Lettre ouverte à Joe Biden

mercredi 16 juin 2021

680 personnalités du monde entier appellent Joe Biden à honorer ses engagements et à protéger les droits des Palestiniens

14 juin 2021 – Dans une lettre ouverte à Joe Biden rendue publique aujourd’hui, 680 personnalités et organisations de 75 pays – dont des parlementaires, diplomates, universitaires, dignitaires religieux ou représentants de la société civile – mettent au défi le président américain d’honorer son engagement de placer « les droits humains au centre de la politique étrangère des États-Unis », en prenant des mesures pour protéger les droits des Palestiniens.
L’appel est publié au lendemain de la formation d’un nouveau gouvernement en Israël et de la clôture du sommet du G7, au cours duquel les dirigeants des pays les plus industrialisés se sont engagés à « utiliser le pouvoir de la démocratie, de la liberté, de l’égalité, de l’État de droit et du respect des droits humains pour répondre aux plus grandes questions et relever les plus grands défis. »

Les signataires appellent Joe Biden à « s’attaquer aux causes sous-jacentes de la violence que les administrations successives ont négligées », notamment en :
• aidant à « mettre fin à la domination et à l’oppression institutionnalisées par Israël du peuple palestinien » ;
• veillant à « s’assurer que les autorités israéliennes qui violent les droits des Palestiniens rendent des comptes » ;
• exerçant « une pression diplomatique concertée pour aider à mettre fin aux discriminations croissantes et à l’oppression systématique » du peuple palestinien ;
• mettant fin à la politique américaine de « statu quo politique sans justice ni responsabilité ».

Les 680 signataires représentent l’une des coalitions les plus vastes et les plus diverses jamais réunies sur la question de la paix au Proche-Orient (liste complète signataires, par pays et par catégorie, disponible ici).
On y trouve notamment :
• Des organisations palestiniennes telles que Al-Haq et le Réseau des organisations non gouvernementales palestiniennes (un réseau de 120 organisations palestiniennes).
• Des dirigeants israéliens tels que le professeur Michael Ben-Yair, ancien procureur général d’Israël et juge par intérim à la Cour suprême, Alon Liel, ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères et Avraham Burg, ancien président de la Knesset.
• Des dirigeants mondiaux tels que Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et ancienne haut-commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies, les anciens secrétaires généraux adjoints de l’ONU jan Egeland et Jean-Marie Guéhenno ;
• Des militants de renommée internationale tels que les Sud-Africains Kumi Naïdoo, Ela Gandhi et Zwelivelile Mandela, la Soudanaise Alaa Salah Ali Taha, l’universitaire américain Noam Chomsky ou le chanteur et producteur biritannique Peter Gabriel.
• Des organisations de la société civile, notamment les organisations juives américaines IfNotNow et Jewish Voice for Peace Action, ainsi que les ONG internationales Amnesty International USA, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Christian Aid, Médecins du Monde, la Plateforme Palestine.
• En France, 76 personnalités ont signé l’appel, dont 13 parlementaires de droite, de gauche et du centre, l’universitaire Bertrand Badie et les journalistes Alain Gresh et Dominique Vidal.

Citations
Mary Robinson, présidente des Elders, ancienne présidente de l’Irlande et ancienne haut-commissaire des Nations unies aux droits humains :
“ Le poids et la diversité des noms figurant sur cette lettre témoignent d’un changement significatif dans le discours sur cette question : un changement qui reconnaît que les droits humains doivent être au cœur de toute action en faveur de la paix.
“ Le choix qui s’offre maintenant au président Biden est de s’opposer à ce changement ou au contraire ne tirer profit pour contribuer à l’instauration d’une paix historique dans la région.”

Sandra Tamari, directrice générale de l’organisation de défense des Palestiniens Adalah Justice Project :
“ De plus en plus de personnes reconnaissent qu’une paix durable ne sera pas possible tant que le gouvernement israélien ne mettra pas fin à sa domination et à son oppression institutionnalisée du peuple palestinien et ne commencera pas à être tenu pour responsable de toutes les violations du droit international. Et cela ne se produira pas sans le leadership des États-Unis. Il est maintenant temps pour
Joe Biden de montrer ce leadership.”

Morriah Kaplan, porte-parole nationale du groupe de campagne juif américain IfNotNow :
“ Nous sommes fiers d’ajouter notre voix à cette lettre aux côtés d’anciens présidents, de lauréats du prix Nobel et d’éminents experts et dirigeants de 75 pays du monde entier. Ce qui nous unit tous, c’est la croyance en la paix, la justice et les droits humains.
“ Le président Biden dit adhérer lui aussi à ces valeurs. Le moment est venu pour lui de rester fidèle à ces valeurs et de saisir l’opportunité de progrès qui se présente à lui, sachant qu’il a une base progressiste derrière lui.”

Lettre ouverte à Joe Biden

Monsieur le Président,
Nous soussignés, membres d’une coalition mondiale de la société civile, de chefs d’entreprise, d’artistes, de responsables religieux et politiques, de lauréats du prix Nobel, appelons les dirigeants américains à agir pour aider à mettre fin à la domination et à l’oppression institutionnalisées par Israël du peuple palestinien et à protéger ses droits humains fondamentaux. Une paix durable et juste – pour tous les peuples – restera insaisissable si la politique américaine s’en tient à un statu quo politique sans justice ni responsabilité.
Votre administration s’est engagée dans une politique étrangère « centrée sur la défense de la démocratie et la protection des droits humains ». Vous avez déclaré récemment : « Je crois que les Palestiniens et les Israéliens ont le même droit à vivre en sécurité et à bénéficier de mesures égales de liberté, de prospérité et de justice. » Pour les Palestiniens, le fossé entre ces déclarations et la vie au quotidien ne saurait être plus béant.
Même après un cessez-le-feu formel, la violence exercée contre les Palestiniens par la police israélienne et les colons se poursuit. La dépossession forcée de Palestiniens à travers la Cisjordanie occupée, notamment pour les familles vivant dans les quartiers Sheikh Jarrah et Silwan à Jérusalem-Est, ainsi que
les actions violentes des forces israéliennes contre des manifestants pacifiques et des fidèles à la mosquée Al-Aqsa, ne sont que les dernières illustrations d’un système de gouvernance séparé et inégal.
Ces politiques défont le tissu social de communautés et sapent toute avancée vers un avenir démocratique, juste et pacifique. La logique qui les anime a conduit au déplacement récent de 72 000 Palestiniens à Gaza, déjà affecté par une crise humanitaire causée par 14 ans de blocus.
A l’avenir, les États-Unis devront s’attaquer aux causes sous-jacentes de la violence que les administrations successives ont négligées. Votre administration doit exercer une pression diplomatique concertée pour aider à mettre fin aux discriminations et à l’oppression systématiques, sans cesse croissantes, et pour s’assurer que les autorités israéliennes qui violent les droits des Palestiniens rendent des comptes.
Seule la mise en œuvre déterminée d’une politique étrangère centrée sur les droits pourrait signaler aux dirigeants israéliens que les violations du droit international ne resteront plus sans réponse. Monsieur le Président, le moment est venu d’établir une nouvelle norme pour la politique étrangère américaine, qui garantisse la justice et ouvre la voie à une paix durable.
Liste des 680 signataires disponible ICI