Les Palestiniens se rendent aux urnes

samedi 13 mai 2017

Les Palestiniens ont commencé à voter samedi matin en Cisjordanie occupée pour renouveler leurs conseils municipaux. Ce scrutin est à nouveau marqué par les divisions palestiniennes, la bande de Gaza en est exclue.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 dans une centaine d’écoles à travers la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par l’armée israélienne. Ils fermeront à 19h00 et le dépouillement commencera directement.

Dona Kafri s’est rendue dès l’ouverture dans son bureau de vote du quartier cossu d’al-Tireh à Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne. « Il était temps que nous puissions décider dans notre ville et notre pays », a déclaré cette électrice. Les dernières élections en Cisjordanie, également des municipales, datent de 2012.

Un million d’électeurs
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La dernière présidentielle remonte, elle, à 2005. Le mandat du président Mahmoud Abbas, qui s’est achevé en 2009, court toujours, faute de consensus avec le mouvement islamiste Hamas, grand rival de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Depuis 2007, le Hamas contrôle la bande de Gaza et l’Autorité palestinienne dirige la Cisjordanie. Rami Nazal, employé de l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA), a voté dans une école du quartier d’Aïn Mesbah, à flanc d’une des nombreuses collines qui vallonent Ramallah.

« Il est important que chacun apporte sa voix », mais il faudra aussi que les élus « assument la responsabilité qui leur est donnée », estime-t-il. Au total, plus d’un million d’électeurs sont inscrits en Cisjordanie. Mais « environ 70% d’entre eux sont appelés aux urnes » samedi, selon Hicham Kheil, en charge de la Commission électorale qui a organisé et supervise ce scrutin.

Dans 180 circonscriptions, majoritairement des villages, les habitants ont en effet décidé par consensus qu’une seule liste se présenterait et les résultats sont donc déjà connus.

Pas de scrutin à Gaza

Dans la bande de Gaza, en revanche, pas de scrutin. A l’issue d’un long feuilleton judiciaire, la Haute cour de justice palestinienne a refusé que le scrutin, initialement prévu dans les deux territoires pour la première fois depuis 2006, ne s’y tienne. La non-participation de la bande de Gaza, avec ses deux millions d’habitants, scelle un nouvel échec des efforts de réconciliation, alors que des élections nationales aurait pu délivrer le message d’une unité entre Palestiniens. (ats/nxp)

source : la Tribune de Genève


[*Notre article du 28 février 2017*]

Dernières Infos
Le gouvernement palestinien maintient les municipales uniquement en Cisjordanie

Le gouvernement palestinien a décidé mardi de maintenir les municipales le 13 mai, mais uniquement en Cisjordanie occupée où il siège, repoussant l’échéance à Gaza, contrôlé depuis 10 ans par son rival islamiste du Hamas.

Des organisations de la société civile avaient tenté une médiation pour parvenir à tenir pour la première fois depuis 2006 un scrutin à la fois en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Ces efforts ont une nouvelle fois échoué et le gouvernement a décidé mardi "le maintien des élections municipales en Cisjordanie le 13 mai et un report dans la bande de Gaza", a indiqué à l’AFP Tareq Rechmaoui, porte-parole du gouvernement, sans toutefois donner de date.

"C’est le refus du Hamas de participer à ces élections qui entérine la division", a dit M. Rechmaoui.
Le Hamas a dénoncé une décision renforçant la "division" et "servant les intérêts politiques du Fateh".

L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, reconnue internationalement et censée préfigurer un Etat palestinien indépendant, siège à Ramallah en Cisjordanie, occupée depuis un demi-siècle par l’armée israélienne.

Le Hamas, considéré comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, contrôle la bande de Gaza depuis qu’il en a évincé le mouvement Fateh de M. Abbas par la force en 2007 après avoir été privé de sa victoire aux législatives de 2006.

