Les dessins de Mohammad Sabaaneh à la 8e édition du festival international du dessin de presse

mercredi 2 octobre 2019

Mohammad Sabaaneh n’a pas pu sortir de son pays, les israéliens l’en ont empêché.
Mais nous étions là, ses dessins étaient là, nos pensées étaient avec lui, son talent a été salué.
JPEG - 3 Mo
Ses photos sont à découvrir ici :
JPEG - 571.8 ko
JPEG - 123.4 ko
JPEG - 103.7 ko
JPEG - 93.9 ko
JPEG - 116.5 ko
JPEG - 84.5 ko
JPEG - 138.9 ko
JPEG - 105.5 ko
JPEG - 86.4 ko
JPEG - 100.7 ko
JPEG - 81.1 ko
JPEG - 94.9 ko


Des dates à noter : la 8e édition du festival international du dessin de presse, du 23 au 29 septembre à l’Estaque (Marseille 13016)

JPEG - 111.3 ko

Le dessinateur palestinien Mohammed Sabanneh sera présent au Festival.

Nous y serons samedi après midi et dimanche toute la journée, nous y tiendrons un stand de produits palestiniens et de brochures, nous répondrons à vos questions et nous vous y retrouverons avec plaisir


Palestine. Mohammad Sabaaneh, un caricaturiste qui dérange

Venu de Cisjordanie, le troisième lauréat du prix de la BD arabe en 2013 est à Paris, où il présente son travail dans le cadre de l’exposition « la Palestine en dessins » à l’espace Niemeyer. Itinéraire d’un dessinateur qui fut emprisonné pendant trois mois par Israël il y a cinq ans.

JPEG - 121 ko

Un visage encore doux d’enfant à l’approche de ses 40 ans, le visage cerclé par des lunettes, on donnerait, comme on dit, le bon dieu sans confession à Mohammad Sabaaneh, l’un des rares caricaturistes de presse palestinien. Selon son décompte, ils seraient trois en Cisjordanie et trois à Gaza même si, évidemment, on en compte plus en Jordanie et en Europe. Mohammad serait-il tombé dans la potion magique de la caricature étant petit ? Certainement, puisque, au Koweït, où il est né, sa mère déjà lui montrait les dessins de Naji Al Ali et son personnage, Handala, un gamin le dos toujours tourné, les mains croisées dans le dos, comme un élève dissipé qu’on met au coin.

La Palestine en dessins avec de nombreux artistes

Handala, qui a disparu un mauvais jour de 1987 avec son créateur, assassiné vraisemblablement par le Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, à Londres. « Pour ma mère, nous montrer les dessins de Naji Al Ali était un outil, une façon de nous parler de la Palestine, le pays de nos ancêtres », raconte Mohammad Sabaaneh devant l’un de ses dessins qu’il présente dans le cadre de l’exposition « la Palestine en dessins » (organisé par Plateforme Palestine jusqu’au 5 décembre à l’espace Niemeyer, 2, place du Colonel-Fabien à Paris) avec de nombreux artistes arabes et européens. C’est une femme qu’on devine palestinienne avec, dans son ventre, des êtres enchaînés, des morceaux de mur, des barrières de check-point, des égorgements. Et, à l’extérieur, un bonhomme sur une barque, frêle esquif, en train de ramer. Image de la Palestine ? Pas seulement. « Bien sûr, on peut y voir le sort des Palestiniens, explique l’artiste. Mais, en réalité, cela ne s’applique-t-il pas au monde d’aujourd’hui ? Le mur que Trump dresse contre les migrants, les millions de réfugiés, la guerre en Syrie, celle au Yémen… »

On ne sait s’il faut parler de vocation. Toujours est-il qu’âgé d’à peine 6 ans le petit Mohammad remporte déjà un prix pour un dessin évoquant la Palestine. Une addiction dont il ne se séparera jamais. À l’université, il étudie l’architecture d’intérieur mais le démon est toujours là et, en 2001, dans la grande ville palestinienne de Naplouse où il est étudiant, il affiche ses dessins pour une exposition totalement originale. « En fait, je m’y suis vraiment mis dès le premier jour de l’Intifada, explique-t-il, en référence au soulèvement palestinien qui a éclaté fin septembre 2000. Il fallait que j’exprime ce qui se passait en Palestine à ce moment-là. » Internet n’a pas encore inondé les esprits et l’influence de Naji Al Ali se fait encore sentir, notamment à travers le dessin en noir et blanc. « Quand j’ai eu accès à la Toile, j’ai pu regarder ce que faisaient les caricaturistes dans le monde, souligne Mohammad Sabaaneh. Ce qui m’a permis d’affiner et d’affirmer mon style, par l’utilisation de l’ordinateur et de la couleur. »

« Tout est lié à l’occupation et il fallait parler de ça »

