Munther Amira, libéré, témoigne de ses six mois d’incarcération dans les geôles sionistes

samedi 23 juin 2018

Munther Amira, responsable du Popular Struggle Coordination Committee - PSCC (Comité de coordination de la lutte populaire), a été arrêté par les forces d’occupation à Bethléem le 27 décembre 2017 alors qu’il manifestait contre l’incarcération des enfants palestiniens, et notamment celui de la jeune Ahed Tamimi. Il est sorti de prison le 6 juin 2018, après 6 mois de détention, et a écrit cette lettre pour remercier tous ses soutiens.
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"Mes chers amis,
Je voudrais commencer mon message en remerciant chaque femme, chaque homme, chaque organisation, chaque syndicat et chaque groupe pour votre formidable soutien et votre solidarité. Mon emprisonnement n’est qu’un petit événement dans la série des violations des droits de l’homme perpétrées depuis longtemps par l’occupation. Depuis le début de l’occupation il y a 70 ans, les violations des droits de l’homme n’ont jamais cessé. Elles changent juste de forme, du meurtre de sang froid, aux blessures ou à l’emprisonnement.

Elles comprennent la confiscation des terres, les démolitions de maisons, le blocage des routes, le siège, l’exil, les châtiments individuels et collectifs, qui contribuent tous à un système de nettoyage ethnique. Tout cela détruit des vies humaines, prive de liberté, efface la dignité, met fin à la vie, tue l’espoir et vole les enfances.

Mon court, mais dur et humiliant, emprisonnement de six mois d’emprisonnement m’a dynamisé et a renforcé mes convictions. Dès le début je savais que l’approche de la non-violence que j’ai adoptée pour défendre les droits humains, la dignité et la liberté des Palestiniens serait difficile. C’est toujours vrai et cela a été confirmé par la violence de la réponse de l’occupation israélienne à ma résistance non violente et à celle de bien d’autres militants. Votre solidarité et votre soutien rendent plus facile pour moi et d’autres personnes comme moi de mener ce combat quotidien.

Ce soutien renforcera le mouvement de non-violence en Palestine dans cette entreprise à long terme. J’espère qu’il continuera et grandira en taille et en formes.

Pendant mon emprisonnement, j’ai rencontré des camarades qui passent 36, 30, 28 ou 26 ans dans des prisons politiques israéliennes. Toute une vie de prison est leur destin sur cette terre. Chacun d’eux a sa propre histoire déchirante et incroyablement forte. Je les ai écoutés parler de leurs rêves, de leurs sentiments et de leurs espoirs de liberté. J’ai appris de leur enthousiasme et j’ai été stupéfait par leur énergie positive et permanente. Ils ont une discipline incroyable et veulent apprendre et s’enseigner les uns aux autres. En prison, j’ai assisté à des conférences sur l’environnement durable dans le monde, les sciences sociales, les droits de l’homme et les lois humanitaires internationales. Ce n’était pas - et ce n’est toujours pas - facile pour moi de saisir la source de leur espoir, leur énergie et leur capacité à penser à des choses comme l’économie et l’environnement, tout en vivant dans une cellule de 9 mètres carrés.

Je les ai vus toucher la vitre qui les séparait de leurs mères lors des visites mensuelles, en imaginant qu’ils pouvaient vraiment les sentir.

J’admire leur esprit et j’espère qu’un jour, tôt ou tard, ils se réveilleront à l’extérieur, à côté de leurs proches. En tant que défenseur des droits de l’homme, militant, travailleur social, père et, surtout, en tant qu’humain, moi et beaucoup d’autres en Palestine et ailleurs continuerons notre combat pacifique pour la justice, la dignité, la liberté et un avenir meilleur.

Enfin, je tiens à vous remercier à nouveau et à exprimer ma gratitude pour tout votre immense soutien pendant mon séjour dans les tribunaux bidons d’Israël, qui ne respectent pas les normes fondamentales d’un procès équitable et de la procédure réglementaire.

Ces tribunaux militaires sont conçus pour criminaliser le rejet palestinien de l’occupation et punir les Palestiniens pour exiger leurs droits humains et nationaux fondamentaux. Ils sont une courroie de transmissions de convictions et d’injustice qui poursuivent entre 500 et 700 enfants palestiniens chaque année, avec un taux de condamnation proche de 100 pour cent.

Je voudrais remercier tous ceux qui ont manifesté dans les rues et ceux qui ont été punis pour cela. Merci aux 15.000 personnes qui ont signé la pétition pour ma libération. J’aimerais pouvoir les remercier tous un par un. Merci à tous les défenseurs des droits de l’homme, aux syndicats, aux ONG des droits de l’homme, aux ONG locales, aux journalistes, aux blogueurs, aux individus et aux groupes.

Enfin et surtout, je voudrais remercier ma famille qui m’a soutenu dans cette entreprise dangereuse dès le premier jour.

Munther Amira
Camp de réfugiés d’Aida
Territoires palestiniens occupés"

Source : Facebook Munther Amira
Traduction : Dounia
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notre article du 31 mars 2018
Munther Amira est un travailleur social et un militant des droits de l’homme palestinien. Munther a auparavant exercé la fonction de Secrétaire-Général du Syndicat Palestinien des Travailleurs Sociaux et des Psychologues (SPTSP).

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Munther a été arrêté le 27 décembre en Cisjordanie occupée par les Forces Israéliennes tandis qu’il manifestait pacifiquement pour défendre les droits des enfants et des jeunes palestiniens, tels qu’ahmed Tamimi, actuellement détenus dans les prisons militaires israéliennes.

L’histoire ici - www.frontlinedefenders.org/en/case/ongoing-crackdown-palestinian-human-rights-defenders-1

Gunther souffre d’hypertension artérielle et est actuellement détenu, dans de mauvaises conditions, à la prison d’ Ofer, située en Cisjordanie. Sa comparution devant le tribunal aura lieu le mardi 9 janvier 2018.

Les travailleurs sociaux sont des défenseurs des droits de l’homme, ils défendent la paix, les droits de l’homme et la justice sociale. Munther Amira défendait les valeurs et les principes fondamentaux du travail social. ll menait sa manifestation de façon pacifique et non-violente et n’aurait pas dû être arrêté pour son droit démocratique fondamental à parler librement et à faire campagne sur les questions de droits de l’homme.

Déclaration de la Fédération Internationale des Travailleurs Sociaux - Commission des Droits de l’Homme - http://ifsw.org/news/release-social-worker-munther-amira-immediately-statement-by-ifsw-human-rights-commission/

Nous, Travailleurs Sociaux et militants des Droits de l’Homme du monde entier, exigeons la libération inconditionnelle de notre collègue Munther Amira.

signer la pétition

Cette pétition sera remise à :

Premier ministre d’Israël Benyamin Netanyahou
Israeli Minister of Public Security Mr. Gilad Erdan
UN Special Rapporteur on the situation of human rights defenders Mr. Michel Forst