Résistance en Palestine : la lutte des prisonniers

mardi 14 mai 2019

Résistance en Palestine : la lutte des prisonniers Avril 2019 N° 14

Par Centre d’information sur la résistance en Palestine

Du 8 au 15 avril 2019, les prisonniers palestiniens détenus dans les geôles sionistes ont mené la grève de la faim. Ce moment de lutte a été couronné par la victoire du mouvement national des prisonniers, une fois de plus, et a suscité la division au sein des institutions de l’occupant. Pour la première fois depuis que les prisons sionistes existent, les prisonniers palestiniens auront droit, si les sionistes respectent leurs paroles, à des téléphones publics dans les prisons, qui leur permettraient d’entrer en contact avec leurs familles, à intervalles réguliers.

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Ce moment de lutte collective et intense avait cependant été précédé par plusieurs actes de résistance dans les prisons, qui furent sauvagement réprimés par des unités spéciales, lourdement équipées comme si elles affrontaient des armées. Les invasions répétées de ces forces spéciales dans les cellules et la répression furent souvent filmées et exposées au public colonial, en vue de satisfaire ses appétits sanglants et de le faire voter en faveur de ceux qui prennent les décisions les plus extrêmes contre les Palestiniens. Pour Netanyahu, sa soumission face aux armes de la résistance dans la bande de Gaza devait être contrebalancée par des attaques musclées et féroces contre les prisonniers, pour relever le degré de sa popularité. Ne pouvant s’attaquer à la résistance armée, les dirigeants sionistes ont décidé de s’attaquer aux prisonniers, dépourvus de moyens de défense. C’est dans ce contexte pré-électoral sioniste, où tout semble aller pour le mieux à Netanyahu, que les prisonniers palestiniens, soutenus par la résistance et leur peuple, ont décidé de prendre leur cause en main et d’empêcher les sionistes de les prendre pour des tremplins électoraux.

La grève de la faim des prisonniers palestiniens a été menée dans l’unité et la détermination à vaincre l’occupant. Elle a fixé dès le départ qu’il s’agit de supprimer les appareils de brouillage cancérigènes dans les prisons et l’amélioration des conditions de détention, ce qui signifie qu’elle avait affirmé que ses revendications sont de l’ordre de l’humanitaire. Mais la leçon livrée par les prisonniers en lutte va au-delà des revendications, car elle a été préparée, maîtrisée, conçue par étapes afin de pouvoir assurer sa longévité, en cas de besoin, tout comme elle s’est assurée le soutien de la résistance armée et de la mobilisation populaire. C’est pourquoi la bataille de la dignité II constitue une nouvelle étape dans la lutte des prisonniers et prouve que les prisonniers palestiniens, dans les geôles de l’occupant, demeurent les pionniers de la lutte nationale.

1 - Déroulement de la bataille de la dignité II du 8-15 avril 2019

lundi 8 avril : au soir les prisonniers annoncent l’échec des pourparlers avec la direction carcérale. Le plan prévu par le mouvement national des prisonniers consiste à élargir progressivement le mouvement de grève, en commençant par la direction, suivie le 11 avril par un groupe, puis le 13 avril, pour aboutir au 17 avril, journée des prisonniers, où la grève serait générale. Un groupe de prisonniers entrerait en grève au jour J et serait le groupe de choc en refusant également de boire, ses membres affirment être prêts au martyre.

Le premier groupe à avoir entamé la grève de la faim, qui fait partie de la direction du mouvement national des prisonniers est composé de :
1) Mohammad Araman, 40 ans, de Ramallah, condamné à 36 perpétuités, représentant des prisonniers du mouvement Hamas dans la prison de Ramon.
2) Zayd Bsissi, 41 ans, de Tulkarm, condamné à 55 perpétuités, représentant des prisonniers du Jihad islamique dans la prison de Ramon.
3) Akram Abu Bakr, 41 ans, de Tulkarm, condamné à perpétuité, représentant des prisonniers du mouvement Fateh dans la prison de Nafha.
4) Wael Jaghub, 43 ans, de Nablus, condamné à perpétuité, représentant du FPLP dans la prison de Ramon.
5) Hussayn Derbas, 37 ans, d’al-Quds, condamné à 25 ans de prison, représentant du FDLP dans la prison de Ramon.
17 prisonniers du mouvement Hamas et du FPLP dans la prison de Nafha rejoignent immédiatement la lutte.

