L’armée israélienne condamne deux objectrices de conscience à la prison pour la quatrième fois

mercredi 25 janvier 2017

L’armée israélienne a envoyé lundi deux objectrices de conscience en prison pour la quatrième fois, cinq jours seulement après qu’elles aient purgé leur troisième peine d’emprisonnement.

Tamar Ze’evi, 19 ans, et Tamar Alon, 18 ans, se sont présentées à la base militaire d’incorporation de Tel Hashomer où elles ont déclaré leur refus de rejoindre l’armée et de prendre part à l’occupation, ce pourquoi elles ont été condamnées à 30 jours de détention. L’armée a également décidé de séparer les deux femmes, et les ont envoyées dans deux prisons différentes. À la fin de cette dernière période de prison, elles auront passé un total de 74 jours derrière les barreaux pour avoir refusé de servir dans l’armée.
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Devant l’entrée du centre d’incorporation, les femmes ont déclaré : « Le choix de refuser le service militaire est une première marche vers la transformation de la vie dans cette patrie en une vie de paix, de liberté et de camaraderie. Dans notre refus de participer à un système d’oppression, nous sommes en solidarité avec tous ceux qui se voient refuser la liberté de choix. »

La mère d’Alon, Moria Shlomot, a écrit mardi sur Facebook : « Peur de l’alliance de deux femmes courageuses ? Hier soir, les deux Tamars ont de nouveau été condamnées, punies d’une peine de 30 jours de prison pour leur refus de prendre part à l’occupation. »

Le post poursuivait : « Lorsqu’elles sont arrivées à la prison Six, on leur a dit que cette fois-ci elles allaient être séparées, et que Tamar Alon, ma fille bien-aimée, était renvoyée à la base d’incorporation pour y être arrêtée avant d’être transférée à la prison Quatre. »

« Le soir même, au cours des conversations téléphoniques qu’on leur a permis d’avoir avec leurs parents, elles ont dit toutes deux qu’en dépit des difficultés, elles avaient bon moral ! »

Corinne Ze’evi, la mère de Tamar Ze’evi, a déclaré mardi que « Les actes de Tamar ne me plongent pas dans la désolation, ils me donnent au contraire de nouveau l’espoir et le désir d’agir ».

Alon et Ze’evi ont toutes deux demandé à effectuer un service civil au lieu du service militaire. Dans la déclaration initiale de son refus de servir, Ze’evi, habitante de Jérusalem, a écrit : « Par amour pour cette terre et les êtres humains qui y vivent, je veux croire, et je crois, qu’il existe une voie différente, et que nous pouvons effectuer ce changement. »

Alon, qui vit à Tel-Aviv, a écrit dans sa déclaration : « Je ne peux pas accepter l’affirmation selon laquelle l’oppression d’un autre peuple, le déni des droits fondamentaux de l’homme, et le racisme et la haine sont nécessaires à l’existence de l’État d’Israël. »

Le jour où elle a été libérée après son troisième passage en prison, Alon est allée sur Facebook parler de son amitié avec Ze’evi, que lui avait présentée sa camarade refuznik Tair Kaminer (qui a passé cinq mois en prison militaire l’an dernier, la plus longue peine pour une femme objecteur de conscience en Israël).

« Bien que notre relation n’ait vraiment commencé qu’il y a 44 jours (en fonction de qui compte), elle a traversé tant de choses, et elle est aujourd’hui dans la meilleure situation possible. Je suis fière de dire que Tamar est par-dessus tout une amie, et ensuite une alliée. »

« Notre combat n’est pas facile, ensemble et individuellement nous rencontrons des gens qui ne nous apprécient pas, qui nous maudissent et nous haïssent à titre personnel, mais cette proximité que nous avons créée me fait toujours ressentir qu’en dépit des difficultés, il y a quelqu’un avec moi. »

Yael Marom est responsable des relations publiques de Just Vision en Israël et co-éditeur de Local Call, où cet article a été publié en hébreu. Traduit par Natasha Roth pour AFPS