À l’instar de Naji Al Ali, il donne naissance à un personnage, Abou Fayeq, pour parler de la situation politique mais aussi de la réalité palestinienne. Un personnage qu’il abandonne en 2013 « parce que la situation politique était plus importante. On nous faisait croire que nous vivions dans un État, en Cisjordanie, mais c’était faux. Tout est lié à l’occupation et il fallait parler de ça. À cause de la guerre entre le Fatah et le Hamas on a perdu notre temps, on s’est épuisé. »

Troisième lauréat du prix de la BD arabe en 2013, Mohammad Sabaaneh publie des dessins de presse dans plusieurs journaux arabes comme Al-Hayat al-Jadida ou Al-Ghad. Il est l’auteur de l’ouvrage Blanc et Noir : dessins animés politiques de la Palestine et anime également des ateliers de dessin pour enfants. Le dessin et plus encore la caricature sont une arme redoutable. En 2013, de retour de Jordanie, il est arrêté par l’armée israélienne et passe trois mois en prison. L’interrogatoire qu’il subit montre que ses images déplaisent à l’occupant, qui le lui fait payer. Mohammad Sabaaneh doit malheureusement aussi affronter une censure larvée de la part des journaux auxquels il collabore. Les dessins évoquant l’Arabie saoudite, la situation économique ou la corruption en Palestine sont régulièrement écartés. « Mais dans ma tête je garde toute ma liberté », proclame-t-il fièrement.

Source : l’Humanité, Pierre Barbancey


Notre article du 27 décembre 2017
[*le dessinateur Mohammad Sabaaneh invité d’honneur du Festival International du Dessin de Presse, de la Caricature et de la Satire de l’Estaque (Marseille)
*]

Mohammad Sabaaneh est venu au stand de la Palestine. Merci aux bénévoles du festival de nous avoir permis une belle rencontre, merci à Mohammad pour son engagement et sa générosité.
JPEG - 93 ko

Une autre vedette de la fête était Salah Hamouri, emprisonné sans jugement en Israël. Nous avons sensibilisé les marseillais et les visiteurs du festival sur sa situation, nous avons fait signer des cartes et des pétitions.

JPEG - 78.4 ko Marie Christine Vergnat, député européen en train de signer la pétition pour Salah Hamouri

JPEG - 97.3 ko Le représentant local du journal Fakir, a lui aussi signé la lettre au président de la république

JPEG - 69.5 ko Et aussi des anonymes, qui ont signé des centaines de pétitions, conscient du rôle des citoyens dans le combat pour la libération de Salah Hamouri

JPEG - 76.3 ko les cartes et pétitions ont été envoyées ce jour au président de la république

Continuons à écrire :
* au Président de la République
* à Salah Hamouri pour lui signifier notre soutien total
JPEG - 100.4 ko


Ler Festival International du Dessin de Presse, de la Caricature et de la Satire de l’Estaque est placé sous le signe de « l’Expression en Liberté » et les valeurs de Paix. Le caricaturiste palestinien Mohammad Sabaaneh y sera présent, mis à l’honneur parmi les 50 autres dessinateurs invités
Merci aux organisateurs qui ont durement bataillé pour que Mohammad Sabaaneh obtienne un visa pour participer à cette manifestation.

A partir du Mardi 19 septembre à 10h - Ouverture de l’Exposition de Mohammad Sabaaneh au Centre Social de l’Estaque et du Bassin de Séon -1 rue Jean-Jacques Vernazza - L’Estaque (ouvert de 9h à 17h, tout les jours sauf samedi et dimanche)
JPEG - 6 ko

Vendredi 22 septembre à partir de 10h Rencontre des étudiants avec Mohammad Sabaaneh au Lycée Saint-Exupéry
JPEG - 74.1 ko
Samedi 23 et dimanche 24 septembre le Festival continue avec un programme particulièrement riche et passionnant. Palestine 13 sera présent, au côté des autres associations de soutien à la Palestine, avec un stand de 9h à 19h sur le boulevard de la Caricature ( promenade de l’Estaque - Plage, devant les restaurants).

le programme complet du Festival

PDF - 1.6 Mo

notre article du 19 mai 2017
Pour le dessinateur d’animations Mohammad Sabaaneh, les mots comptent.

« La plupart des gens parle de ‘conflit palestinien et israélien’ » dit-il. « Ce n’est pas exact. Ce n’est pas un conflit. C’est une occupation. »

Le nouveau livre de Sabaaneh s’intitule « Blanc et Noir : dessins animés politiques de la Palestine ». Le titre est en partie une référence à l’occupation par les Israéliens des terres des Palestiniens.

« Ce qu’il se passe ici, c’est une occupation », dit Sabaaneh. « Quand vous faites face à une occupation, vous devez mettre fin à l’occupation. C’est noir et blanc. Il n’y a pas de zone intermédiaire entre noir et blanc ».

