Palestine, territoire en Images au Mucem

mardi 14 février 2017

Samedi 18 mars 2017
Une journée de débats et rencontres

[*11h - A Magical Substance Flows into Me*]

1h10 - Allemagne/Palestine/Royaume-Uni - 2015 - de Jumana Manna

Robert Lachmann était un ethnomusicologue juif allemand. Dans les années 1930, son émission de radio « Oriental Music » explorait les traditions musicales de Palestine et intégrait des performances en direct réalisées par des musiciens d’origines et de religions différentes. L’artiste palestinienne Jumana Manna traverse Israël et la Palestine d’aujourd’hui avec des enregistrements de ce programme. À quoi ces chansons ressemblent-elles, lorsqu’elles sont jouées par des Marocains, des Kurdes, des Yéménites juifs, des Samaritains, des habitants de la Palestine urbaine et rurale, des Bédouins ou encore des chrétiens coptes ?

Née en 1987 aux États-Unis, l’artiste plasticienne Jumana Manna vit et travaille à Berlin. Mêlant les méthodes de l’historien, de l’anthropologue et de la performance, elle crée films et sculptures, interrogeant le corps, le nationalisme, les récits historiques.
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, notamment à la Chisenhale Gallery (Londres), au Beirut Art Center (Beyrouth) et au Sculpture Center (New York). Elle a participé à des expositions collectives, notamment à la Kunsthalle Wien (Vienne), et aux biennales de Liverpool, de Sydney et de Marrakech.
Ses films ont été projetés dans de nombreux festivals et institutions culturelles comme le M+ (Hong Kong), la Tate Modern (Londres), la biennale Performa13 (New York)…
Elle a reçu le prix du jeune artiste palestinien de la A.M. Qattan Foundation en 2012, et elle est la lauréate 2017 du prix Ars Viva pour les arts visuels.

A voir : Jumana Manna sur le site de Palestine 13
et au festival AFLAM

[*14h30 - [Palestine] Villes imaginées*]
Conférence d’artiste : Jumana Manna
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Pour son installation Post Herbarium, l’artiste Jumana Manna revisite « l’herbier de Post », conservé à l’Université de Beyrouth et qui archive la biodiversité de Syrie, de Palestine et du Sinaï. Il a été réalisé par le missionnaire, botaniste et chirurgien américain George Post (1838-1909) à la fin du XIXe siècle, dans le cadre d’une expédition scientifique rassemblant des chercheurs européens et américains partis en Terre sainte en vue de réaliser un dictionnaire de la Bible, type d’ouvrage très populaire à cette époque.

Certaines espèces de l’herbier de Post sont aujourd’hui disparues, en raison du changement climatique, de l’urbanisation ou de la guerre, ce qui fait de cette collection une sorte de cimetière des écosystèmes morts et vivants du Liban et de sa région.
Lors de cette conférence, Jumana Manna propose une réflexion sur la recherche, et s’amuse des répercussions historiques et contemporaines d’un regard placé entre l’imagination religieuse et l’effort apparemment rationnel de la botanique.

[*16h [Palestine] Mahmoud Darwich - Et la terre, comme langue*]

59 min - France -1997 - de Simone Bitton
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Simone Bitton revisite l’œuvre et la vie de Mahmoud Darwich, poète de l’exil et de la tragédie palestinienne. Né en 1942 dans un village de Galilée, il a participé, enfant, à l’exode des réfugiés palestiniens de 1948. Revenu en Israël, Arabe israélien réfugié dans sa propre patrie, il a commencé à écrire dès 1965, alors que la population arabe de l’État d’Israël était encore soumise à un régime spécial d’administration militaire. La blessure qu’il porte en lui est une blessure collective, aussi s’impose-t-il comme la voix de son peuple. En 1971, il décide de s’exiler. C’est alors un long parcours qui se dessine, dans une solitude à laquelle il est désormais attaché. La popularité des poètes est immense en Orient où la poésie est considérée comme un art vivant. Lorsque Mahmoud Darwich donne un récital au Caire, à Beyrouth ou à Alger, des foules considérables viennent scander ses vers avec lui. C’est cette ferveur populaire, cette émotion que le film tente de faire partager.

