Palestiniens au Liban : « Le monde nous a oubliés »

jeudi 22 avril 2021

Par Diana Hodali

Pandémie de COVID, crise économique, mépris de leurs droits : Les choses deviennent de plus en plus difficiles pour les Palestiniens réfugiés au Liban. Une des raisons de leurs difficultés est le sous-financement chronique de l’agence des Nations unies qui s’occupe d’eux.

JPEG - 81.4 ko Les conditions de vie dans le cas camp imposent une étroite proximité, et les fils électriques exposés ajoutent aux dangers – Photo : Diana Hodali

« Ici, dans le camp, les gens ne respectent pas scrupuleusement les mesures contre le coronavirus », explique Kholoud Hussein en haussant les épaules. « Il y a autant de gens dans les rues que d’habitude ».

Kholoud Hussein a vécu toute sa vie dans le camp de réfugiés palestiniens de Burj Barajneh, au sud de la capitale libanaise, Beyrouth. Elle travaille comme traductrice d’anglais et coordinatrice de projet dans une organisation locale de femmes. Jusqu’à récemment, elle devait se rendre à l’hôpital de Haïfa plusieurs jours par semaine pour servir de traductrice à une équipe de médecins de la Croix-Rouge japonaise, mais depuis le début de la pandémie, les médecins ne viennent plus. Maintenant, elle travaille à la maison. Elle traduit des études et des enquêtes.

Il y a tellement de problèmes que le COVID passe au second plan

L’hôpital Haïfa est situé en plein cœur du camp. Kholoud est en contact étroit avec le personnel qui y travaille. « Ils me disent qu’ils ont souvent du mal à persuader les proches des patients de porter un masque pour entrer dans l’hôpital », raconte-t-elle. Kholoud porte toujours son masque parce qu’elle ne veut pas être responsable de l’infection de quelqu’un d’autre.

De nombreuses organisations locales distribuent gratuitement des masques dans le camp. Mais selon Kholoud, tout le monde n’est pas convaincu de leur utilité. De plus, dit-elle, la plupart des habitants du camp de réfugiés ont tant de problèmes de survie que la crainte d’être infecté par le coronavirus passe au second plan.
Une grande partie des résidents dépend des dons de nourriture des organisations, et même le lait est devenu un article de luxe, dit Kholoud. Sa sœur a toujours aimé faire du riz au lait, ajoute-t-elle, mais cela n’est plus possible. L’économie libanaise était déjà en grande difficulté avant même la pandémie. La livre libanaise a perdu énormément de valeur. Et l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth en août 2020 a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

« Je ne reçois que 50% de mon salaire ce mois-ci », dit-elle. Son mari, son fils et son beau-fils ont tous perdu leur emploi à cause de la crise économique au Liban. Sa fille travaille encore. « À nous deux, nous nourrissons la famille », dit-elle.

Les problèmes financiers de l’UNRWA

L’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) est responsable des réfugiés palestiniens des 12 camps officiels du Liban car le pays refuse d’aider financièrement les Palestiniens.

Mais l’organisation onusienne est souvent utilisée comme un moyen de pression au service d’intérêts politiques, comme, par exemple, lorsque l’ancien président américain Donald Trump a retiré son financement à l’agence, ce qui a réduit son budget de 300 millions de dollars (255 millions d’euros). Son successeur, Joe Biden, a promis de recommencer à subventionner l’agence. La principale critique adressée à l’UNRWA est que les 5,7 millions de Palestiniens qu’elle prend en charge, n’ont, de ce fait, aucune raison d’aller s’installer dans d’autres pays arabes, et qu’ils restent des réfugiés permanents.

Cet argument s’inscrit dans la polémique autour du droit au retour des Palestiniens inscrit dans la résolution 194 des Nations-Unies. Le droit au retour des Palestiniens est au cœur de la recherche d’une solution au conflit du Moyen-Orient entre Israéliens et Palestiniens. Israël a déclaré son indépendance le 14 mai 1948 et, le jour suivant, le 15 mai, a commencé la fuite et le déplacement forcé des Palestiniens vers les territoires palestiniens (occupés actuellement par les Israéliens, ndt) et les pays limitrophes, dont le Liban. Ce qui apparaissait à l’époque comme une installation temporaire est devenu le lieu de vie des Palestiniens depuis plusieurs générations. L’UNRWA a donc besoin de plus d’un milliard de dollars US chaque année pour maintenir ses services réguliers, d’urgence et de sauvetage.

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