Les médias occidentaux sont devenus des supporteurs de la guerre en Ukraine

vendredi 11 mars 2022

Jonathan Cook Mercredi 9 mars 2022 - 14:42

Les journalistes s’extasient devant l’armement de milices ou des civils qui fabriquent des explosifs improvisés, des actes qu’ils considèrent généralement comme du terrorisme

JPEG - 287.6 ko « Il est difficile de se rappeler, dans toute cette effervescence médiatique autour de l’Ukraine, que cette couverture bienveillante va à l’encontre des conventions journalistiques » - Jonathan Cook (Illustration : MEE)

Il est tout simplement étonnant de voir autant de journalistes occidentaux, y compris des reporters de la BBC en temps normal prudents, s’extasier sans retenue devant des jeunes femmes qui fabriquent des cocktails Molotov dans les rues de villes ukrainiennes comme Kyiv.

Du jour au lendemain, fabriquer des explosifs improvisés est devenu « sexy », du moins, si les médias vous considèrent comme des individus blancs, européens et « civilisés ».

Cela pourrait surprendre d’autres mouvements de résistance mieux établis, notamment au Moyen-Orient, qui se sont invariablement retrouvés catalogués comme « terroristes » pour avoir fait à peu près la même chose.

La difficulté des journalistes occidentaux à contenir leur identification et leur soutien à la « résistance » civile ukrainienne doit rendre fous les Palestiniens de la minuscule bande de Gaza, par exemple, qui sont enfermés dans une cage métallique par une armée d’occupation israélienne depuis des décennies.

Les Palestiniens de Gaza fabriquent leurs propres cocktails Molotov. Mais comme ils ne peuvent pas s’approcher de l’armée israélienne, ils doivent les mettre dans des ballons gonflables qui dérivent au-dessus de la barrière d’acier entourant Gaza et passent en Israël, mettant parfois le feu à des champs.

Personne à la BBC n’a célébré ces « ballons incendiaires » comme un petit acte de résistance. Par réflexe, ils ont été imputés au groupe au pouvoir à Gaza, le Hamas, dont la branche politique a récemment été désignée comme une organisation terroriste par le gouvernement britannique.

Contrairement à l’Ukraine, Gaza n’a pas d’armée

Les Palestiniens de Gaza subissent également depuis quinze ans un blocus commercial imposé par Israël, conçu pour les soumettre à un « régime de famine ».

On voit régulièrement des manifestants, dont des femmes, des enfants et des personnes en fauteuil roulant, jeter une pierre en direction de snipers israéliens cachés derrière des fortifications, une manière symbolique de réclamer leur liberté. En réponse, ces manifestants sont souvent abattus par l’armée israélienne.

Les médias occidentaux s’émeuvent parfois des vies perdues ou des jambes amputées parmi les cibles des snipers. Mais aucun d’entre eux n’acclame cette « résistance » palestinienne au même titre que la résistance ukrainienne. Le plus souvent, les manifestants sont traités comme des pigeons du Hamas ou des fauteurs de trouble de cette organisation.
VIDÉO : La couverture médiatique occidentale des réfugiés ukrainiens « civilisés » critiquée
Et contrairement aux combattants ukrainiens, les combattants palestiniens ne sont pas armés par l’Occident.

Le journal The Guardian avait même censuré son caricaturiste Steve Bell lorsqu’il a voulu représenter l’une des victimes des snipers israéliens, Razan al-Najjar, une infirmière qui avait tenté de venir en aide à des blessés.

Le journal avait laissé entendre que la caricature – sur laquelle la Première ministre britannique de l’époque Theresa May accueillait son homologue israélien Benyamin Netanyahou à Londres avec Razan al-Najjar en victime sacrificielle derrière eux dans la cheminée – était antisémite.

Alors que les médias se sont par le passé montrés réticents à encourager les citoyens ordinaires à affronter des soldats bien armés – afin d’éviter des pertes civiles –, pourquoi a-t-on soudainement jeté cette politique à la poubelle en Ukraine ?

Ce principe de deux poids, deux mesures est flagrant et omniprésent. Il est impossible de prétendre que les journalistes qui font cela ignorent les conventions journalistiques en vigueur ailleurs. Ce sont pour la plupart des vétérans des zones de guerre du Moyen-Orient, habitués à couvrir Gaza, Bagdad, Naplouse, Alep ou encore Tripoli.

La Grande-Bretagne et les autres États européens ont choisi de jeter de l’huile sur le feu de la résistance ukrainienne en lui envoyant des armes qui ne peuvent qu’entraîner de plus grandes pertes humaines, notamment parmi les civils pris entre deux feux

La Grande-Bretagne et les autres États européens ont choisi de jeter de l’huile sur le feu de la résistance ukrainienne en lui envoyant des armes qui ne peuvent qu’entraîner de plus grandes pertes humaines, notamment parmi les civils pris entre deux feux. On aurait pu s’attendre à ce que les médias britanniques examinent les répercussions éthiques d’une telle politique, ainsi que son hypocrisie. Mais il n’en est rien.

En réalité, loin de se contenter de faire pression pour que davantage d’armes soient envoyées à l’armée ukrainienne, une grande partie des médias britanniques rallient également un soutien en faveur d’une implication accrue des civils britanniques dans les combats.

Et ce, même après que le 10 Downing Street s’est désolidarisé des propos de Liz Truss, la secrétaire d’État aux Affaires étrangères, qui a soutenu que les Britanniques devaient être encouragés à se porter volontaires pour intégrer les « légions internationales » de l’Ukraine afin de défendre l’Europe.

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