Opéra de Moneim Adwan au Festival d’Aix

samedi 6 février 2016

Moneim Adwan - "Kalîla wa Dimna" - Opéra en arabe et français
Création mondiale au Festival d’Aix en Provence

[*Les 1, 10 et 17 juillet à 17h00 / Les 2, 6, 8, 12 et 16 juillet à 20h00*]

Au Théâtre du jeu de Paume 17 - 21, rue de l’Opéra - Aix-en-Provence
(Parking Carnot, situé à 10 mn à pied du théâtre).
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[**Nous y étions le 1er juillet
un seul mot, c’est MAGNIFIQUE*]
nous avions pris les places les moins chères (30 euros), nous avons vécu une première sans aucune fausse note...
les musiciens et chanteurs sont magnifiques, la mise en scène est originale
le chœur est éblouissant :

Si vous tuez un poète,
Il renaitra en mille chansons
Liberté !

Si vous brûlez un vignoble,
des fleurs y pousseront en abondance
Liberté

Si vous inondez un cierge de ténèbres,
le soleil continuera sde se lever tous les jours
Liberté !

Si vous volez l’essence des paroles,
les chansons continueront à nourrir nos veillées
Liberté !

[**réserver :*]
http://festival-aix.com/fr/evenement/kalila-wa-dimna
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Né à Rafah dans la bande de Gaza, Moneim Adwan apprend la cantillation coranique (le tajwîd) et chante depuis son enfance le répertoire populaire et classique arabe. Il s’intéresse au ‘ûd et part pour l’Université de Tripoli (Libye) où il travaille avec les professeurs Fateh El-Ramiz (chant) et Abdallah Sebaï (‘ûd). S’inscrivant dans une tradition très ancienne, à la fois savante et populaire, Moneim Adwan compose à partir de poèmes d’auteurs arabes et palestiniens classiques et contemporains. Ses compositions tendent à garder cette tradition vivante dans un monde qui oscille entre modernisme et traditions ancestrales. Sa voix chaude, puissante mais aussi tendre est le plus beau des instruments pour porter un message d’humanité, d’amour et de tolérance.

JPEG - 69.4 ko Dès 1994, il participe à différents événements organisés par le Ministère de l’éducation du nouveau gouvernement palestinien. Il poursuit depuis une carrière internationale sur de nombreuses scènes européennes et méditerranéennes. Il s’est produit à plusieurs reprises avec Bernard Foccroulle, en duo orgue et ‘ûd, avec Françoise Atlan pour une rencontre entre la musique juive et celle de Palestine, avec Jean-Marc Aymes (Concerto Soave) dans un projet l’ayant mené aux quatre coins de l’Europe, avec Emmanuel Pahud et Aurélien Pascal au festival Musique à l’Emperi et avec Erik Truffaz à l’Olympia à Paris. Il a donné fin 2012 et en 2013 une série de concerts en hommage au Printemps arabe en Jordanie, Syrie et Egypte, et s’est produit à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 2014. Il donne aussi de nombreux concerts depuis 2013 en compagnie de Sophie Vander Eyden (luth) et Clare Wilkinson (voix) dans un projet appelé Divine Madness mêlant ses compositions à de la musique baroque. Ce projet a fait l’objet d’une parution discographique. Le dernier enregistrement de Moneim Adwan, Jasmin, regroupe ses compositions sur les poèmes de Mahmoud Darwich et est repris dans de nombreux concerts.

En résidence au Festival d’Aix-en-Provence depuis 2009, il y a donné de nombreux concerts et fondé le chœur amateur multiculturel Ibn Zaydoun avec qui il travaille un large répertoire arabe inité en 2008 en interprétant le Choeur des esclaves de Zaïde (Mozart), dans une mise en scène de Peter Sellars. Devant le succès de ce chœur, une expérience similaire a été développée à la Cité de la Musique à Marseille puis à Lodève (84) avec la fondation du chœur Zeryab. Le travail avec le chœur Ibn Zaydoun a fait également l’objet d’un enregistrement discographique produit par le Festival d’Aix-en-Provence.

