Rencontre sur le thème : " Chrétiens de Palestine : au-delà de l’oubli Que savons-nous d’eux ? Que peuvent-ils attendre de nous ?"

mardi 20 juin 2017

Nous avons assisté à la rencontre ce samedi 17 juin, rencontre suivie par une assistance nombreuse et dont près de la moitié des participants (après un sondage à main levé) était allé en Palestine.
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L’après midi a commencé par une présentation de Sabeel : "Sabeel est un Centre œcuménique palestinien de théologie de la libération créé en 1994 à Jérusalem et à Nazareth. Il réunit des chrétiens des diverses Églises et traditions d’Israël-Palestine en vue de fortifier leur témoignage de foi, d’amour et d’espérance dans la situation conflictuelle et violente que connaît toute la population palestinienne et qui les fragilise eux-mêmes. "

L’association des Amis de Sabeel France a été créée en 2010, elle reprend les engagements de Sabeel pour les transmettre aux responsables des différentes églises, afin de peser sur leur engagement en faveur de la Paix et de la Justice en Palestine et pour appeler la communauté internationale à lutter contre l’occupation en constante augmentation.
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La phrase qui est revenue le plus souvent au cours des débats de l’après midi a été :
" c’est un conflit politique, n’en faites pas un conflit religieux".

Les Amis de Sabeel-France ont ouvert la rencontre par un rappel de leur engagement pour un règlement, non violent, de la situation palestinienne. Martine a relaté un magnifique voyage en Palestine, ponctué de rencontres et d’échos de la résistance palestinienne.

Maurice Buttin président du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient est intervenu pour dénoncer l’attitude de la presse et des médias qui nomment terroristes de militants qui résistent à l’occupation. Il appelle les participants à être vigilants et à écrire à la presse et aux médias à chaque manquement, afin de leurs rappeler l’occupation vécue par les palestiniens.
Il lie la situation Palestinienne à l’état du Proche Orient aujourd’hui et déclare qu’il n’y aura pas de Paix au proche orient tant que durera l’occupation de la Palestine.

Pierre Stambul rappelle la situation effroyable à Gaza aujourd’hui. Deux millions de personnes sont enfermées dans une prison de 10 kilomètres sur 40 kilomètres. Lui aussi déclare que ce n’est pas une guerre religieuse, mais une guerre coloniale.

Ensuite, nous avons eu la chance de découvrir, en avant - première le nouveau film de la réalisatrice palestinienne, Norma Marcos, "A long hot Summer in Palestine". Ce film a pour ambition de présenter un autre visage des palestiniens, un visage empli de beauté et d’humanité.
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Norma Marcos s’est engagée à représenter son film à Marseille, nous vous en reparlerons, car il ne faudra manquer sa présentation sous aucun prétexte.


Les Amis de Sabeel-France (Centre œcuménique de théologie palestinienne de la Libération à Jérusalem), avec le Comité œcuménique de Marseille et des représentants des Églises catholique, protestantes et orthodoxes,
nous invitent à une rencontre d’information et de réflexion sur le quotidien et les attentes des palestiniens Chrétiens de Palestine :" au-delà de l’oubli, que savons-nous d’eux ? Que peuvent-ils attendre de nous ?"

[* Samedi 17 juin à 14h00
à la Maison Cabot-Rouvière*]
78 boulevard du Redon, Marseille 9ème - Depuis Dromel, bus 24, arrêt Allée des Pins

Présentation par la réalisatrice Norma Marcos de son dernier film sur le quotidien des Palestiniens à Bethléem en 2014, pendant les bombardements sur Gaza :
A long hot Summer in Palestine
(film sous-titré)
La projection du film sera suivi d’un débat.

JPEG - 58 ko la réalisatrice Norma Marcos, Palestinienne et féministe de cœur
Cette cinéaste, journaliste et militante à ses heures filme les femmes palestiniennes et décrit leurs luttes.
Elle paraît frêle, mais ce n’est qu’une apparence. Cheveux auburn, taille moyenne, elle s’impose par son regard perçant et une assurance basée sur la certitude de pas avoir à s’excuser d’être une femme. Si Norma Marcos (le nom de famille vient de saint Marc) s’assume comme militante, elle est avant tout une journaliste qui regarde, observe et critique aussi ses semblables. « Ni historienne ni sociologue, je suis une Palestinienne vivant entre deux mondes, partagée entre ici et là-bas », se définit-elle. Depuis des années, elle raconte son univers, la Palestine et les Palestiniennes, avec une caméra.