En 2016, un processus avait été lancé pour des municipales simultanément en Cisjordanie et à Gaza, séparées géographiquement par le territoire israélien et politiquement par des années de querelles entre Fatah et Hamas. Mais il avait capoté en raison des divisions persistantes et les élections avaient été reportées.
En 2012, le Hamas avait boycotté les municipales qui ne s’étaient finalement déroulées qu’en Cisjordanie.

L’incapacité des mouvements palestiniens à surmonter leurs dissensions passe pour un obstacle majeur à un règlement du conflit israélo-palestinien, vieux de près de 70 ans. Toutes les tentatives de réconciliation ayant fait long feu, des municipales organisées concomitamment dans les deux territoires auraient pu délivrer le message d’une convergence palestinienne.

source : AFP - 28/02/2017


[*notre article du 3 février 2017*]
Le gouvernement palestinien a fixé mardi au 13 mai la tenue des élections municipales, suspendues à l’automne, a indiqué à l’AFP un ministre, assurant qu’elles auraient lieu en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, tenues par des directions rivales.

Aucune élection n’a été organisée en même temps dans les deux territoires palestiniens depuis 2006, et ce dernier rendez-vous électoral avait été finalement suspendu. La justice à Ramallah avait estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour un scrutin à Gaza, tenue par le Hamas islamiste, à couteaux tirés avec l’Autorité palestinienne qui siège à Ramallah.

Mardi, peu après que Hussein al-Aaraj, ministre des Collectivités locales, a annoncé à l’AFP que les municipales "se tiendront le 13 mai en Cisjordanie et dans la bande de Gaza", le Hamas a dénoncé une décision "invalide" renforçant la "division" et "servant les intérêts politiques du Fatah", le parti du président Mahmoud Abbas.

Le Hamas avait, selon les observateurs, pris de court l’Autorité palestinienne en acceptant les élections à l’automne après avoir boycotté les précédentes. Le mouvement avait ensuite vivement dénoncé la suspension du scrutin et refuse aujourd’hui son report.

La Cisjordanie et la bande de Gaza sont séparées géographiquement par le territoire israélien et politiquement par des années de querelles entre l’Autorité palestinienne et le Hamas.

L’Autorité, reconnue internationalement, siège en Cisjordanie occupée par l’armée israélienne. Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l’Union européenne, gouverne sans partage sur Gaza depuis qu’il en a évincé l’Autorité par la force en 2007 après avoir été privé de sa victoire aux législatives de 2006.
L’Orient le Jour avec AFP, mercredi 1er février 2017


[*notre article du 2 octobre 2016*]
Territoires palestiniens : les élections municipales auront lieu seulement en Cisjordanie
Ces élections, dont la date n’est pas fixée, étaient pourtant censées être les premières depuis 2006 organisées conjointement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

La bande de Gaza sera finalement privée d’élections municipales. Ainsi en a décidé la Cour suprême palestinienne, qui a annoncé, lundi 3 octobre, que le scrutin se tiendra uniquement en Cisjordanie.

Ces élections, dont la date n’est pas fixée, étaient pourtant censées être les premières depuis 2006 organisées conjointement en Cisjordanie, dirigée par l’Autorité palestinienne, et dans la bande de Gaza, gérée par le Hamas.

Le président de la Cour suprême, instance relevant de l’Autorité, a ainsi ordonné la reprise du processus électoral, suspendu en septembre en raison des dissensions politiques.

Une décision « discriminatoire »

Mais il a estimé, dans le même temps, que les tribunaux de la bande de Gaza n’apportaient « pas les garanties » nécessaires au bon fonctionnement des élections. Cette décision illustre une nouvelle fois les dissensions politiques entre l’Autorité palestinienne et le Hamas.