La direction carcérale a transféré les grévistes des prisons vers les cellules d’isolement et menacé ceux qui veulent les rejoindre d’une « punition immédiate ».

150 prisonniers détenus dans les prisons de Ramon et du Naqab rejoignent le mouvement au second jour de la grève.

10 avril : alors qu’il était prévu que le mouvement de grève s’étende progressivement, 400 prisonniers ont déclaré se joindre au mouvement immédiatement, pour hâter le processus.

11 avril, 4ème jour de la grève. La direction carcérale transfère deux prisonniers du mouvement du Jihad islamique de la prison de Ramon vers l’hôpital Soroka, après la détérioration de leur état de santé, il s’agit de Ahmad Sikni et Yassir Abu Umar. Ils avaient décidé de s’abstenir de boire également, dès le début du mouvement. 400 prisonniers détenus dans les prisons du Naqab Ramon, Nafha, Eshel, Ofer, Gilboa et Megiddo poursuivent la grève et 1110 prisonniers ont inscrit leurs noms pour participer à la lutte.

Le prisonnier Walid Duqqa est transféré de la prison de Ramon à la prison de Haddarim, pour encouragement à la lutte. La direction carcérale envoie ses bataillons de choc réprimer les prisonniers dans la section 21 de la prison du Naqab, où sont détenus 12 prisonniers en grève.

Au 5ème jour de la grève, les forces spéciales de répression font une incursion dans la section 12 de la prison du Naqab et la direction carcérale menace les grévistes d’une répression encore plus féroce.

Au 6ème jour (13 avril), la direction carcérale isole le prisonnier dirigeant au Fateh, Marwan Barghouty, et lui interdit de rencontrer son avocat, l’accusant d’appeler à la poursuite de la grève. 300 prisonniers déclarent être prêts à rejoindre le mouvement. Les centres de soutien aux prisonniers mettent en garde les médias de reprendre les nouvelles diffusées par les sionistes, affirmant que la direction carcérale est parvenue à un accord avec les prisonniers, ajoutant que de telles rumeurs de la part des sionistes visent à diviser le mouvement et à affaiblir la solidarité.

Des pourparlers entre les prisonniers et la direction carcérale sont en cours, et la partie égyptienne, qui supervise les pourparlers relatifs à la bande de Gaza, a appuyé les revendications des prisonniers et inclus leurs revendications dans les pourparlers.

Au 7ème jour, la direction carcérale continue à soulever des problèmes concernant un accord en vue à propos des téléphones publics qu’elle installerait dans les prisons. L’état de santé de plusieurs prisonniers grévistes s’est détérioré, et la direction carcérale refuse de les transférer dans les hôpitaux.

Au 8ème jour de la grève, pour empêcher l’extension du mouvement, Netanyahu transfère le dossier des négociations avec les prisonniers au service du Shabak (services de renseignements). Le ministre Ardan et la direction carcérale se sont opposés à la décision du premier ministre sioniste, considérant qu’il baisse les bras devant les prisonniers. Mais pour Netanyahu, vainqueur des élections législatives sionistes, il s’agit d’éviter l’escalade, après les déclarations des organisations de la résistance, et suite aux rencontres avec la partie égyptienne, qui a endossé le dossier des prisonniers dans les pourparlers au sujet de la bande de Gaza.

Au 14 avril, les grévistes poursuivent leur mouvement, n’étant pas parvenu à un accord avec la direction carcérale. Les unités de répression ont mené une incursion dans la prison de Ramon, section 5. Suite à des altercations, le prisonnier Fahd Sawalhi a été transféré vers les cellules d’isolement alors qu’il se trouvait dans la cellule 72.

Le 15 avril, les prisonniers annoncent être parvenus à un accord avec la direction carcérale qui a accepté les revendications des prisonniers.

