Palestine : L’ONU décrit l’enracinement d’un régime d’apartheid particulièrement brutal

samedi 12 novembre 2016

Un expert en droits humains des Nations Unies a dénoncé “l’enracinement d’un régime de style colonial dans les territoires palestiniens occupés” par Israël, à savoir “deux systèmes séparés et inégaux” pour ce qui concerne les lois, le réseau routier, le système judiciaire, l’accès à l’eau, la liberté de mouvement, les droits civils et d’autres matières.

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Le Canadien Michaël Lynk est rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, et il a formulé ces remarques dans un nouveau rapport, présenté à l’Assemblée Générale de l’ONU vendredi dernier.

L’accès inégal à l’eau était déjà une composante de l’apartheid en Afrique du Sud. Israël lui donne des dimensions inégalées.

Lynk a qualifié la situation de l’économie palestinienne de “sans parallèle dans le monde moderne”. “Aucune autre société dans le monde ne doit affronter une telle série cumulative de défis, qui comprend une occupation agressive, une discontinuité du territoire, une divergence politique et administrative, un confinement géographique et la déconnexion de son économie”, a-t-il déclaré.

Le rapporteur a mis en évidence une série de violations des droits humains par Israël, parmi lesquelles la “détention administrative” : “Les chiffres sont stupéfiants”, écrit Lynk, “et ils suggèrent l’existence d’une politique visant à intimider et à significativement réduire les libertés des Palestiniens”.

Lynk fait également référence à l’utilisation par le gouvernement israélien des démolitions de maison à des fins punitives, dont il relève que s’il y en avait eu 11 en 2015, touchant 85 personnes, alors qu’entre janvier et juillet 2016 on en dénombre déjà 16, qui ont privé 92 personnes de logement. “Les démolitions punitives, dont l’objectif est de nuire aux membres de la familles de personnes suspectées [par l’occupant] de crime, constituent clairement une violation du droit international”.

Considérant la situation d’un point de vue général, Lynk décrit “un développement séparé et inégal en Cisjordanie, et particulièrement dans la zone C ”, ce qui conduit à “la création de deux univers juridiques, économiques et politiques cruellement différents à l’intérieur d’un même territoire”.

Les colons israéliens bénéficient “d’un système largement plus favorable au plan légal, quant au réseau routier, au système judiciaire, à la mobilité personnelle, aux opportunités économiques, aux droits civils et politiques et au niveau de vie que les Palestiniens de Cisjordanie parmi lesquels ils vivent”.

A l’approche du 50ème anniversaire [de l’occupation de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et du Golan], Lynk estime que “l’occupation a atteint une durée de loin supérieure toute durée raisonnable dans le chef d’une quelconque puissance occupante agissant de bonne foi”.

“La réduction de l’aire géographique du territoire disponible pour les Palestiniens est directement liée au vaste projet de colonisation d’Israël, en expansion, qui comprend un réseau d’autoroutes, les territoires contiguës et un dispositif militaire de sécurité étendu”. En effet, ajoute le rapporteur spécial, “sans le projet israélien de colonisation, la poursuite de l’occupation n’aurait aucune raison d’être”.

Le rapporteur spécial n’a pas été en mesure de se rendre dans les territoires palestiniens occupés, Israël ayant refusé toute coopération avec lui. Il a donc rencontré les groupes représentatifs de la société civile palestinienne et d’autres organisations à Amman, en Jordanie. Le rapporteur souligne “que le devoir qui s’impose aux États membres [de l’ONU] de coopérer avec les mécanismes constitue une obligation fondamentale”. On peut lire son rapport dans son intégralité ICI [PDF en anglais]


UN EXEMPLE

Un tribunal militaire israélien a condamné le 2 novembre un jeune Palestinien de 15 ans à la prison à perpétuité et 750.000 shekels (environ 177.000 €) d’amende pour le meurtre d’une Israélienne, dans la colonie d’Otniel, en Cisjordanie occupée.

Le meurtre avait eu lieu en janvier 2016. Le jeune homme avait été arrêté par l’armée peu après. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’était engagé au moment du meurtre à ce que la maison de l’attaquant présumé soit détruite à titre dissuasif. Israël a détruit la maison familiale de Murad à Yatta, en Cisjordanie en juin, soit 5 mois avant qu’il soit jugé et reconnu coupable par un tribunal militaire

Il est vrai que l’issue du procès n’était pas douteuse : les tribunaux militaires qui jugent les Palestiniens (les Israéliens vivant dans les colonies sont, dans les rares cas où ils sont poursuivis, jugés par des tribunaux civils) prononcent des condamnations dans 92% des cas…

A propos du traitement judiciaire totalement inégal des mineurs selon qu’ils sont palestiniens ou israéliens, voir le document ci-dessous :

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source : Source de l’article : Middle East Monitor - Traduction : Luc DelvalPour la Palestine