Ce dernier a dénoncé dans la foulée une décision « politique ». « La décision de la Cour suprême sur les élections est discriminatoire et entérine la division », a regretté le mouvement dans un communiqué. L’organisation islamiste avait pourtant annoncé en août qu’elle ne présenterait pas de liste à son nom. D’abord prévu le 8 octobre, le scrutin avait été une première fois reporté par la justice. Aucune nouvelle date n’a pour le moment été fixée.

Le Monde avec AFP, lundi 3 octobre 2016


[*Notre article du 10 septembre 2016*]
À Ramallah, la Haute Cour vient de se prononcer contre la tenue du scrutin municipal. Elle traduit les atermoiements politiques du Hamas et du Fatah, alors que toute la gauche palestinienne s’est rassemblée au sein d’un Mouvement démocratique. Israël se réjouit d’une telle décision.
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La Haute Cour palestinienne a décidé du report des élections municipales qui devaient se tenir le 8 octobre prochain en Cisjordanie et à Gaza - Photo Reuters

La Haute Cour palestinienne vient de se prononcer contre la tenue des élections municipales, prévues le 8 octobre. La raison invoquée : un différend sur les listes électorales et l’impossibilité de les organiser à Jérusalem-Est, annexée par Israël. « Les élections ne peuvent avoir lieu à Jérusalem, ni dans ses faubourgs. Il y a par ailleurs des problèmes avec la composition des listes à Gaza (...). Par conséquent, la Cour décide que les élections n’auront pas lieu », a déclaré son président. Cette entité judiciaire a été saisie par un avocat, Nael Al Houh. Un tribunal contrôlé par le Hamas a ainsi annulé cinq listes du Fatah dans le secteur de Khan Younès (au sud de la bande de Gaza) « parce qu’elles enfreignaient la loi électorale et ne remplissaient pas les conditions nécessaires », a dit une source judiciaire gazaouie, sans que l’on en sache plus. Nael Al Houh a vu dans de telles décisions la preuve d’un système parallèle inacceptable, selon lui. « Il n’y a qu’une seule loi et une seule autorité judiciaire en Palestine, pas deux. »

Le Fatah et le Hamas restent à couteaux tirés

Cette décision, qui devrait être confirmée le 21 septembre, n’est pas totalement étonnante mais pourrait avoir de lourdes conséquences politiques. D’abord, parce que les deux raisons invoquées ne sont pas de même nature. Lorsque les élections locales ont été convoquées, les responsables palestiniens savaient pertinemment qu’Israël, qui estime que Jérusalem est « sa capitale une et indivisible », ne permettrait pas la tenue d’un scrutin. La Haute Cour ne peut donc retenir aujourd’hui un tel argument, même si on ne peut se satisfaire du diktat israélien qui se traduit de plus par une judaïsation de la ville et l’expulsion des Palestiniens. La seconde raison est évidemment plus grave mais tend à montrer que, tant du côté du Hamas que de celui du Fatah, les positions politiques ont changé, ces dernières semaines. Les municipales prévues le 8 octobre étaient censées être le premier scrutin depuis 2006 à se tenir à la fois en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Depuis 2007, l’Autorité palestinienne, entité intérimaire créée en 1994, préfigurant l’appareil d’un futur État indépendant, n’exerce plus son pouvoir, à partir de Ramallah, que sur la Cisjordanie. Le Fatah et le Hamas restent à couteaux tirés, en dépit des efforts de réconciliation et de la formation, en 2014, d’un gouvernement d’union qui a périclité. Le Parlement ne siège plus. Le mandat d’Abbas a expiré en 2009, mais court toujours, faute de présidentielle. En 2012, des municipales avaient été organisées dans plusieurs villes de Cisjordanie, mais le Hamas les avait interdites à Gaza.