Communiqué du mouvement national palestinien des prisonniers (15 avril) :

« Notre peuple insiste sur la volonté d’en finir, et accumule les acquis. Il écrit son histoire par lui-même... Nous, le mouvement national des prisonniers, avons conçu un plan de lutte pour affronter l’attaque sans précédent que l’occupant a lancé pour confisquer tous nos droits et nos acquis que nous avons payés avec le sang, tout au long des précédentes années.. Nous avions affirmé dans notre premier communiqué de 2019 que nous faisons face à une guerre réelle, menée par l’Etat de l’occupation... Lorsque les appareils de brouillage cancérigènes ont été installés dans la section 4 de la prison du Naqab, nous avons senti le danger qui menace nos vies, et avons essayé par tous les moyens d’éviter la confrontation avec le geôlier, mais sans résultats, à cause de son arrogance... Il a poursuivi sa barbarie en transférant les prisonniers de la section 7 de la prison de Ramon vers la section 1 où il avait installé des appareils de brouillage. Il les a attaqués faisant 50 blessés parmi eux lorsqu’ils ont décidé d’incendier les cellules, pour défendre leur vie contre la mort lente provoquée par ces appareils. Nous avons affirmé au geôlier que ce dernier acte criminel allait changer notre comportement envers lui et que le sang de nos frères sera vengé. Le prisonnier Islam Wishahi fut le premier à riposter pour nous rendre la dignité et annoncer la nouvelle étape. Notre ennemi a réalisé qu’il a fait de mauvais calculs et a compris que notre slogan est devenu réalité, nous ne négocions pas notre dignité, qui est une et indivisible.

Parallèlement au déroulement de ces événements, nous avions préparé un plan global pour entrer en grève de la faim, sous le titre : la bataille de la dignité II. qui a commencé le 8.4.2019, avec la grève des responsables et des représentants des comités de dialogue, appartenant aux conseils dirigeants. Le dialogue avec la direction carcérale avait été entamé le dimanche 7.4, mais face à son arrogance, nous avons annoncé la grève pour le lundi 8.4. Nous avons adopté la tactique d’élargir progressivement la lutte tout en essayant de négocier. Le 9/4, le dialogue a repris, avec pour décision de faire participer les prisonniers aux décisions qui devaient être prises.

Nous tenons à honorer nos frères dans la prison du Naqab, section 4 et de la prison de Ramon, section 1, dont le sang pur a inondé le Naqab. Ce sont les grands sacrifices qui annoncent la liberté. La dignité est un droit humain inviolable. Nous tenons à affirmer notre haute estime pour la position de la bande de Gaza, peuple et direction, pour avoir relié notre juste cause aux pourparlers relatifs à la bande de Gaza. Nous remercions également notre peuple en Cisjordanie et dans l’intérieur occupé en 48, notre peuple en exil et les libres de ce monde qui nous ont soutenus et ont appuyé notre lutte.

Nous avons lutté tout en sachant que notre appui, après Dieu, est notre résistance et son cabinet unifié. Elle a eu le courage d’intervenir lorsque l’ennemi nous a attaqués de nuit dans la prison du Naqab. La riposte venue de Gaza fut claire. Au nom de tous les prisonniers, nous saluons notre résistance héroïque qui protège notre projet national palestinien et protège les opprimés et les faibles.

Nous remercions les frères égyptiens pour leur rôle de soutien à notre peuple.

Nous annonçons que nous sommes parvenus à un accord avec le geôlier qui stipule la suppression des appareils de brouillage cancérigènes, et la mise en place, pour la première fois depuis la naissance du mouvement des prisonniers, de téléphones publics dans les prisons et sections, ainsi que le retour à la situation précédant le 16/2, où les événements se sont précipités avec l’installation des appareils de brouillage cancérigènes, et la fin de l’isolement des prisonniers mis en isolement. Nous surveillons ce qui va être exécuté, car on ne peut faire confiance dans l’occupation. Si le geôlier refuse d’appliquer l’accord, nous saurons répondre. La bataille n’est pas finie, car l’étape la plus difficile est celle de l’exécution de ce qui a été conclu. N’arrêtez pas notre solidarité, ne faites pas une brèche dans notre soutien. Nous avons confiance en vous.

A notre grand peuple... Nous avons le droit d’être fiers d’appartenir à vos rangs. »

Vos frères du mouvement national palestinien dans les prisons de l’occupant (15/4/2019)

Les acquis après la grève de la faim : les appareils de brouillage installés ne fonctionneront pas, et il n’en sera pas installé d’autres. Chaque prisonnier aura droit à 3 communications, de 15 minutes chacune, par semaine. Cela commencera par les prisons où sont détenus les enfants, les femmes et dans les prisons du nord de la Palestine occupée. Les prisonnières seront transférées de la prison de Damon vers d’autres prisons. Les prisonniers malades détenus dans « l’hôpital de Ramleh » seront transférés vers l’ancien centre pour les malades, que les sionistes avaient fermé pour « travaux », et réduction des amendes imposées lors des affrontements.

