Photographie. Gaza, archéologie du quotidien

lundi 22 février 2016

Le photographe argentin Eduardo Soteras Jalil explore le quotidien de la bande de Gaza, soumise depuis dix ans au blocus israélien. Aux stigmates des nombreuses guerres répond l’humour caustique des habitants.

Etabli dans les Territoires palestiniens depuis plusieurs années, Eduardo Soteras Jalil s’est rendu à plusieurs reprises dans la bande de Gaza. Durant l’opération israélienne Bordure protectrice, qui a fait plus de 2000 morts palestiniens en juillet et août 2014, le photographe argentin se trouvait sur place. Il a lancé trois projets parallèles, finalisés début 2015 : l’un, en noir et blanc, évalue les conséquences directes de la guerre ; un autre, en couleurs, met en perspective des scènes dont il a été le témoin ; le troisième s’appelle Gaza, mode d’emploi.
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Dans cette dernière série photographique, il raconte à sa manière les raisons qui l’ont poussé à explorer ce territoire, soumis à un blocus total par Israël depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, il y a dix ans. Il explique :

[*J’aime Gaza et j’adore partager le quotidien de ceux qui y vivent.”*]

Au-delà de cet aspect personnel, presque “intime” selon lui, il a cherché à créer “une forme d’archéologie préventive : trouver des éléments de culture dans les petits détails auxquels on ne prête pas attention d’habitude, avec l’intention de provoquer des questions chez celui qui les observe, plutôt que d’apporter des réponses”.
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Pour cela, l’Argentin s’est efforcé de capturer dans ses photographies les personnages qui font la bande de Gaza et surtout “leur résilience, leur inventivité, leur sens de l’humour si caustique”. Son travail fourmille ainsi d’anecdotes et d’histoires simples du quotidien. Un projet qui s’est réalisé plutôt facilement, assure Eduardo, car “les Gazaouis ont un rapport assez unique à la photographie : ils sont habitués à la présence des photographes… C’est l’une des conséquences d’être si souvent en première ligne de l’actualité mondiale.”
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[*Le photographe*]
Né en 1975 en Argentine, Eduardo Soteras Jalil est titulaire d’un master en photojournalisme, obtenu en 2007 auprès de l’université autonome de Barcelone. Il a depuis mené divers projets sur divers continents : il a suivi le périple de migrants d’Amérique centrale à travers le Mexique, enquêté sur la pratique du tir de précision comme activité de loisir en Suisse, photographié les communautés troglodytes de Hébron en Israël… Ses travaux ont été publiés entre autres dans La Nación (Argentine), La Vanguardia (Espagne) ou encore la Neue Zürcher Zeitung (Suisse).

source : http://www.courrierinternational.com