« Qui sont les terroristes ? » : une nouvelle génération de Palestiniens combat l’occupation

mardi 25 octobre 2022

Un manifestant palestinien affronte les forces de sécurité israéliennes lors d’une manifestation contre l’expropriation de terres palestiniennes par Israël dans le village de Kfar Qaddum en Cisjordanie occupée près de la colonie juive de Kedumim, le 7 octobre 2022 (AFP/Jaafar Ashtiyeh)Voir l’image

Par David Hearst
– CISJORDANIE, Palestine occupée
Published date : Dimanche 16 octobre 2022 - 07:12 | Last update : 1 week 10 hours ago

Le village de Letwani est au bout de la route. Littéralement. Derrière se trouve une route pour les colons, qui commence à Jérusalem et se termine dans les collines au sud de Hébron.

Devant se trouve Masafer Yatta, 30 km² décrétés zone de tir militaire par Israël dans les années 1980.

Les 2 500 habitants de Masafer Yatta sont impliqués dans des batailles rangées quotidiennes avec les colons et les soldats.

Le matin de mon arrivée à Letwani, j’aperçois Asharaf Mahmoud Amour (40 ans) regarder calmement une pile de parpaings. Il s’agit des restes de sa maison. Un bulldozer l’a rasée quelques heures plus tôt. À sa grande surprise, les soldats ont laissé la cabane sur la gauche et le poulailler sur la droite, tous deux faisant l’objet d’ordres de démolition.

« Je vais vous dire où on va dormir ce soir : avec les poules et les chèvres », dit-il.

« Tout ce qu’ils veulent, c’est nous faire partir. Détruire nos maisons, nous empêcher d’accéder aux champs, nous terrifier constamment avec les soldats et les colons tout autour, pénétrer chez nous, nous arrêter. Et nous savons ce qu’ils cherchent à faire ainsi, c’est nous chasser. C’est le défi que nous relevons », poursuit ce père de cinq enfants.

« Ils essaient de nous faire passer pour des terroristes face au monde. Qui sont les terroristes ? Nous essayons de rester chez nous. Ce sont eux qui nous terrorisent. Je resterai ici même si je dois dormir sous une pierre. »

Deux affiches se situent à quelques mètres de là sur le chemin de terre. Un premier panneau proclame « Soutien humanitaire aux Palestiniens menacés de transfert forcé en Cisjordanie » avec les logos de onze organismes d’aide humanitaire de l’Union européenne.

Cette expression de soutien international n’a pas dissuadé les colons, car dessus est affiché un portrait de Harum Abu Aram.

Le jeune homme de 26 ans est aujourd’hui paralysé dans un lit d’hôpital après avoir essayé de défendre sa parcelle rocailleuse.

Un autre agriculteur, Hafez Huraini, a eu la chance de s’en sortir avec les deux bras cassés.

Cinq colons masqués, armés de tuyaux en métal et accompagnés d’un soldat en repos qui tirait en l’air, ont attaqué Huraini alors qu’il s’occupait de sa terre. Ce dernier s’est défendu avec une houe.

Son fils Sami raconte : « Ils étaient cinq contre un quinquagénaire. Lorsque je suis arrivé à côté de mon père, son bras droit saignait et il tenait son bras gauche. D’autres villageois sont arrivés derrière moi, et d’autres colons et policiers sont arrivés. »

Les policiers ont alors annoncé qu’ils allaient arrêter le blessé.

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