Le vendredi 19 avril, les prisonniers accomplissent la prière collective pour la première fois depuis le début des événements.

2 - Prélude à la grève de la faim

La répression contre les prisonniers s’est accentuée après les recommandations faites par le ministre sioniste de « la sécurité intérieure » Gilad Ardan : confiscation des milliers de livres appartenant aux prisonniers, réduction de la quantité d’eau, installation des caméras de surveillance et des appareils de brouillage. Ces recommandations visent à supprimer les quelques acquis des prisonniers au cours des luttes précédentes.

La surveillance permanente des prisonniers signifie les incursions incessantes, de jour et de nuit, dans les cellules, chez les prisonnières et les prisonniers, et des fouilles anarchiques, des déplacements des prisonniers vers d’autres sections ou dans les cours.

Le 20-21 janvier, des incursions ont été menées dans la prison de Ofer, où les forces spéciales ont utilisé des gaz, des bombes sonores, des balles en caoutchouc et des chiens policiers. Plus de 150 prisonniers ont été blessés. Les prisonniers ont alors incendié certaines cellules et déclaré l’état d’alerte. Le 21 janvier, une incursion a eu lieu dans la section 2 de la prison de Meggido, où l’administration pénitentiaire avait installé des appareils de brouillage.

Depuis le 19 février, les prisonniers dans le Naqab sont visés par la répression Des incursions des forces spéciales ont eu lieu dans les prisons de Ramon et Naqab. Les prisonniers ont alors riposté contre la présence des appareils de brouillage. Les forces spéciales ont réprimé les prisonniers, notamment dans la section A des tentes. Les affrontements entre les prisonniers et la direction carcérale se sont intensifiés jusqu’au 18 mars, lorsque les forces spéciales ont mené une incursion dans la section 7 de la prison de Ramon, et transféré les prisonniers du Naqab vers la section 1 où des appareils de brouillage avaient été installés. Les prisonniers ont affronté ces mesures en incendiant des cellules dans la section 1. Les affrontements se sont poursuivis dans ces deux prisons.

Le 24 mars, les forces spéciales ont utilisé des balles réelles et des bombes sonores contre les prisonniers, blessant 120 prisonniers (fractures des mains et le bassin) et dents cassés, 82 prisonniers sont blessés à la tête. Une nouvelle arme fut utilisée par les sionistes, formée de balles minuscules pouvant toucher plusieurs endroits du corps en même temps, ainsi que des blessures à la tête et dans les yeux. Les prisonniers de la section 3 sont isolés, interdits de visites et de liaisons avec les autres sections. Les geôliers les attachent et les laissent dormir assis, attachés, pendant plusieurs nuits. Les autres prisonniers dans la prison du Naqab ont décidé de refuser les repas, et réclament de visiter la section 3

La direction carcérale a instauré des tribunaux internes aux prisons pour condamner les prisonniers de la section, et imposé des amendes allant jusqu’à 12.000 shekels.

Le même jour deux prisonniers blessés par balles, Islam Wishahi de Jénine et Uday Salem de Bayt Lahem, sont accusés d’avoir poignardé deux geôliers dans la prison du Naqab. La direction carcérale refuse de les soigner. Début avril, les forces de l’occupation investissent la maison familiale du prisonnier Islam Wishahi et menacent sa famille.

Nadi al-Assir annonce que le mouvement des prisonniers a décidé d’entamer la grève de la faim pour protester contre l’installation d’appareils de brouillage cancérigènes à l’intérieur des prisons. Si la direction carcérale sioniste ne recule pas devant les revendications des prisonniers, ceux-ci ont l’intention de lancer un mouvement progressif à partir du 7 avril. La grève se déroulera dans plusieurs prisons, Naqab, Eischel, Ramon et autres.

Face à l’accentuation de la répression, le mouvement des prisonniers a commencé à dissoudre les organisations à l’intérieur des prisons et à intensifier les affrontements. La dissolution des organisations signifie que la direction carcérale n’aura personne pour discuter ou négocier, et qu’elle devra affronter les prisonniers tous ensemble, dans l’anarchie.

