Je me bats pour la Palestine, pour chasser l’occupant

vendredi 10 février 2023

Le dernier sondage arabe de 2022 montre une fois de plus que les sociétés arabes ont des avis très différents sur leur situation économique et leurs conditions de vie, sur l’immigration, les institutions de l’État, la démocratie, sur tout. Sauf sur la Palestine.

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76 % des personnes interrogées dans le cadre de ce sondage, réalisé chaque année par le Centre arabe de recherche et d’études politiques à Doha, ont déclaré que la Palestine vit une tragédie qui concerne tous les Arabes, et non les seuls Palestiniens.

Trois points importants doivent être gardés à l’esprit lorsque l’on tente de comprendre ce chiffre :

Premièrement, les Arabes ne se contentent pas d’exprimer leur sympathie ou leur solidarité avec les Palestiniens. Ils soutiennent avec force que la lutte des Palestiniens contre l’occupation israélienne est une lutte arabe collective.

Deuxièmement, tous les Arabes, dans tous les secteurs de la société, dans toute l’étendue géographique du monde arabe, du Golfe aux régions du Maghreb, partagent la même opinion.

Troisièmement, et c’est tout aussi important, le sondage a été effectué dans des pays dont les gouvernements ont des liens diplomatiques complets avec Israël comme dans ceux qui refusent la normalisation avec véhémence.

L’étude est assez vaste : 33 000 personnes ont été interrogées sur une durée de plus de 6 mois (de juin à décembre 2022).

Comme dans les sondages précédents, les peuples arabes rejettent collectivement la normalisation avec Israël, le rejet le plus massif venant de l’Algérie et de la Mauritanie avec 99 % chacune.

Nul doute que d’aucuns rejetteront le sondage au prétexte que les Arabes détestent Israël parce qu’ils détestent les Juifs, mais l’étude explique dans le détail pourquoi les masses arabes ont une si mauvaise opinion d’Israël.

Lorsqu’on leur a demandé pourquoi ils rejetaient les liens diplomatiques entre leur pays et Israël, les personnes interrogées ont pour la plupart “cité les politiques coloniales et expansionnistes d’Israël, ainsi que son racisme envers les Palestiniens et sa persistance à exproprier les terres palestiniennes”.

Seuls 5 % des répondants ont invoqué des raisons religieuses pour justifier leur position, ce qui ne peut pourtant pas être simplement balayé comme du fanatisme religieux. En effet, de nombreux Arabes formulent leurs opinions sur la base des valeurs morales inscrites dans leur religion, par exemple la nécessité de dénoncer l’injustice et de la combattre.

Il faut dire que cela n’est pas nouveau. Les Arabes expriment ces mêmes opinions avec une constance remarquable, depuis la création de l’Index d’opinion arabe en 2011 et, on pourrait même dire, depuis la création d’Israël sur les ruines de la Palestine en 1948.

Mais si tel est le cas, pourquoi alors s’intéresser aux résultats de ce dernier sondage ?

Lorsqu’on questionne les Etasuniens sur la Russie, l’état de la démocratie aux États-Unis ou la plus grande menace pour la sécurité nationale, les sondages d’opinion fluctuent souvent d’une année sur l’autre. Par exemple, 70 % des Américains considéraient la Russie comme un “ennemi” des États-Unis en mars, contre 41 % seulement en janvier.

Ce bond massif en deux mois n’est pas directement lié à la guerre russe en Ukraine, puisque l’Ukraine n’est pas un territoire américain, mais à l’hystérie médiatique anti-russe qui ne fait que croître et embellir depuis le début de la guerre.

Au contraire, pour les Arabes, ni la versatilité des médias, ni les changements d’orientation de la politique intérieure, ni l’appartenance à une classe sociale ou une autre, rien, absolument rien n’a le pouvoir de modifier le statut de la Palestine qui reste et demeure, à leurs yeux, la priorité des priorités.

En 2017 et 2022 respectivement, deux présidents américains se sont rendus dans la région arabe. Donald Trump et Joe Biden se sont tous deux efforcés de provoquer un changement majeur dans les priorités politiques de la région.

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