La déclaration Balfour : étude de la duplicité britannique

dimanche 18 septembre 2022

La déclaration Balfour, publiée le 2 novembre 1917, est un court texte qui a changé le cours de l’histoire. Elle a engagé le gouvernement britannique à soutenir la création d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine, à condition que rien ne fût fait « pour porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine ».

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À cette époque, les juifs ne constituaient que 10 % de la population de la Palestine : 60 000 juifs pour un peu plus de 600 000 Arabes. Pourtant, la Grande-Bretagne a choisi de reconnaître le droit à l’autodétermination nationale de la minuscule minorité et de le refuser catégoriquement à la majorité incontestée. Comme le décrivait l’auteur juif Arthur Koestler, c’était là une nation qui promettait à une autre nation la terre d’une troisième nation.

Certains récits contemporains ont présenté la déclaration Balfour comme un geste désintéressé et même comme un noble projet chrétien visant à aider un peuple ancien à reconstituer sa vie nationale dans sa patrie ancestrale. Ces discours émanent du romantisme biblique de certains responsables britanniques et de leur sympathie pour le sort des juifs d’Europe de l’Est.

Les études qui ont suivi laissent entendre que la motivation principale de la publication de cette déclaration relevait d’un calcul froid servant les intérêts impériaux britanniques. On croyait, finalement à tort, que les intérêts de la Grande-Bretagne auraient été mieux servis par une alliance avec le mouvement sioniste en Palestine.

La Palestine contrôlait les lignes de communication de l’Empire britannique vers l’Extrême-Orient. La France, principal allié de la Grande-Bretagne dans la guerre contre l’Allemagne, était également un rival dans la course à l’influence en Palestine.

En vertu des accords secrets de Sykes-Picot de 1916, les deux pays ont divisé le Moyen-Orient en zones d’influence mais sont parvenus à un compromis au sujet d’une administration internationale de la Palestine. En aidant les sionistes à prendre le contrôle de la Palestine, les Britanniques espéraient s’assurer une présence dominante dans la région et exclure les Français. Pour décrire les Britanniques, les Français parlaient de la « perfide Albion ». La déclaration Balfour était un excellent exemple de cette sempiternelle perfidie.

Les principales victimes de la déclaration Balfour ne furent toutefois pas les Français, mais les Arabes de Palestine. La déclaration était un document colonial européen classique bricolé par un petit groupe d’hommes avec une mentalité complètement colonialiste. Elle a été formulée au mépris total des droits politiques de la majorité de la population indigène.

« Que le sionisme soit juste ou injuste, bon ou mauvais, il est enraciné dans des traditions séculaires, dans des besoins présents et des espoirs futurs d’une importance bien plus profonde que les désirs et préjugés des 700 000 Arabes qui habitent aujourd’hui cette vieille terre », a-t-il écrit en 1922. Il pourrait difficilement y avoir d’illustration plus frappante de ce qu’Edward Saïd appelait l’« épistémologie morale de l’impérialisme ».

Balfour n’était qu’un aristocrate anglais languissant. Le véritable moteur de la déclaration n’était pas Balfour, mais David Lloyd George, l’impétueux radical gallois qui était à la tête du gouvernement. En politique étrangère, Lloyd George était un impérialiste britannique démodé et un professionnel de l’accaparement de terres. Néanmoins, son soutien pour le sionisme ne reposait pas sur une évaluation judicieuse des intérêts britanniques, mais sur l’ignorance : il admirait les juifs, mais il les craignait également et il ne comprenait pas que les sionistes constituaient une minorité au sein d’une minorité.

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