Ahmad Saadate et Ahed Abu Ghulme, dirigeants du FPLP en prison, ont rejoint le comité de la direction des pourparlers avec la direction carcérale, le 7 avril, selon le comité Handhala, organe des prisonniers du FPLP.

Le 5 avril, le président du conseil des prisonniers et libérés, Qadri Abu Bakr, a déclaré que les pourparlers entre la direction carcérale et les prisonniers se sont étendus jusqu’au 7 avril, date à laquelle les prisonniers décident d’entamer ou non la grève de la faim. Le jour suivant, le mouvement des prisonniers annonce que les pourparlers enflammés avec la direction carcérale n’aboutissent pas à cause de l’arrogance des sionistes, et annonce qu’il se dirige vers la lutte.

3 – Les prisonniers : état des lieux

Au 20 avril, 6 prisonniers détenus « administratifs » mènent la grève de la faim pour réclamer leur libération.

Ayman Ibtech (39 ans) de Dura (al-Khalil) a entamé une grève de la faim le 16/4, refusant son isolement dans la prison de Ayalon et l’interdiction des visites. La direction carcérale vient de prolonger l’isolement jusqu’au mois de mai. Il avait été placé transféré de Ramon à Ayalon et mis en isolement le 23/12/18, après une altercation avec les services de répression spéciaux qui ont investi la section 4 de la prison Ramon. Il fut frappé sauvagement et transféré. Ayman Ibtech est en détention administrative depuis le mois d’août 2016, et le 5/2/19, la direction carcérale a transformé la détention administrative en accusation d’avoir voulu agressé un gardien de la prison. Ayman Ibtech a mené la grève de la faim par deux fois précédemment contre la détention administrative et obtenu sa libération. Le total de ses années passées en prison s’élève à 13 ans, souvent en détention administrative.

Hussam Razza, 61 ans, de Nablus, est en grève de la faim depuis le 19 mars. Il avait été arrêté le 17/4/2018.

Muhammad Tabanja, 38 ans, de Nablus, poursuit la grève de la faim depuis le 25 mars 2019. Il a été arrêté le 28.6.2018, et est détenu dans la prison du Naqab.

Khalid Farraj, 31 ans, du camp Dhayshé, en grève de la faim depuis le 26 mars 2019. Il réclame sa libération de la détention administrative.

Hassan Uwaywi (35 ans) et Awda Haroub (32 ans), d’al-Khalil, qui ont entamé la grève de la faim en avril 2019 contre la détention administrative. Tous les deux sont pères de famille.

Jusqu’au mois de mars 2019, Nadi al-Assir a compté 5700 prisonniers détenus dans 22 prisons et centres de détention, parmi eux 250 enfants dont 36 Maqdissis en détention à domicile et 5 mineurs détenus dans les « centres spécialisés ». 8 députés du conseil législatif, 430 détenus administratifs, 750 prisonniers souffrant de diverses maladies, dont 34 du cancer et 27 journalistes. 56 prisonniers sont détenus depuis plus de 20 ans, 26 anciens prisonniers sont détenus avant les accords d’Oslo (1993), les plus anciens étant Karim Younis, Maher Younis, qui sont détenus depuis 37 ans.

54 prisonniers libérés lors de l’échange des prisonniers en octobre 2011 ont été à nouveau arrêtés. 587 prisonniers sont condamnés à la prison à perpétuité (une ou plusieurs fois). 218 prisonniers martyrs sont décédés depuis 1967, dont 72 à cause de la torture, 63 à cause de la négligence médicale, 7 à cause de la répression dans les prisons, et 76 prisonniers furent exécutés peu après leur arrestation.

Depuis le début de 2019, 1600 Palestiniens, en majorité Maqdissis, ont été arrêtés, parmi eux 230 enfants et 40 prisonnières. L’occupant sioniste utilise fréquemment les « punitions » collectives, comme ce qui se passe envers la famille Barghouty depuis décembre 2018 : Le jeune Salih Barghouty a été exécuté peu après son arrestation, 40 membres de la famille ont été arrêtés, y compris le père, la mère et le mari de la soeur du martyr et deux cousins.

