L’invasion de l’Ukraine aurait dû mettre sur la table l’occupation israélienne de la Palestine

lundi 12 décembre 2022

Liliana Córdova Kaczerginski est la cofondatrice du Réseau international juif antisioniste (IJAN). Actuellement résidente à Madrid cette Argentine est la fille d’un juif communiste combattant dans le ghetto de Vilna en Lituanie pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est née à Paris alors que sa famille luttait pour survivre, et à vécu 14 ans en Israël. Elle sait ce qu’impliquent le judaïsme, la persécution et le sionisme et a choisi de devenir une militante engagée, s’opposant à l’existence de l’État d’Israël tel que nous le connaissons et soutenant la cause arabe. Aujourd’hui, sa voix a été entendue lors d’une conférence organisée par Unidas Podemos au Congrès des Députés en mémoire du peuple palestinien.

JPEG - 41.3 ko Liliana Córdova Kaczerginski, cofondatrice du réseau international juif antisioniste, intervient au Congrès pour discuter de l’antisémitisme et des droits du peuple palestinien.

« L’antisémitisme comme excuse pour invalider la solidarité avec le peuple palestinien ». Dès le titre, le débat semble délicat…

Le fait est que l’État d’Israël dispose d’un appareil de propagande très important, comme de nombreux gouvernements et pays, et qu’il est très facile de qualifier d’antisémites, autrement dit de racistes, les organisations ou les personnes qui se prononcent contre ses politiques. Cela vous disqualifie toujours d’emblée comme interlocuteur. Vous devez prouver que vous n’êtes pas antisémite. Si vous n’êtes pas un homme politique connu, un auteur qui a écrit des choses et s’est exprimé, comment prouvez que vous n’êtes pas raciste ? C’est pourquoi il faut en parler. Dans cette mécanique, le simple fait que vous critiquiez les gouvernements israéliens ou le projet sioniste est une raison suffisante pour qu’ils vous collent une étiquette et vous fassent taire. Les gens ont peur d’affronter cette étiquette. Et parce que vous avez peur de cela, notamment d’être traité de raciste anti-juif, vous vous taisez, et c’est ainsi qu’ils empêchent le public d’exprimer ses critiques. C’est la béquille la plus simple qui soit.

Dans votre cas, il y a aussi le fait que vous êtes vous-même juive, de la même origine. Être juif et ne pas défendre l’État d’Israël et ses politiques est un péché pour beaucoup.

Pour eux, nous sommes leur talon d’Achille, car ils considèrent qu’être juif signifie qu’il faut être complètement soumis à l’État d’Israël et à ses politiques et tout accepter de son plein gré. Eh bien, oui, on peut critiquer un peu, mais pas l’essence même de l’État, qui, rappelons-le, est un État qui pratique l’Apartheid, comme cela est déjà bien documenté aujourd’hui, un État qui promeut le colonialisme de peuplement et traite les personnes d’origine palestinienne qui vivent dans l’État d’Israël, dans les frontières de 48, comme des citoyens de seconde zone, fortement discriminés. Le fait que nous critiquions ces choses qui concernent la nature même du régime est pour eux le signe que nous sommes des traîtres ou, comme certains le disent, un signe de la haine de soi. Il y a aussi beaucoup de Juifs qui n’osent pas s’exprimer.

La critiques interne au sionisme depuis l’intérieur sont plus méconnues que nouvelles, n’est-ce pas ?

C’est vrai, il faut voir que la question de la critique du sionisme n’est pas une chose nouvelle, une invention originale ou exotique, mais qu’elle est née avec la création du mouvement sioniste, au sein de communautés juives qui ne voulaient pas être entraînées dans ce projet nationaliste. En Allemagne ou au Royaume-Uni, où le mouvement a été particulièrement fort, de 1880 à 1945, ces personnes s’exprimaient en tant qu’Allemands ou Britanniques, avec en plus une confession ou une identité juive. Mais nous ne sommes pas dans un projet national juif.

Pour l’appareil de propagande, c’est une hérésie totale, cela fait de nous de mauvais Juifs, ce qui est presque drôle parce que, par exemple, il existe un groupe de juifs très très religieux, les Naturei Karta (ultra-orthodoxes), qui pratiquent vraiment tout les prèceptes, et qui sont des militants antisionistes et pro-palestiniens. L’antisionisme peut être de toutes sortes : libéral, religieux, de gauche, révolutionnaire… mais il comporte une critique commune et il n’est pas nouveau.

Au-delà de la situation actuelle, vous dénoncez l’origine, la création de L’État d’Israël. Pourquoi ?

Je considère que nous ne sommes pas un peuple, au sens d’une nation. Nous sommes un groupe de personnes dans de nombreux pays, comme d’autres, tout comme il y a des protestants dans de nombreuses régions du monde, avec de nombreux courants, et cela ne signifie pas qu’ils vont demander un État, n’est-ce pas ? Nous aussi. Le judaïsme est une religion, mais pas seulement, car il existe de nombreux juifs laïques depuis plus de 200 ans, dont près de la moitié des juifs aujourd’hui. C’est une identité qui, certes, peut être religieuse mais aussi culturelle ou familiale. Et que chaque groupe humain juif vivant dans différents pays a ses propres caractéristiques et ses goûts, même du point de vue des rites religieux. Ce que font les juifs en Pologne et ceux au Maroc est très différent, ils n’ont pas grand-chose à voir les uns avec les autres, de la prière à la parole, en passant par les vêtements ?

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