Le bibliobus de Ramallah

dimanche 24 septembre 2017

Librairies, bibliothèques, refuges insolites… Les livres peuvent rendre magique n’importe quel lieu, pourvu que lecteurs, passeurs et passionnés s’y rencontrent.

Quand elle entre dans un village ou un camp de réfugiés palestinien, cette drôle de camionnette bariolée est presque toujours accueillie par un éclat de joie. « Les enfants l’attendent avec impatience », explique Shadi Daoud, coordinateur du projet. « Pour eux, ce bus à livres est une échappatoire, une porte vers l’imaginaire auquel ils n’ont pas accès chez eux ou à l’école. »

JPEG - 145.5 ko Photo : © Saad Zabadi
Le bibliobus est sans doute le projet le plus emblématique du centre culturel franco-allemand de Ramallah (Cisjordanie). À la fois bibliothèque ambulante, espace d’activités éducatives pour les 10-15 ans et vitrine de ce centre culturel à l’extérieur de ses locaux de Ramallah, la capitale de l’Autorité palestinienne, il existe depuis 2011 et roule quasiment douze mois par an. En Cisjordanie pendant l’année scolaire, et dans la bande de Gaza pendant l’été.

« Si les enfants ne peuvent pas venir aux livres, les livres viennent à eux » : telle est l’intention de ce projet que quelques autres instituts français ont aussi mis en place à travers le monde, comme en Allemagne et au Liban. « Mais cela semble particulièrement pertinent dans les Territoires palestiniens, où l’occupation israélienne rend les déplacements difficiles, surtout pour les plus jeunes », précise Adèle Spieser, codirectrice de ce centre culturel. En conséquence, l’essentiel des livres jeunesse de l’institut (en arabe, français et allemand) ne se trouve pas dans sa médiathèque soignée de Ramallah, mais dans cette fourgonnette vouée à sillonner le pays.

Davantage que les romans, les livres documentaires illustrés sont les plus plébiscités par les jeunes emprunteurs habitués du bibliobus. « Les enfants découvrent en images les volcans, l’espace ou la biologie, et cela les change de leurs manuels scolaires sans couleurs ni dessins », explique Shadi Daoud.

Même si les organisateurs ont à cœur de faire du passage de ce bus un moment de plaisir pour les jeunes, le projet s’inscrit bien dans le cadre scolaire : 14 écoles de Cisjordanie sont partenaires du bibliobus et en reçoivent la visite une à deux fois par mois. À chaque fois, le partenariat s’est mis en place sous l’impulsion d’enseignants de français ou d’allemand (les langues étrangères les plus enseignées dans ce pays après l’anglais). À Gaza, l’été, le bus ne fait pas escale dans des écoles mais dans des centres culturels.

Parmi les deux animateurs présents à bord, au moins un est francophone ou germanophone. Des activités éducatives liées aux langues étrangères sont ainsi proposées aux élèves autour du bibliobus, par le biais du livre mais aussi de l’audiovisuel… Car l’étonnant véhicule s’est vu équiper récemment d’un cinéma mobile : de quoi parachever l’« évasion » de ces jeunes amateurs de culture.

source : Mélinée Le Priol, La Croix par AFPS

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