« Privés du droit fondamental de vivre en famille » : des couples palestiniens séparés par Israël

dimanche 26 février 2023

Des milliers de familles mixtes de Gaza et de Cisjordanie sont séparées en raison du régime d’autorisation israélien, qualifié de « politique de séparation » et d’outil d’« ingénierie démographique »

JPEG - 97.6 ko Une Palestinienne essuie ses larmes lors d’une manifestation contre la « politique de séparation » d’Israël dans le nord de Gaza, le 17 janvier 2023 (MEE/Mohammed al-Hajjar)

Le jour de son mariage, Sally Abujumeiza (24 ans) n’a pas pu lâcher son téléphone. Son père, maintenu à l’écart à cause d’une politique israélienne, était à l’autre bout de la ligne tout au long de la fête.

« Le jour du mariage était l’un des plus tristes de nos vies », témoigne à Middle East Eye Tassahil Abujumeiza, la mère de Sally. « Elle a pleuré toute la journée. »

En 2009, alors que Sally avait 10 ans, son père Qassem a quitté sa ville natale de Gaza pour travailler à Ramallah, en Cisjordanie occupée, à environ 80 km.

À l’époque, ce directeur d’usine de confection pensait pouvoir faire venir sa famille à Ramallah depuis Gaza en l’espace de quelques jours. Quatorze ans plus tard, la famille attend toujours d’être réunie.

Ils font partie de ces milliers de familles palestiniennes mixtes de Gaza et de Cisjordanie qui souffrent à cause de la « politique de séparation » d’Israël.

La liberté de circulation entre les deux territoires palestiniens fait l’objet de strictes restrictions de la part de l’armée israélienne, qui impose un blocus terrestre, maritime et aérien à la bande de Gaza depuis 2007.

Une combinaison de motifs exceptionnels pour les visites et de processus bureaucratiques complexes fait qu’il est presque impossible pour quelqu’un comme Tassahil et ses enfants d’être réunis avec Qassem.

Cette mère de cinq enfants indique qu’Israël leur a refusé des dizaines de demandes d’autorisations déposées au fil des ans pour se rendre en Cisjordanie.

« Pendant toutes ces années, j’ai élevé nos enfants toute seule, bien qu’il couvre nos dépenses », précise Tassahil.

« Le père de Sally n’a pas pu la conduire à son mari lors de son mariage il y a deux ans, il n’a pu être avec nous qu’au travers d’un écran de téléphone. »

« Lui, les invités, nos proches, tout le monde pleurait. »
« Politique de séparation »

À la mi-janvier, Tassahil a participé à une manifestation contre la politique israélienne devant le poste frontière de Beit Hanoun (Erez), seul passage pour les piétons entre la bande de Gaza et Israël.

Des dizaines de Palestiniennes et leurs enfants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Sauvez les femmes piégées à Gaza » en arabe et en hébreu et demandant le droit de rejoindre leurs époux en Cisjordanie.

Elles demandent que les autorités israéliennes les autorisent à changer d’adresse sur leurs cartes d’identité pour passer de Gaza à la Cisjordanie. Cela leur permettrait d’être réunies avec leurs conjoints qui sont soit originaires de Cisjordanie, soit de Gaza mais vivent et travaillent en Cisjordanie.

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