ses principaux défis en matière de sécurité nationale se profiler ailleurs.

Tout comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ont encore à mettre à leur actif le lancement d’une opération militaire étrangère réussie ou à assurer avec succès la protection de leur territoire contre les attaques d’adversaires étrangers. Les EAU se sont partiellement retirés de la guerre du Yémen, qui dure depuis sept ans, sans atteindre leurs objectifs militaires, bien qu’ils aient laissé derrière eux des factions locales, alors que l’Arabie saoudite cherche à sauver la face en mettant fin au conflit.

Lors d’un sommet des dirigeants du Conseil de coopération du Golfe qui regroupe l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Koweït, le Qatar et Oman, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a déclaré mardi un cessez-le-feu d’un mois pendant le mois sacré du Ramadan. Les rebelles houthis du Yémen ont refusé de participer à la réunion parce qu’elle se tenait à Riyad, la capitale de l’un des principaux protagonistes de la guerre.

Pendant ce temps, les deux États du Golfe ont été incapables de protéger leurs infrastructures et leurs installations pétrolières contre les attaques de missiles et de drones des rebelles et, peut-être même de l’Iran lui-même.

Par exemple, pour souligner l’importance d’Israël aux yeux des États arabes, la toute première rencontre de ce type, notamment sur le sol israélien, a été convoquée par l’État juif plutôt que par les Émirats arabes unis, et s’est tenue dans la maison de David Ben Gourion, l’un des fondateurs et tout premier Premier ministre d’Israël.

Certes, la crise ukrainienne a ramené l’importance du Moyen-Orient sur le devant de la scène, qu’il s’agisse de la diversification de l’approvisionnement en pétrole et en gaz de l’Europe, de l’impact du Moyen-Orient sur la sécurité au-delà de ses frontières, ou de la stabilité à une époque de défi et de dissension avec la montée du spectre des émeutes de la faim dans divers pays du Moyen-Orient en raison d’une flambée des prix des matières premières.

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