Parmi les prisonniers ayant été torturés lors des interrogatoires : Assem Barghouty (33 ans) détenu depuis le 9 janvier 2019, Ziyad Shalalde (44 ans) qui fut arrêté avec son fils Mahmud, et qui a été gravement blessé au cours des interrogatoires,

47 prisonnières sont détenues dans la prison de Damon. Celles qui étaient détenues dans la prison de Hasharon ont été transférées à la prison de Damon où les conditions de détention sont inhumaines, et l’humidité élevée. Les anciennes prisonnières détenues dans Hasharon avaient lutté contre la présence de caméras de surveillance dans la cour. Elles ont alors été transférées vers Damon où il n’y a ni cuisine, ni bibliothèque. A Damon, les prisonnières sont interdites de recevoir du matériel ou des livres, les caméras de surveillance sont installées dans la cour, les salles de douches ne ferment que par des rideaux que les prisonnières ont installés, et les conditions des visites sont pénibles pour les parents. Parmi les prisonnières, 22 sont mères de familles.

Les tribunaux de l’occupation ont condamné, au cours du mois de mars, 34 enfants et imposé le paiement de lourdes amendes, dont le total s’est élevé à 37.000 shekels.

4 – La résistance palestinienne et la lutte des prisonniers

Dans un message audiophonique, M. Ziyad Nakhalé, secrétaire général du mouvement du Jihad islamique en Palestine, a tenu à saluer la lutte des prisonniers, au cours de la troisième journée de grève (10 avril), disant que la résistance palestinienne respectera sa promesse de défendre les prisonniers, par tous les moyens, quels que soient les sacrifices, jusqu’à leur libération, ajoutant que « Sayara al-Quds et Al-Qassam sont prêts à défendre le peuple palestinien contre toute agression possible. »

Khaled al-Batch, membre du bureau politique du Mouvement du Jihad islamique en Palestine, a déclaré que les agressions sionistes à l’encontre des prisonniers interviennent dans le cadre des élections sionistes qui devraient avoir lieu en avril (18/3). Il a appelé à des mouvements de solidarité massifs avec les prisonniers et à empêcher les colons de vivre tranquilles, afin que le décideur sioniste réalise que la répression contre les prisonniers ne sera pas bénéfique.

Au 3ème jour de la grève, Abu Ubayda, porte-parole des Brigades d’al-Qassam, annonce que les Brigades ont demandé à « l’unité de l’ombre » qui surveille les prisonniers de l’occupant, d’agir avec ces prisonniers de la même manière que l’occupant agit avec les prisonniers palestiniens. S’adressant à l’occupant, Abu Ubayda affirme que le comportement avec Gilad Shalit ne se répètera pas s’il continue à réprimer les prisonniers. S’adressant aux prisonniers, il a déclaré : « nous portons vos soucis, par les actes et non seulement en aroles. Nous mettons votre cause au-dessus de toute considération. »

Dr Alayan, responsable du dossier des prisonniers au mouvement du Jihad islamique, a déclaré que les prisonniers qui mènent la bataille de la dignité II ne sont pas seuls, et n’ont d’autres choix que de remporter la victoire, car le temps des défaites est dépassé. « Nous devons tous faire de cette bataille un brasier qui brûle les sionistes et tous ceux qui les soutiennent, et qui normalisent leurs relations avec eux. » Il a poursuivi : les branches armées de la résistance sont des soldats au service des prisonniers et de leur cause.

Isma’îl Haniyyé, président du bureau politique du mouvement Hamas a affirmé que la victoire des prisonniers dans les prisons de l’occupant aura des répercussions positives sur les pourparlers concernant la bande de Gaza.

Le FPLP a appelé au soutien massif de la lutte des prisonniers comme moyen de faire pression sur l’occupant.

Jamil Muzher, membre du bureau politique du FPLP a déclaré que « les prisonniers mènent la bataille de la fierté, de la résilience et de la dignité face à l’occupation et ses geôliers, en avant-garde du peuple palesitnien et de la nation arabe. »

De son côté, le porte parole du mouvement du Jihad islamique, Mus’ab al-Brim, a déclaré au premier jour de la grève : « nous soutenons les revendications des prisonniers, et nous mettons en garde l’occupant de bafouer leur dignité, car la résistance n’hésitera pas à riposter ».

