"Le sang des enfants sur les mains des responsables israéliens", par Gideon Levy

vendredi 7 juin 2019

Gideon Levy, journaliste israélien revient dans le journal Haaretz sur le cas de la petite Aisha de Gaza, morte seule récemment dans un hôpital, à l’âge de 5 ans, pour dire son écœurement non seulement face à l’inhumanité des responsables israéliens, mais aussi face à l’obscénité de leurs mensonges quand ils prétendent que c’est la famille d’Aisha qui n’a pas souhaité l’accompagner !

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"Administrateurs Israéliens, les Mains Tachées du Sang des Enfants

Les membres du COGAT (Coordination des Activités du Gouvernement dans les Territoires) n’ont pas d’enfants. De même pour ceux du service de sécurité - Shin Bet. Des parents ne pourraient jamais faire ce que ceux-ci infligent aux enfants de Gaza et à leurs parents. Les membres du COGAT et du Shin Bet ont du sang sur les mains, le sang des jeunes enfants. Le poète a déjà formulé la vengeance.

Ils ne tirent pas sur les enfants, ils ne les exécutent pas, mais ce qu’ils font et qui provoque parfois leur mort, et toujours leur agonie, on ne peut jamais leur pardonner. Comment pouvez-vous dormir la nuit, Messieurs Dames du COGAT et du Shin Bet ? Réfléchissez-vous parfois sur ce que vous faites aux enfants malades de Gaza ? Imaginez-vous ce qui arriverait si on faisait ça à vos jeunes enfants ? Leur avez-vous déjà parlé de votre travail ? Eh bien, je vais le faire.

Vous avez provoqué la mort solitaire, d’une fillette gazaouie de cinq ans, sans ses parents, sans proches, sans amis à ses côtés durant ses derniers jours. Aisha al-Loulou souffrait d’une tumeur au cerveau : On l’a envoyée de Gaza vers un hôpital de Jérusalem-Est, avec un inconnu, pour y subir une opération chirurgicale et une chimiothérapie compliquées – qu’on ne peut faire dans la bande de Gaza, qui est sous blocus. Personne de sa famille, y compris sa grand-mère âgée, n’a pu être auprès d’elle. La bureaucratie établie par l’occupant l’en a empêchée. On a expédié la fillette aux portes de la mort et on l’a renvoyée dans le coma, enveloppée dans un drap jusqu’à sa mort. Les médecins qui l’ont soignée, ont affirmé que sa solitude a contribué à son dépérissement.

Toutefois, cet incident n’a pas suffi aux administrateurs de l’occupation. Au lieu d’exprimer du remords, le porte-parole du COGAT, lâche, à l’esprit étroit, a fait une déclaration aussi venimeuse que les événements qui ont précédé celle-ci : Il s’est vanté d’avoir permis à la fillette de quitter Gaza – preuve de pitié et de compassion – et a décliné toute responsabilité, prétendant honteusement, lâchement que « les parents avaient signé une déclaration selon laquelle ils ne voulaient pas partir de Gaza avec leur fille ».

Ainsi, ils ajoutent à leur crime, cette immonde diffamation : les parents n’ont pas voulu accompagner leur fille à Gaza. C’est comme cela que son les parents à Gaza. Ils n’aiment pas leurs enfants et ils ne veulent pas être à leurs côtés quand ils sont mourants. Wissam et Muna qui ont couru d’un docteur à l’autre à Gaza, qui sont devenus fous à l’idée de se séparer de leur enfant malade et de l’envoyer se faire opérer seule dans un pays hostile, "N’ont pas voulu partir".

Les parents d’Aïsha ont fait tout ce que des parents enfermés dans une cage pouvaient faire pour sauver leur fille et pour l’accompagner à l’hôpital de Jérusalem-Est qui, soit dit en passant, est sous occupation. Mais l’administration israélienne a fait savoir au père qu’il faudrait au moins 3 semaines pour scruter ses "antécédents" et lui donner éventuellement une permission de sortie. Quant à la mère, pas question pour elle de sortir , car elle "n’était pas recensée sur les registres de la population israélienne". Et toutes les demandes des grand-mères, tantes, oncles plus âgés, ont été rejetées. Les parents ont donc été obligés de signer ce document qu’on leur a dicté, afin que leur fille puisse bénéficier d’une intervention chirurgicale.

L’association israélienne des Médecins pour les Droits de l’Homme a, en ce moment même, 4 autres cas d’enfants palestiniens malades pour lesquels l’administration israélienne ne veut pas laisser leurs parents les accompagner.
* A., mère d’un garçon de 6 ans, attend depuis 2 mois une autorisation de l’accompagner se faire soigner en Jordanie.
* Une enfnat de 4 ans attend depuis près d’un an que sa grand-mère soit autorisée à l’accompagner pour subir une intervention chirurgicale à Jérusalem-Est.
* Un autre enfant de 3 ans, qui a avalé de l’acide, attend pour être opérée à Naplouse et a déjà manqué un premier rendez-vous.
* Quant à une autre mère d’un enfant de 4 ans de Gaza souffrant de leucémie, et qui subit une chimiothérapie à Naplouse sans ses parents depuis 43 jours, elle vient d’essuyer un nouveau refus de rejoindre son enfant !

Leur sang crie vengeance !
Gideon Levy

(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)
Source : Haaretz