L’annexion de la Cisjordanie par Israël devient une réalité

dimanche 19 mars 2023

Pour la première fois, une tutelle civile est reconnue pour les implantations juives de Cisjordanie occupée, mais aussi pour la gestion de nombreux domaines qui concernent la vie quotidienne des Palestiniens.
Un événement peut-être capital dans l’histoire du conflit israélo-palestinien a eu lieu le 23 février à Jérusalem, sans même que la communauté internationale semble s’en être aperçue : au terme d’une longue négociation au sein de la nouvelle coalition gouvernementale israélienne, des pouvoirs considérables pour la gestion des territoires occupés ont été transférés à Bezalel Smotrich, l’un des ministres les plus extrémistes, d’ailleurs lui-même colon.

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Trois organisations israéliennes de gauche, Yesh Din, l’Association des droits civils en Israël et Breaking the Silence, ont dénoncé ce qu’elles appellent une « annexion de jure » (de droit) de la Cisjordanie occupée. Quant au juriste israélien Michael Sfard, il a estimé que cet accord induit que « de facto , Bezalel Smotrich occupera le poste de gouverneur de la Cisjordanie ».
Lorsque le gouvernement de Binyamin Netanyahou a prêté serment le 30 décembre 2022, les attributions ministérielles dévolues à Bezalel Smotrich n’avaient pas manqué d’intriguer les observateurs. Il n’avait certes pas réussi à décrocher le portefeuille de la Défense qu’il visait – il avait dû se contenter du ministère des Finances – mais il était en même temps également désigné « sous-ministre au sein du ministère de la Défense », un titre au contenu nébuleux créé pour lui.
Depuis l’accord du 23 février, les choses paraissent plus claires. Le « sous-ministre » désormais officieux « gouverneur de la Judée et de la Samarie » (noms bibliques par lesquels les Israéliens désignent la Cisjordanie palestinienne) va pouvoir se consacrer à la mission qui lui tient à cœur et qu’un éditorial du journal Haaretz résumait ainsi : « Contrôler presque tous les domaines de la vie en Cisjordanie, y compris la planification, la construction et l’infrastructure, qu’il a l’intention d’utiliser pour développer l’entreprise de colonisation et mettre fin à tout développement palestinien. »
Comme le précise le site de The Times of Israël , l’accord permettra en effet à Smotrich de « poursuivre son objectif de contrecarrer les aspirations palestiniennes à un Etat en Cisjordanie en favorisant l’expansion substantielle du nombre d’Israéliens dans cette région ». Et le Haaretz d’embrayer sur un constat additionnel embarrassant pour Israël : « Etant donné qu’il n’y a aucune intention d’accorder des droits civils aux millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie, le résultat de l’accord est un régime d’apartheid formel et à part entière. »
Concrètement, comment cela va-t-il se passer ? Le juriste israélien Itay Epshtain l’a longuement expliqué sur Twitter dès le 24 février. Sans le reprendre de manière exhaustive, voici quelques points principaux qu’il relève : « Toutes les affaires civiles en Cisjordanie relèveront de l’autorité du ministre (Smotrich) et seront déléguées aux chefs adjoints de l’administration civile israélienne, nommés par le ministre au sein de sa base politique. »

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