Née au Maroc, Simone Bitton vit entre Paris, Rabat et Jérusalem. Elle a réalisé plus de 20 films et séries documentaires pour le cinéma et la télévision. Son œuvre est très variée – comprenant films d’art et d’essai, portraits intimes d’artistes, montages d’images d’archives, ou documentaires d’investigation –, mais son engagement politique pour l’histoire, la culture et la réalité contemporaine du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a toujours été prégnant.
Elle a notamment réalisé Les Grandes Voix de la chanson arabe (1990) et Palestine, the Story of a Land (1993), aujourd’hui considérés comme des œuvres de référence. Plus récemment, elle a tourné The Wall (2004) et Rachel (2009), qui ont tous deux reçu plusieurs prix à l’international.
Simone Bitton enseigne à l’Université Paris 8. Elle est membre des Ateliers Varan

[*17h30 [Palestine] Traduire la Palestine*]

Rencontre avec Anton Shammas et Fawwaz Traboulsi, deux grands intellectuels du monde arabe, pour une réflexion croisée sur les enjeux de la traduction en Palestine, où s’inscrivent le conflit, la violence, le vécu entre deux langues.

Né à Fassouta en 1950, Anton Shammas est écrivain et traducteur. Il enseigne l’arabe et la littérature comparée à l’Université de Michigan depuis 1997. Il est l’auteur de trois recueils de poèmes (composés en arabe et en hébreu) – Poems (1974), Hardcover (1974), et No Man’s Land (1979) ; ainsi que de trois pièces de théâtre, et d’un roman, Arabesques, d’abord publié en hébreu en 1986 avant d’être traduit en huit langues (l’édition française est publiée chez Actes Sud).
Il est aussi l’auteur de plusieurs essais en anglais, arabe et hébreu, notamment publiés dans Harper’s Magazine, The New York Review of Books et The New York Times Magazine. Il a traduit, de et vers l’arabe, l’hébreu et l’anglais, plusieurs écrivains, poètes et dramaturges, dont Samuel Beckett, Harold Pinter, Edward Albee, Athol Fugard, Dario Fo, Emile Habiby, Mahmoud Darwich, et Taha Muhammad Ali.

Historien et traducteur, Fawwaz Traboulsi est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages et d’innombrables articles traitant de l’histoire, des politiques, des mouvements sociaux, de la philosophie, de l’art et du folklore, dans le monde arabe.
Il a récemment traduit les ouvrages d’Edward Saïd Out of Place (2003), Humanism and Democratic Critique (2005) et On Late Style (2015). Il a aussi publié avec Aziz al-Azmeh une anthologie consacrée à Ahmad Faris al-Chidyaq (1995).
Parmi ses récents ouvrages : A History of Modern Lebanon (2007), Silk and Iron, From Mount Lebanon to the Suez Canal (2013) et The Blood of Brothers, On Violence in Civil Wars (2016).
Il enseigne l’histoire et les sciences politiques à l’Université américaine de Beyrouth, et dirige la revue Bidâyât, qu’il a créée en 2012.

[*20h30 [Palestine] Palestine : rien ne fait sens, pourquoi devrais-je ?*]

L’écrivaine et architecte palestinienne Suad Amiry propose une lecture en images d’extraits de ses ouvrages Sharon et ma belle-mère et Nothing to Lose but Your Life : An 18-Hour Trip with Murad.
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Née à Damas (Syrie), Suad Amiry est une écrivaine et architecte palestinienne. Elle vit entre Ramallah et New York. Elle est la fondatrice de RIWAQ, un centre dédié à la conservation du patrimoine architectural, basé à Ramallah. Elle a publié plusieurs ouvrages, dont Sharon et ma belle-mère (2005), Menopausal Palestine : Women at the Edge (2011), Nothing to Lose but Your Life : An 18-Hour Trip with Murad (2011), Golda Slept Here (2014) et Mon « Damas » (2016). Suad Amiry et RIWAQ ont reçu le prestigieux prix Aga Khan pour l’architecture en 2013.