Un attachement à la terre familiale
Quoi de plus normal, pour celle qui est née à Bethléem dans une famille chrétienne « installée depuis cinq siècles » sur cette terre disputée. « Cela n’a pas empêché les migrations dans ma famille », précise-t-elle. D’abord celle de son grand-père, parti faire fortune au Chili. « Quant à mon père, il n’a jamais voulu quitter notre terre. En 1967, pendant la guerre, lorsque l’armée israélienne occupait Bethléem, tout le monde voulait partir. Il y avait quatre familles installées dans notre grande maison. Mon père a pris la clé et dit : personne ne sortira. Il était très attaché à la Palestine. Mais il n’était pas politique, c’était un homme qui résistait en silence. Il a tenu à élever ses enfants en Palestine, malgré la présence et l’occupation israélienne. »

Un parcours scolaire mobile
Norma ne ressemble pas à son père. Curieuse, aventureuse et indépendante, elle est partie voir ailleurs. En France, où elle fait des études à Aix-en-Provence et une thèse sur l’image d’Israël dans la presse égyptienne. Puis direction la capitale française, où elle est admise au centre de formation des journalistes (CFPJ) de la rue du Louvre. Flanquée de son diplôme, Norma envoie ses premiers articles à la presse française. Ils sont refusés. Elle se tourne alors vers la presse arabe, avec plus de succès. En 1988, elle obtient une bourse accordée par l’agence de presse Reuters. Elle part à l’université de Stanford, en Californie. « L’un de mes professeurs était Condoleezza Rice », qui deviendra secrétaire d’État sous la présidence de George Bush. « Elle avait déjà une vision manichéenne du monde, se souvient-elle, ses cours donnaient lieu à des débats et des discussions enflammés, surtout lorsque l’on parlait de la situation au Chili et du sort de son président, Salvador Allende. »

Après Stanford, Norma effectue un stage dans une radio à Washington et se marie avec un Américain. Mais, très attachée à Paris, elle décide son mari à s’installer en France et reprend son métier de journaliste, tout en s’intéressant au documentaire vidéo.

Premiers pas dans la réalisation documentaire
En 1994, elle réalise son premier film, L’Espoir voilé, qui dresse quatre portraits de femmes palestiniennes dans leur quotidien, à l’opposé de l’image traditionnelle. Le documentaire remporte un réel succès et est diffusé sur une dizaine de chaînes européennes. Les récompenses affluent. Elle est lauréate de la fondation Umverteilen, de la Villa Médicis, obtient le prix du meilleur scénario. Elle poursuit son travail avec En attendant Ben Gourion (2006), Fragments d’une Palestine perdue (2010), Wahdons (« Seuls ») en 2012.

De la caméra à la plume
La caméra n’est pas son seul mode d’expression. En 2013, elle se lance dans la rédaction d’un livre, qu’elle intitule Le ­Désespoir voilé (1), véritable miroir inversé de son premier documentaire. Toujours des portraits de femmes palestiniennes, représentant chacune une période de l’histoire de la Palestine. Mais la tonalité est clairement pessimiste, à l’image de la situation des femmes aujourd’hui en Palestine. De la création de la première association caritative de chrétiennes issues de la bourgeoisie, en 1903, jusqu’au blocage du processus de paix entre l’État israélien et l’Autorité palestinienne aujourd’hui, elle retrace la politisation du mouvement sous l’influence du nationalisme arabe. « Pourquoi la femme arabe est-elle toujours arriérée ? se demande-t-elle. Le mouvement féministe arabe a été interrompu par la révolution iranienne, qui a tout fichu à terre. Puis il y a eu les échecs des pays arabes dans la crise israélo-palestinienne et l’occupation israélienne des Territoires. Le voile est retombé sur le visage des femmes comme s’il était une identité pour se démarquer des Occidentales, affirmer leur différence. »

Affirmer sa différence face à l’Occident
En 2009, Norma la militante fait parler d’elle lorsqu’elle décide de retourner dans sa famille à Bethléem pour réaliser deux documentaires. À son arrivée à l’aéroport Ben Gourion, elle est arrêtée, bien que possédant la nationalité française depuis 1988. Les autorités israéliennes exigent qu’elle fasse faire ses papiers palestiniens : étant née à Bethléem, elle est à leurs yeux palestinienne avant d’être française. Elle proteste, estimant qu’en tant que Française, elle n’a rien à demander à l’Autorité palestinienne et a le droit de voyager librement comme elle l’entend, y compris en Israël. Pour l’État hébreu, elle est palestinienne et doit donc transiter par la Jordanie et non par l’aéroport Ben Gourion. Norma campe sur ses positions. L’histoire se termine par son expulsion vers la France.

Les problèmes avaient déjà commencé en 2005, lorsqu’on lui avait interdit d’atterrir en Israël et qu’elle se retrouva dans un centre de rétention de l’aéroport. Elle se sortit du guêpier grâce à l’intervention d’une amie israélienne. De nouveau, lorsqu’en urgence elle doit se rendre au chevet de sa mère malade, elle réussit à atterrir à Ben Gourion grâce à l’intervention du Quai d’Orsay qui obtient pour elle une autorisation exceptionnelle pour raison humanitaire.

Norma est-elle militante palestinienne, féministe, ou les deux ? « Je n’aime pas trop les étiquettes. Elles me gênent. Je n’ai jamais appartenu à aucun mouvement féministe. Mais la situation de la femme arabe est telle qu’on ne peut qu’être féministe, même inconsciemment. Je suis une féministe de cœur. »
source : Agnès Rotivel - La croix


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