Le poète palestinien Mahmoud Darwich à l’honneur dans les transports en communs de San Francisco

mercredi 6 avril 2016

Le Projet de soutien à la Palestine (Palestine Advocacy Project) fait venir à San Francisco l’œuvre du poète national palestinien Mahmoud Darwich, dans une série d’affiches à bord des bus et des trains de la SFMTA (San Francisco Municipal Transportation Agency), l’agence municipale de transport de San Francisco. La sélection inclut des extraits de l’épopée « Etat de siège », ainsi que des œuvres plus courtes, mais non moins puissantes, comme « Le poème de la Terre » et « Un amoureux de la Palestine ».

« Darwich capture les émotions duales du mal du pays et de l’espoir qui ont défini les dernières décennies de l’art populaire palestinien », dit Clare Maxwell, membre du conseil du Projet de soutien à la Palestine, « je pense que beaucoup de gens de la Baie [de San Francisco] le comprendront ».

Né en 1941 dans la Palestine sous mandat britannique, Darwich a survécu à une enfance marquée par la guerre, l’exil et le chaos politique. Ces expériences lui ont inspiré une œuvre centrée sur l’idée fragile d’une patrie palestinienne. Darwich est aujourd’hui considéré comme un des plus grands poètes arabes du vingtième siècle à cause de son talent pour mêler les thèmes politiques aux styles traditionnels.

Des extraits de sept des poèmes les plus appréciés de Darwich seront accessibles aux voyageurs des métros et bus municipaux pendant tout le mois de mars. Les affiches présentent des photographies originales de la vie quotidienne en Cisjordanie, à Jérusalem et dans la bande de Gaza.
SAN FRANCISCO, CALIFORNIE - 1 MARS, 2016
source : AURDIP - Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine - http://www.aurdip.fr/

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[*Voir deux poèmes :*]

Mahmoud Darwich : A ma mère

J’ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère...
Et l’enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J’aurais honte des larmes de ma mère !

Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe...
Et je serai, peut-être, un dieu,

Peut-être un dieu,
Si j’effleurais ton coeur !
Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J’ai vieilli. Ramène les étoiles de l’enfance
Et je partagerai avec les petits des oiseaux,
Le chemin du retour...
Au nid de ton attente !

Mahmoud DARWICH

Pense aux autres
Quand tu prépares ton petit-déjeuner, pense aux autres.
(N’oublie pas le grain aux colombes.)

Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres.
(N’oublie pas ceux qui réclament la paix.)

Quand tu règles la facture d’eau, pense aux autres.
(Qui tètent les nuages.)

Quand tu rentres à la maison, ta maison, pense aux autres.
(N’oublie pas le peuple des tentes.)

Quand tu comptes les étoiles pour dormir, pense aux autres.
(Certains n´ont pas le loisir de rêver.)

Quand tu te libères par la métonymie, pense aux autres.
(Qui ont perdu le droit à la parole.)

Quand tu penses aux autres lointains, pense à toi.
(Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir ?)
Mahmoud Darwich
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