JPEG - 105.8 ko Crédit : Mohammad Sabaaneh © 2017, avec la permission de Just World Pupblishing LLC

Son nouveau livre est un appel aux peuples du monde pour comprendre comment l’occupation israélienne limite et diminue la vie quotidienne des Palestiniens.

Prenez les check-points de sécurité et le mur israélien en Cisjordanie.

« Vous ne pouvez pas imaginer que si vous voulez allez de chez vous à la maison de votre famille, vous pouvez mettre sept heures pour rejoindre votre maison familiale, alors qu’il ne faut qu’une heure » dit Sabaaneh.

JPEG - 43.9 ko Crédit : Mohammad Sabaaneh © 2017, avec la permission de Just World Pupblishing LLC.

Le mur israélien en Cisjordanie est plus qu’une simple frontière pour l’État israélien. Il porte atteinte à la capacité des Palestiniens de vivre une vie normale, comme de rendre visite à sa famille, d’aller à l’université ou, dans le cas de Sabaaneh, d’obtenir un visa pour aller aux États-Unis afin d’y faire une tournée de promotion pour son livre. Il lui faut aller à Amman, en Jordanie, pour un rendez-vous afin d’obtenir un visa, parce qu’il ne peut pas aller à Jérusalem.

« Toutes ces décisions politiques ont un impact négatif sur la vie des Palestiniens » dit-il. « Et c’est ce que je veux exprimer avec ce livre ».

Dans les dessins d’animation de Sabaaneh, les Palestiniens vivent leur vie dans des espaces réduits. Où ils sont les uns sur les autres. Chacun étant pris par ses affaires. Et les soldats israéliens regardent.

JPEG - 94 ko Crédit : Mohammad Sabaaneh © 2017, avec la permission de Just World Pupblishing LLC.

En 2013, les autorités israéliennes ont arrêté Sabaaneh, l’accusant d’être lié à un groupe terroriste. Il a été détenu dans une prison israélienne pendant cinq mois avant d’être acquitté et libéré. Il a passé deux semaines de sa détention en isolement cellulaire. L’expérience a changé Sabaaneh et elle a changé aussi sa façon de dépeindre les prisonniers palestiniens dans ses dessins d’animation.

« La plupart des dessinateurs d’animation et artistes dans le monde arabe veulent montrer les martyrs palestiniens et les prisonniers comme des héros, comme des supermans » dit-il. « Ce n’est pas une chose que j’ai ressentie quand j’étais en prison ».

Sabaaneh dit qu’en prison, tout ce qu’il voulait c’était de se sentir à nouveau un homme. Il avait envie de choses ordinaires, comme de voir son épouse et sa fille, de rendre visite à ses amis et de faire son travail d’artiste. « Je ne me suis pas senti comme un superman à l’intérieur de la prison ».

JPEG - 89.3 ko Crédit : Mohammad Sabaaneh © 2017, avec la permission de Just World Pupblishing LLC.

Sabaaneh dit avoir maintenu son esprit actif durant son isolement, il s’est imaginé comme un journaliste chargé de découvrir à quoi ressemble la vie des prisonniers palestiniens. Il a pris mentalement des notes, il a réussi à escamoter un bout de papier et un crayon durant un interrogatoire, et il a dressé une liste des dessins d’animation qu’il ferait une fois sorti.

Et une fois libéré, il a dessiné ces animations. Beaucoup se trouvent dans son nouveau livre.

Sabaaneh pense que c’est à cause de ses dessins animés qu’il a été arrêté. Il dit que le gouvernement israélien réagit durement contre les Palestiniens qui se servent de l’art pour s’opposer à leur occupation.

« Même il y a deux mois, alors que je rentrais d’Amman en Jordanie, ils m’ont bloqué pendant environ cinq heures parce qu’ils avaient vu mon carnet de croquis » dit-il. « Et ils n’arrêtaient pas de demander, ‘Pourquoi dessinez-vous ces bandes dessinées ? Pourquoi dessinez-vous le soldat israélien ?’C’est quelque chose de ridicule de bloquer quelqu’un simplement à cause de son art ».

JPEG - 51.6 ko Crédit : Mohammad Sabaaneh © 2017, avec la permission de Just World Pupblishing LLC.

Quant à l’avenir, Sabaaneh dit que les Palestiniens veulent simplement vivre.

« Ce n’est pas qu’un processus politique » dit-il. « Je veux que les gens sachent que les Palestiniens n’exigent pas seulement leur État parce qu’ils veulent y lever leur drapeau, et avoir leurs ambassadeurs et ambassades à travers le monde. Ce qu’ils veulent, c’est vivre comme des êtres humains. C’est tout ! »

Carol Hills – 8 mai 2017 – WGBH - Source : News.wgbh
Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine