Palestine : l’heure est à la résistance !

lundi 10 février 2020

L’accord du siècle qui a été rendu public par son parrain Donald Trump et son acolyte Benjamin Netanyahu, est un instrument pour imposer une totale reddition au peuple palestinien et à ses dirigeants.

Ce prétendu contrat les obligerait à reconnaître leur défaite et à se soumettre inconditionnellement aux termes du vainqueur israélien. Ne pas le signer entraînera de nouvelles mesures répressives et nouveaux blocus, et peut-être la déportation vers la Jordanie en tant que « patrie alternative ».

JPEG - 38.1 ko

Il s’agit d’une reproduction du système d’apartheid qui prévalait en Afrique du Sud et auquel le monde entier s’était opposé, réussissant finalement à le renverser. Les Palestiniens de trois zones à forte densité de population – les zones « A et B » de Cisjordanie et la bande de Gaza – doivent être ghettoïsés en « bantoustans ». Leur sécurité, leurs frontières, leur économie, leur eau, leurs ressources et leur espace aérien seront tous sous le contrôle du pouvoir israélien, et les Palestiniens n’auront d’autre choix que de servir l’occupation israélienne et de survivre du mieux possible.

Pas étonnant que Netanyahu soit ravi, puisque la mosquée Al-Aqsa doit devenir le mont du Temple et Jérusalem dans son intégralité la capitale de l’État juif – dont la nature exclusivement juive doit être reconnue par tous les Palestiniens. Le droit au retour est annulé, les colonies et la vallée du Jourdain annexées et la bande de Gaza désarmée. Il a parfaitement le droit de déclarer que le jour où l’ « accord du siècle » a été annoncé était le plus grand moment de sa vie, plus grand encore que la proclamation de l’État d’Israël en 1948. Car il a reçu plus qu’il n’aurait pu rêver recevoir de son grand ami Trump.

Avant d’accuser les régimes arabes de nous vendre, nous devons, nous Palestiniens, admettre que c’était notre propre soumission et la transformation inexcusable de 40 000 d’entre nous en espions et protecteurs pour les colons, qui nous ont amenés au point ù nous en sommes. Je fais référence, bien sûr, aux dites forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) – laquelle prétend nous représenter – et qui ont cédé 80% du territoire palestinien afin qu’elles puissent avoir des emplois, des laissez-passer VIP et des voitures et villas de luxe.

L’Autorité Palestininienne et tous les autres groupes palestiniens rejettent clairement cet accord, mais le rejet est facile lorsqu’il n’est pas traduit en mesures pratiques pour résister à l’occupation de toutes les manières possibles. Cela ne signifie pas se rendre aux réunions de la Ligue arabe ou implorer la sympathie des capitales européennes et des organisations internationales, comme nous le faisons depuis les accords d’Oslo.

Vingt-six ans de négociations – encourageant de fait les États arabes à normaliser [leurs relations avec l’occupant israélien] – à prononcer de longs discours implorants à l’Assemblée générale des Nations Unies et à tenter d’intégrer les organisations internationales, nous ont amenés à la situation peu enviable et humiliante dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Pourtant, notre prétendue Autorité et notre leadership ne changent pas de stratégie et continuent de bénéficier du soutien et de la confiance de quelques-uns.

La nouvelle approche promise par Mahmoud Abbas ne doit pas consister à lancer davantage d’appels, à solliciter davantage de négociations et à appeler au respect des résolutions de l’ONU et du droit international. Ce devrait être d’allumer le fusible de la résistance et de ramener les choses à la case départ : un peuple résistant à l’occupation. Cela doit entraîner la dissolution de l’Autorité palestinienne, la fin de la coopération répressive avec Israël et la renonciation à toutes les conséquences des accords d’Oslo.

Cela devrait également signifier admettre l’échec, abandonner ses fonctions et laisser le peuple palestinien planifier son avenir et faire émerger de nouveaux dirigeants capables de les conduire réellement dans cette nouvelle étape.

Le régime suprémaciste blanc, que Trump veut, à la demande d’Israël, reproduire en Palestine… a été renversé par la résistance, et cette nouvelle variante israélienne ne peut être mise à terre que de la même manière. Les première et deuxième intifadas ont forcé Israël à reconnaître l’existence d’un peuple palestinien et à demander l’intercession des grandes puissances pour le pacifier. L’accord du siècle sera finalement vaincu, tout comme l’occupation israélienne de la bande de Gaza et auparavant celle du Sud-Liban.

Mais cela ne sera possible que par la résistance sous toutes ses formes, pas par l’approche pleine de soumission de l’Autorité palestinienne, et certainement pas en voulant protéger la puissance occupante – une honte sans précédent pour un mouvement de libération nationale.

Le peuple palestinien est véritablement à un carrefour historique : soit il cède ses terres et sa dignité et accepte le pot-de-vin de 50 milliards de dollars que Trump a l’intention d’extorquer aux Arabes riches en pétrole comme prix pour la Palestine, soit il reste sur place et combat et résiste à cette conspiration, comme tous les autres peuples colonisés l’ont fait et ont pleinement le droit faire.

JPEG - 3.2 ko Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

30 janvier 2020 - Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah


Agenda

<<

2020

>>

<<

Janvier

>>

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
303112345
6789101112
13141516171819
20212223242526
272829303112