Les Palestiniens souhaitent pouvoir voter
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Tant le Fatah que le Hamas avaient compris que les Palestiniens sont las de leurs querelles et désireux de s’exprimer. Certains sondages officieux donnaient d’ailleurs la formation d’Abbas victorieuse à Gaza, alors que les islamistes auraient pu l’emporter en Cisjordanie. Les deux voyant d’un mauvais œil la constitution d’un Mouvement démocratique, englobant pour la première fois toute la gauche palestinienne (les communistes du PPP, le FPLP, le FDLP, le Fida et l’initiative nationale de Mustafa Barghouti), et appelé à jouer un rôle de plus en plus important, y compris au sein de l’OLP. Une chose est certaine, cette décision réjouit Israël, qui n’a qu’une crainte : l’unité des Palestiniens.
Pierre Barbancey - grand reporter
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[**notre article du 29 août 2016*]
Les Palestiniens ont commencé mardi à enregistrer leurs listes pour les municipales prévues le 8 octobre, premières élections depuis 2012 dans les Territoires en proie aux divisions, a indiqué le chef de la commission électorale.

Les listes ont jusqu’au 25 août pour s’enregistrer en vue de ce scrutin à la proportionnelle, a précisé Hana Nasser devant la presse à Ramallah, en Cisjordanie, territoire occupé depuis près de 50 ans par Israël.

Le 8 octobre, 1.951.203 électeurs seront appelés à choisir les membres des conseils municipaux de 416 villes et villages en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les deux territoires séparés géographiquement par Israël et politiquement par les dissensions profondes entre l’Autorité palestinienne siégeant à Ramallah et le Hamas islamiste aux commandes à Gaza.

Le Hamas a accepté cette année la tenue d’élections après avoir boycotté celles de 2012.

Le ministère des Collectivités locales a récemment estimé le coût des élections à huit millions de dollars.

Ces municipales seront les troisièmes depuis la création en 1993 de l’Autorité palestinienne, entité intérimaire qui devait s’effacer devant un Etat palestinien qui se fait toujours attendre. L’Autorité présidée par Mahmoud Abbas est à couteaux tirés avec le Hamas qui refuse de la laisser assumer le pouvoir dans la bande de Gaza.
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Dans ce contexte, le Hamas n’a pas encore annoncé s’il présenterait des listes sous sa bannière ou s’il soutiendrait des candidats réunis sur des listes différentes. Le Fatah, parti laïque du président Abbas, a annoncé qu’il présenterait ses propres listes, tout en se réservant de participer à des listes d’union avec d’autres formations.

De leur côté, cinq partis de gauche, dont les deux principaux, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), ont annoncé mardi avoir formé une coalition pour présenter des listes unies.

"Le but est de dire qu’il est possible de former une troisième force pour briser le système bipolaire" représenté par le Fatah et le Hamas, a expliqué à l’AFP Issam Abou Bakr, l’un des cadres de cette "Alliance démocratique".
source : L’Orient le Jour avec AFP, 17 août

[**et aussi : sur le site A l’encontre*]

Palestine. « L’Alliance démocratique », une troisième option pour les élections d’octobre ?

JPEG - 140.6 ko Khalida Jarrar – accompagnée par Ayman Odeh, porte-parole de la Liste unifiée palestinienne à la Knesset – à la sortie de 15 mois passés dans une prison israélienne.

Dans Le Monde du 19 août 2016, Nicolas Ropert écrivait : « La dernière confrontation électorale entre le Fatah et le Hamas avait tourné à l’affrontement après la victoire du mouvement islamiste aux législatives de 2006. Dix ans après, les deux frères ennemis palestiniens se défieront de nouveau dans les urnes. Après l’annonce surprise de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne et secrétaire général du Fatah, d’organiser des élections municipales en octobre, le Hamas a fait savoir mi-juillet qu’il y participerait et que le vote se déroulerait aussi dans la bande de Gaza, qu’il contrôle. »