Il travaille actuellement avec le metteur en scène Olivier Letellier sur un opéra commandé par le Festival d’Aix-en-Provence pour l’été 2016 et basé sur la légende de Kalila wa Dimna.

[*Entretien avec le directeur musical Zied Zouari*]
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Tiré d’un classique de la littérature arabe « Kalila wa Dimna » est un recueil de contes animaliers écrit par Ibn Al-Muqaffa (VIIIe siècle) qui inspira Jean de Lafontaine. Reprenant la fable du lion, Moneim Adwan en a créé un opéra en arabe et en français pour le Festival d’Aix. Un défi pour ce musicien et chef de chœur, qui pratique la musique par l’oralité. Un défi pour la scène de l’opéra renouvelée et pour le jeune directeur musical Zied Zouari, qui livre ses impressions avant la première ce soir.

Un opéra en arabe, c’est une première à Aix et peut-être dans le monde ?
Oui le projet est fou car le style est totalement différent de l’opéra traditionnel. Hormis un très court opéra de « Kaïs wa Leïla » et le mini-opéra de Moneïm en 2015 « La colombe, le Renard et le Héron... », j’en connais peu. Le monde arabe n’a pas vraiment développé ce type de scènes. « Kalila wa Dimna » est un ouvrage que connaissent tous les enfants dans le monde arabe. Le choix a été fait par Moneim pour la fable du lion, dont l’amitié avec le bœuf est calomniée par l’ambitieux chacal. Il s’inscrit aussi dans une parodie de l’actualité. Le texte qui traduit le rapport entre un dictateur et l’opprimé, s’inscrit clairement dans le contexte actuel. En tant que Tunisien, j’y vois une part de la révolution arabe...

Comment avez-vous travaillé musicalement ?
A l’opéra, nous n’avons pas de micro. La musique arabe repose d’une part sur des temps différents et sur des amplifications différentes. On a voulu à partir de la partition enregistrée par Moneim puis écrite par la suite, que chaque voix corresponde à un instrument. Il y a cinq chanteurs et cinq musiciens, il fallait adapter le contexte de l’opéra de l’Occident mais il n’y a pas le côté « propre » de la chanson de chambre...

Moneim, dans cette « écriture », a visité un tas de cultures différentes pour arriver à une création nourrie des sons de l’Iran à l’Inde et bien sûr aux pays arabes... Il y aura beaucoup d’influences musicales .

Avec des chanteurs et musiciens originaires de Syrie, de Palestine, du Liban, du Maroc, de Tunisie, pour quelle langue avez-vous opté ?

C’est vrai que le choix a été difficile... Alors on a composé un dialecte à partir de la Syrie et la Palestine, cela fait trois ans que l’on a posé ça sur la table...

A 33 ans vous êtes un célèbre violoniste et déjà directeur musical pour une scène du festival international d’Aix, vous êtes comblé ?
Oui c’est une chance ! J’ai presque tout mis dans « Kalila wa Dimna ». Notre rencontre avec Moneim a eu lieu à l’Institut du monde arabe il y a quatre ans, on a trouvé beaucoup de points communs entre nous. Cet opéra arabe c’est celui du XXIe siècle...

Il y a la contrainte du ramadan, dans un climat de forte chaleur... Etes-vous prêts pour la première ?
Oui, nous sommes plusieurs à faire le ramadan, mais à un moment on est dans un état au contraire bien plus productif paradoxalement... Il y a encore des choses à peaufiner notamment dans l’interprétation, on est encore à la recherche de l’écoute parfaite.

J’aimerai que lorsque nous serons sur scène, le public entende le projet avec l’impression d’une seule et même voix... Comme on dit dans le milieu du football, les meilleurs joueurs ne font pas forcément les meilleures équipes...

Propos recueillis par Houda Benallal
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