Raids, démolitions, arrestations et passages à tabac à Masafer Yatta

jeudi 26 septembre 2019

Commençant par des raids nocturnes invasifs dans plusieurs villages et se terminant par sept structures par terre, quatre familles sans abri, deux Palestiniens arrêtés, un battu et hospitalisé, une voiture confisquée et une importante route d’accès gravement endommagée, les forces d’occupation israéliennes continuent d’attaquer les communautés palestiniennes de Masafer Yatta.
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Masafer Yatta est un ensemble de plus de 20 villages situés près d’Hébron, au sud de la Cisjordanie .
La plupart des Palestiniens qui y vivent élèvent du bétail pour gagner leur vie ; certains sont des bédouins, qui se déplaçaient autrefois avec leurs chameaux et leurs troupeaux à travers les collines sèches et accidentées, avant l’invasion d’Israël en 1967 et l’occupation de la région. En dépit de fouilles archéologiques montrant que des villages existaient depuis le début de l’ère romaine et byzantine, l’armée israélienne a déclaré que le secteur était une zone de tirs réels dans les années 1970 et annoncé son intention de démolir la plupart des villages. Alors que les Palestiniens dans la zone de tir 918 ont interdiction de conduire des voitures ou de posséder tout type de matériaux de construction, les colons israéliens des colonies de Maon, Avigal et Susya, illégales au regard du droit international, continuent de construire de nouvelles maisons et fermes et sont libres de circuler dans la région et d’en sortir.

Le 11 Septembre 2019, de minuit à 4h du matin, l’armée israélienne a attaqué plusieurs villages, entrant par effraction dans les maisons, obligeant les enfants et les parents à dormir à l’extérieur de leurs maisons pendant que les soldats fouillaient les pièces, les placards et les réfrigérateurs, ainsi que les voitures et les puits, détériorant les affaires des villageois et les terrorisant. Les soldats ont refusé de montrer aux résidents un mandat d’arrêt ou de donner la raison de ces fouilles aveugles ; les habitants disent que leurs villages sont souvent utilisés comme terrain d’entraînement pour les nouvelles recrues.

À 9h, 4 bulldozers et excavatrices de JCB, Hyundai et Volvo, ainsi qu’un camion de chargement Scania, accompagnés de dizaines de soldats des forces d’occupation, de policiers des frontières et d’agents de l’administration civile sont arrivés dans le village de Mufakara, un petit hameau d’environ 50 habitants du clan Hamamda.
Ils ont démoli 4 structures et déplacé deux familles, dont une veuve, ses six filles et son fils. Les résidents de Mufakara ont dit que c’était la 5ème démolition dans leur village cette année ; une autre famille a vu sa maison démolie trois fois en neuf mois.

Des agents de l’administration civile ont également coupé et confisqué une conduite d’eau acheminant l’eau d’At-Tuwani à Mufakara.
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Ce n’est pas la première fois que l’administration civile israélienne prive les villageois de Mufakara de l’accès à l’eau, un droit humain fondamental ; le groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem a rapporté qu’après seulement six mois d’accès à l’eau courante, les forces israéliennes ont détruit et confisqué six kilomètres de tuyaux en février dernier. Elles ont également ‘confisqué’ une voiture appartenant au conseil du village de Massafer Yatta.

Vidéo de la démolition d’une maison palestinienne à Mufakara par les forces d’occupation

Dans le village voisin de Khallet Ad-Dabe’a, les forces israéliennes et l’administration civile ont démoli les maisons d’une famille de six enfants et celle de leur oncle. Un membre de la famille qui a perdu sa maison a été violemment agressé par des soldats israéliens alors qu’il passait près d’eux en courant vers sa maison et il a été hospitalisé pour plusieurs blessures. Mohammad Rib’ey, chef du conseil du village d’At-Tuwani, et Bakr Fadel Rib’ey, ont été agressés puis arrêtés par les forces d’occupation. Ils ont été libérés sans inculpation plus tard dans la journée.

En même temps que les démolitions de maisons, les excavatrices qui accompagnaient l’armée d’occupation ont creusé des trous et empilé des rochers sur une route principale, coupant ainsi quinze villages du centre commerçant régional de Yatta. Pour certains de ces villages, des itinéraires alternatifs vers Yatta transformeront un trajet de 30 minutes en un trajet de 4 à 5 heures, en grande partie par des chemins de terre non goudronnés.

Nombre de maisons démolies mercredi ont en fait été construites grâce à des financements de l’UE et d’ONG internationales, ainsi que la route, qui, selon les habitants, a été réparée avec un financement de l’UE après avoir été défoncée par les forces israéliennes. Regavim, un groupe de colons d’extrême-droite qui milite pour des démolitions et contre les projets de développement de l’UE en Palestine, est très actif dans et autour des colonies de peuplement israéliennes illégales à Masafer Yatta. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies OCHA, les organisations humanitaires qui fournissent actuellement une aide aux communautés de Masafer Yatta sont bloquées par des ordres de démolition « contre les articles fournis », ainsi que par la confiscation de leurs véhicules et équipements, ainsi que des restrictions d’accès à la région.

Le gouvernement israélien défend ces démolitions en affirmant que les maisons ont été construites sans les autorisations légales. Un rapide coup d’œil sur les chiffres montre cependant la quasi-impossibilité d’obtenir un permis de construire sous le régime d’apartheid israélien. Dans un rapport de 2014 de la Banque mondiale, seulement 1,6% des demandes de permis de logement palestiniens ont été approuvées  ; l’administration civile israélienne a confirmé qu’entre 2008 et 2016, 66 demandes palestiniennes de construction ont été approuvées, tandis que 12.763 demandes israéliennes de construction de colonies ont été approuvées.

« Pour mettre cela en chiffres, un colon israélien a 193 fois plus de chances qu’un Palestinien de voir sa demande approuvée. »

Les démolitions de mercredi ont marqué les premières démolitions en un mois et huitjours. Le fait qu’une telle série de démolitions ait eu lieu à peine six jours avant le vote des Israéliens aux élections législatives n’est pas passé inaperçu, alors que Netanyahu, confrontée à des accusations de corruption et à l’impossibilité de former un gouvernement, tente de sécuriser le vote des colons et des partisans de l’occupation. Alors que les deux principaux partis israéliens déclarent leur intention de poursuivre l’expansion des colonies illégales et que des ordres de démolition sont en attente dans 26 des 28 villages et hameaux de Masafer Yatta, l’apartheid israélien et le nettoyage ethnique de Masafer Yatta semblent devoir continuer.

Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM


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