Le journaliste souligne, ensuite, les polémiques entre le Fatah et le Hamas. Puis continue ainsi : « Le Hamas n’a rien à perdre dans cette élection, au contraire du Fatah, qui va utiliser tous les moyens pour éviter une défaite », analyse Amjad Shihab, professeur de sciences politiques et chercheur palestinien. L’universitaire souligne le ras-le-bol croissant parmi les dirigeants au pouvoir en Cisjordanie et note qu’une opposition interne au sein du Fatah est en train de s’organiser autour de la personnalité controversée de Mohammed Dahlan, l’ancien chef des services de sécurité de Gaza, exilé aux Emirats arabes unis. Les observateurs notent aussi la présence de listes communes de la gauche palestinienne. Cantonnée à de faibles pourcentages quand elle concourt en ordre dispersé, la gauche unie pourrait grignoter de précieuses voix au Fatah. » Nous publions (traduction) ci-dessous, à propos de la présentation de ces « listes communes », un article de Haggai Matar. Nous exposerons d’autres opinions à ce sujet. (Rédaction A l’Encontre)

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Cinq partis de gauche palestiniens dans les Territoires occupés ont annoncé qu’ils s’associaient pour former une liste commune en vue des prochaines élections municipales. Ces élections devraient se tenir le 8 octobre dans plus de 300 municipalités, conseils de village et conseils régionaux en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Ces partis, dont la liste portera le nom de « Alliance démocratique, n’ont pas exclu qu’il puisse s’agir d’un premier pas dans la formation d’alliances du même genre à une échelle nationale.

Les responsables des cinq partis souhaitent que ce bloc de gauche puisse devenir une alternative au Fatah et au Hamas. Il donnera priorité à l’unité de la lutte des Palestiniens contre l’occupation et à la justice sociale, en particulier à l’égalité entre hommes et femmes – l’Alliance s’est engagée à assurer qu’au moins 30% de ses représentants seront des femmes – ainsi qu’à combattre la corruption.

La plateforme de l’Alliance comprend également l’accès total à l’électricité, à l’eau, aux services sociaux, à l’infrastructure, à l’éclairage et aux parcs publics gratuits. Selon certains membres du parti, l’Alliance s’est inspirée de la création de la Liste conjointe lors des dernières élections à la Knesset. (Voir à ce sujet les deux articles publiés sur ce site en date du 9 mars 2015)

Le bloc de gauche compte sur les électeurs indécis

Si ces élections se tiennent effectivement, elles seront les premières élections municipales qui auront pu se tenir dans les Territoires occupés. Les élections de janvier 2006 n’ont pas été menées à bien complètement et celles de 2012 n’ont eu lieu qu’en Cisjordanie, puisqu’elles ont été boycottées par le Hamas à Gaza. Ce sera également le premier épisode électoral à se tenir conjointement en Cisjordanie et à Gaza depuis une décennie, soit depuis la victoire du Hamas lors des élections générales de 2006, de son accession au pouvoir à Gaza et de la division qui s’est ensuite creusée entre les deux partis. La participation du Hamas aux prochaines élections et le fait qu’elles se tiennent en même temps à Gaza et en Cisjordanie sont vus comme un signe positif en vue de combler le fossé.

Même s’ils s’étaient présentés séparément, chacun des partis de gauche auraient participé à ces élections générales et auraient obtenu, ensemble, un peu moins de 10% du soutien électoral. Le dernier sondage, effectué par le centre de recherche palestinien Khalil Shikaki, a montré que si les élections générales étaient tenues aujourd’hui, le Fatah gagnerait avec 34% des voix, devant le Hamas avec 31% et les partis de gauche (séparément) 9%, alors qu’environ 26% des électeurs resteraient indécis. Dans un entretien le site hébreu Local Call, l’homologue de +972, les membres de l’alliance de gauche assurent qu’ils prévoient un soutien significatif de la part des électeurs indécis qui souhaitent envoyer un message contre la division et en faveur d’une troisième voie.

