La vague de juifs désabusés qui quittent Israël est loin d’être un fait nouveau

jeudi 19 janvier 2023

La nouvelle vague de départs d’Israël après les récentes élections s’inscrit dans une longue tradition de départs de colons juifs désabusés

Voir l’image ICI.Un homme consulte un panneau d’information sur les vols dans le terminal des départs de l’aéroport international Ben Gourion de Lod, près de Tel-Aviv (Israël), le 10 mars 2020 (Reuters)

En décembre, le journal israélien Maariv a évoqué un nouveau mouvement dont l’objectif est de faciliter l’émigration des juifs israéliens vers les États-Unis à la suite des récentes élections israéliennes, qui, selon eux, altèrent le rapport de l’État sioniste à la religion. 

Le groupe, qui se nomme « Quitter le pays – ensemble », prévoit de déplacer 10 000 juifs israéliens dans la première phase de son plan. Parmi les dirigeants du groupe figurent le militant israélien anti-Netanyahou Yaniv Gorelik et l’homme d’affaires israélo-américain Mordechai Kahana. 

Alors qu’il s’employait activement par le passé à amener des colons juifs en Israël, Kahana a tweeté : « Après avoir passé des années à faire entrer en Israël des juifs depuis des zones de guerre du Yémen, d’Afghanistan, de Syrie et d’Ukraine, j’ai décidé d’aider les Israéliens à faire leur alya aux États-Unis. » Il a également déclaré à la presse qu’il était « temps d’offrir au mouvement sioniste une alternative au cas où les choses en Israël continueraient d’empirer. »
« Avec un tel gouvernement en Israël, le gouvernement américain devrait laisser immigrer tous les Israéliens qui possèdent une entreprise ou qui exercent une profession recherchée aux États-Unis, comme les médecins et les pilotes », a déclaré l’homme d’affaires israélo-américain Mordechai Kahana (Wikipedia)
« Avec un tel gouvernement en Israël, le gouvernement américain devrait laisser immigrer tous les Israéliens qui possèdent une entreprise ou qui exercent une profession recherchée aux États-Unis, comme les médecins et les pilotes », a déclaré l’homme d’affaires israélo-américain Mordechai Kahana (Wikipedia)

« J’ai vu des gens dans des groupes WhatsApp parler d’Israéliens qui émigraient en Roumanie ou en Grèce, mais je pense personnellement qu’il sera beaucoup plus facile pour eux d’émigrer aux États-Unis », a ajouté Kahana.

« J’ai une gigantesque ferme dans le New Jersey et j’ai proposé à des Israéliens de me rejoindre pour transformer ma ferme en kibboutz […] Avec un tel gouvernement en Israël, le gouvernement américain devrait laisser immigrer tous les Israéliens qui possèdent une entreprise ou qui exercent une profession recherchée aux États-Unis, comme les médecins et les pilotes. »

Kahana n’est pas le premier homme d’affaires juif à posséder une immense ferme dans le New Jersey et à vouloir la transformer en colonie juive. 

Une colonisation juive aux États-Unis

Au cœur du mouvement migratoire juif massif de 1882 à 1914, lors duquel environ deux millions d’immigrés juifs russes sont arrivés aux États-Unis pour échapper à la pauvreté croissante et à la montée de l’antisémitisme, le baron Maurice de Hirsch, financier et philanthrope juif franco-allemand, a été le précurseur de ces efforts. Il a fondé la Jewish Colonization Association (JCA), constituée en société à Londres en 1891. 
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Son objectif était de financer des colonies agricoles juives pour les juifs russes en Russie et dans le monde entier, mais surtout en Amérique. La première colonie agricole de la JCA aux États-Unis a été la colonie Woodbine, fondée en 1891 dans le sud du New Jersey. 

En 1900, le baron de Hirsch a fondé la Jewish Agricultural Society, qui aidait à déplacer les colons juifs de la côte est des États-Unis vers l’intérieur des terres.

Ses activités ont duré jusqu’en 1972. En 1892, il a fondé la Woodbine Agricultural School afin de former les colons juifs aux méthodes agricoles et de les financer. La colonie Woodbine a prospéré dans les années 1920 et 1930. Après 1948, elle a accueilli des centaines de survivants de l’Holocauste en tant que nouveaux colons. 

En plus de la colonie agricole de la JCA dans le New Jersey, l’Organisation territoriale juive, une émanation de l’Organisation sioniste, créée en 1901, a contribué à financer le « plan Galveston » de colonisation juive de l’ouest des États-Unis via Galveston (Texas) en 1907. 

En 1914, 10 000 migrants juifs avaient ainsi pu être envoyés dans le Southwest américain. Aujourd’hui, Kahana semble intéressé par des projets similaires.

Le départ de colons juifs de Palestine n’est guère un phénomène nouveau et est en réalité aussi ancien que la colonisation juive sioniste du pays, qui a débuté dans les années 1880

En Israël, pays imprégné de l’idéologie religieuse et coloniale sioniste, l’émigration des juifs vers la Palestine en tant que colons est historiquement appelée alya, un terme positif signifiant « ascension » (vers le paradis ?). En revanche, le fait que les colons juifs rejettent cet effort de colonisation en émigrant vers l’Europe ou ses colonies blanches (principalement les États-Unis, le Canada et l’Australie, mais aussi l’Amérique du Sud) est qualifié de yerida, un terme péjoratif signifiant « descente » (du paradis ?). 

Certains sionistes affirment que ces termes ont des origines bibliques, bien que la version sioniste n’ait pas grand-chose à voir avec leur signification originelle. 

Il est instructif à cet égard que Kahana, qui régule le mouvement sioniste, qualifie l’émigration des juifs israéliens vers les États-Unis d’alya. « J’ai fait mon alya aux États-Unis en 1991 », explique-t-il. « J’ai augmenté mon niveau de vie et j’ai élevé mon niveau d’éducation et celui de mes enfants. » 

Le départ de colons juifs de Palestine n’est guère un phénomène nouveau et est en réalité aussi ancien que la colonisation juive sioniste du pays, qui a débuté dans les années 1880. 

Dissuader les candidats à l’émigration

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