La nouvelle « Alliance démocratique » est composée du Front populaire de libération de la Palestine (c’est le parti le plus important de l’alliance), du Front démocratique pour la libération de la Palestine, de l’Initiative nationale palestinienne (créée récemment et focalisée sur la lutte contre la corruption et le soutien aux luttes nationales contre le mur), du Parti du peuple palestinien (un minuscule parti communiste allié au Parti communiste israélien), et de l’Union démocratique (FIDA, qui s’est séparée du Front démocratique au début des années 1990). Ces partis seront rejoints par des militants politiques indépendants qui s’identifient avec la plateforme de l’Alliance.

« Dans notre société il y a un grand besoin d’une alliance démocratique de gauche qui offre une alternative à d’autres forces politiques et défende un programme d’égalité entre les hommes et les femmes », explique Khalida Jarrar, une membre du Conseil législatif palestinien pour le Front populaire de libération de la Palestine.

Khalida Jarrar a récemment été libérée d’une prison israélienne après un peu plus de 14 mois de détention pour des activités politiques telles que la participation à des manifestations, des prises de parole lors de conférences, des assemblées avec des familles de prisonniers, etc. Avant son emprisonnement elle était bien connue pour sa défense des droits des femmes et des prisonniers palestiniens et pour ses critiques de la coordination des services de sécurité entre Israël et l’Authorité palestinienne. Elle explique : « Pour certaines d’entre nous, c’est à l’Université que nous avons pu établir une alliance (…) Celle-ci est clairement un nouveau pas dans cette direction et c’est peut-être le début de quelque chose d’encore plus large qui pourrait s’étendre à l’échelle nationale. Pour le moment, nous nous concentrons sur le niveau local, car là aussi nous devons procurer à nos citoyens des services libérés de la corruption, faire en sorte que le gouvernement soit plus accessible et fournir des services prioritairement aux pauvres, tout en protégeant les terres des confiscations et les résidents de l’Area C de l’occupation [l’Aera C réunit 60% de la Cisjordanie et Israël contrôle effectivement ces territoires, malgré quelques transferts apparents de tâches (éducation, santé), de fait soumis aux forces d’occupation]. Cette coalition est un pas important vers un équilibre politique normal au sein de notre société et je suis très optimiste quant à son avenir. »

Mustafa Barghouti ajoute : « Nous pensons qu’une grande partie de la population cherche une troisième voie face schisme entre le Fatah et le Hamas ». Il est membre du conseil législatif, fondateur et dirigeant de l’Initiative nationale palestinienne. « Nous cheminons dans les traces de la liste conjointe des Palestiniens de 1948, nous voulons suivre leur modèle réussi et fournir au Fatah et au Hamas un exemple de comment on peut atteindre l’unité. »

« De manière générale, ces élections sont très importantes, et leur existence même pose les fondations pour combler le fossé entre la Cisjordanie et Gaza, ce qui pourrait, nous l’espérons, conduire à des élections nationales et présidentielles (…) Encore plus important, cela rendra au peuple le droit, longtemps perdu, de voter et d’influencer ceux qui le dirigent. Le tournant est prometteur et redonne une nouvelle énergie aux partis politiques, ce qui est déjà un bon résultat. »

Des élus mis en détention

Outre l’optimisme qu’ils affichent, les candidats soulignent l’importance de l’influence israélienne pendant la période précédant les votations. De récentes nouvelles font état des efforts de l’Administration civile pour encourager des commerçants et autres personnes ayant de bonnes relations avec Israël de se présenter aux élections et d’encourager les échanges en vue de cordonner les services de sécurité israéliens et ceux de l’Autorité palestinienne, sans compter les récentes arrestations de militants politiques et de candidats du Hamas et d’autres groupes.

Arif Jafal, un analyste politique et dirigeant de Al Marsad – une ONG palestinienne indépendante à Ramallah qui supervise les élections et soutient la démocratie – explique à Local Call : « Une des principales questions que va soulever cette élection est celle de savoir avec qui Israël travaille et comment voter contre eux (…) Toute coopération de ce type affaiblit le Fatah et renforce ceux qui se présentent contre ce parti. Lors des précédentes élections nationales, Israël a été plus utile au Hamas que la campagne électorale de ce dernier. »

Arif Jafal a indiqué que les élections pourraient entraîner un glissement des rapports de forces au niveau des autorités locales. Outre les régions clairement identifiées avec l’un des partis, il y a des villes où l’Alliance démocratique pourrait devenir une présence majeure (en particulier à Bethléem, Ramallah et Tulkarem), ainsi que des régions où le Fatah ou le Hamas seront obligés de former des coalitions avec d’autres groupes pour gérer le gouvernement local. « Dans des élections locales, outre le Fatah, le Hamas, et maintenant l’Alliance démocratique, il existe également des listes familiales qui se présentent de manière indépendante. Le Fatah ou le Hamas devront coopérer avec la nouvelle alliance de gauche ou avec des listes de familles afin de pouvoir contrôler les conseils. »

Dans le contexte des élections en Cisjordanie et à Gaza, le débat public palestinien s’est récemment focalisé sur le manque d’élections à Jérusalem Est, alors qu’elle est censée devenir la capitale de l’Etat palestinien. Dans un article publié dans le quotidien Al-Quds, Mustafa Barghouti a appelé toutes les listes – celles de l’Alliance comme celles du Fatah et du Hamas – d’essayer d’organiser des élections dans Jérusalem Est en créant une seule liste, exclusivement pour cette ville. « Il s’agit d’un message pour créer, par des moyens non-violents, un état de fait face à la forte pression israélienne », explique Barghouti lors d’un entretien.

Il est peu vraisemblable que l’Alliance démocratique devienne une force majeure au cours de ces prochaines élections. Mais si la tenue des élections aboutit et que l’Alliance puisse se maintenir – en s’établissant comme troisième parti qui puisse faire contrepoids et contrôler le Fatah et le Hamas à l’échelle locale et nationale – et si Israël ne supprime pas la liste (comme il le fait depuis des années avec des militants politiques et des membres du Conseil législatif) – ce sera une excellente nouvelle. Si tout se déroule bien et si la Liste conjointe devient effectivement, comme le disent certains activistes, une source d’inspiration pour les partis de gauche, alors il semble que la gauche palestinienne pourra aussi remercier le Ministre israélien des affaires étrangères Avigdor Lieberman pour avoir élevé le quorum des élections à la Knesset, obligeant les partis arabes d’Israël à s’unir [allusion à la Liste unifiée qui obtenu 10,54% des suffrages et 13 sièges lors des élections de mars 2015].
(Article de Par Haggai Matar publié le 15 août 2016 ; traduction A l’Encontre)

et aussi
Palestine : l’ONU se félicite des préparatifs pour les prochaines élections municipales

NEW YORK (Nations Unies), 24 août (Xinhua) — Le coordonnateur spécial adjoint des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Piper, s’est félicité mercredi des efforts menés en Palestine pour les prochaines élections municipales prévues le 8 octobre 2016.

Dans une déclaration de presse, M. Piper s’est dit "encouragé par les efforts de la Commission électorale centrale et le dévouement de son personnel dans la préparation de cette élection importante qui doit se dérouler à travers l’Etat de Palestine", précisant que cela sera le premier scrutin se déroulant simultanément en Cisjordanie occupée et à Gaza depuis 2006.

Le coordonnateur spécial adjoint a rencontré mercredi le président de la Commission électorale centrale, Dr. Hanna Nasir, pour discuter des derniers préparatifs pour ces élections.

Il a salué la signature du code de conduite électoral par les différents partis politiques palestiniens le mois dernier et a encouragé toutes les parties concernées à y adhérer.

Selon lui, l’organisation des élections locales en conformité avec les normes internationales établies peut contribuer à faire avancer la réconciliation palestinienne fondée sur les principes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
source : http://fr.cctv.com

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