Le porte-parole du mouvement al-Ahrar à Gaza, Yassir Khalaf, a déclaré que la question des prisonniers fait l’unanimité nationale, elle restera à la tête des priorités des Palestiniens, et s’adressant aux prisonniers, il a déclaré : « la résistance sera toujours prête avec ses armes pour libérer les prisonniers, la résistance possède un bien stratégique pouvant obliger l’occupant à s’incliner devant ses conditions et à répondre aux revendications des prisonniers ».

Le FDLP appelle toutes les forces palestiniennes à rassembler leurs énergies populaires, médiatiques, politiques et juridiques, autour du soutien aux « héros du mouvement des prisonniers... Le mouvement des prisonniers a affirmé, par son unité et sa ténacité, qu’elle constitue l’un des leviers les plus importants dans la lutte contre l’occupant. »

5 – la solidarité

Le comité national pour briser le blocus et le comité supérieur national pour les marches du retour ont organisé un rassemblement de soutien aux prisonniers en lutte. Mohamad Abu Jalala, ancien prisonnier libéré a déclaré : malgré la douleur et la faim et les complots contre Gaza, Gaza reste l’espoir pour la libération des prisonniers, l’espoir pour la nation contre la normalisation et le deal du siècle, et la route vers la dignité commence par al-Quds et la Palestine (9 avril).

Le comité pour les prisonniers issu des forces nationales et islamiques dans la bande de Gaza organise, au second jour de la grève, une série d’activités en soutien aux prisonniers. Son responsable, Allam Ka’bi, annonce un rassemblement devant le siège de la croix-rouge. Le même jour, les organisations de la résistance organisent un rassemblement devant le barrage de Bayt Hanun/Eretz.

Le porte-parole de l’institution « Muhjat al-Quds », qui s’occupe des prisonniers, a déclaré que les appareils de brouillage installés par l’occupant dans les prisons constituent une violation flagrante des droits humains. Outre le fait qu’ils brouillent les ondes radiophoniques et télévisés et les téléphones, ils provoquent des maux de tête intenses, et les prisonniers craignent leurs effets.

« Muhjat al-Quds » et le mouvement des Ahrar à Gaza organisent un rassemblement de soutien aux prisonniers en lutte, le 13/4. Le même jour, le congrès populaire des Palestiniens de l’extérieur appelle le peuple palestinien et ses organisations, et les peuples arabes et musulmans, et les peuples libres, à affirmer leur solidarité avec le mouvement de lutte des prisonniers.

Les associations palestiniennes et allemandes ont organisé un rassemblement de solidarité avec la lutte des prisonniers palestiniens, à Berlin. Les organisateurs ont demandé au gouvernement allemand des positions claires sur le conflit et la cessation de l’alignement inconditionnel aux côtés de l’occupant.

Le syndicat des avocats palestiniens appelle à soutenir la lutte des prisonniers et à participer à toutes les manifestations et rassemblements, et autres actions, en soutien à ceux qui sont « notre fierté ».

Lors de la journée du prisonnier palestinien, le 17 avril, les manifestations et rassemblements qui ont eu lieu dans tout le territoire palestinien, occupé en 67 ou 48, a célébré la victoire des prisonniers, et affirmé la volonté de poursuivre le soutien jusqu’à leur libération.

La marche du retour du 18 avril, qui dure depuis plus d’un an, dans la bande de Gaza est dédiée aux prisonniers et à leur lutte.

6 - Du côté de l’Autorité palestinienne

Le procureur de l’Autorité Palestinienne renouvelle la détention du dirigeant au mouvement du Jihad islamique, Ahmad Nasr (50 ans), accusé d’avoir reçu illégalement de l’argent. Dans le dictionnaire de l’AP, « illégalement » signifie sans passer par la voie de l’AP. Ce n’est pas la première fois que les services sécuritaires arrêtent et détiennent des Palestiniens soucieux d’aider les familles de martyrs et des prisonniers, que l’AP cherche à isoler, selon les directives de l’occupant et des puissances qui la financent.

Les services sécuritaires de l’Autorité Palestinienne ont arrêté un membre dirigeant au mouvement du Jihad Islamique, Ahmad Dar Nasr.

Les services sécuritaires de l’Autorité Palestinienne interdisent de célébrer le lancement d’un livre écrit par un prisonnier, sur les combattants prisonniers dans les geôles sionistes, à Jénine. Ce livre paru au mois d’avril a été imprimé et édité en Cisjordanie occupée, par une imprimerie appartenant à un ancien prisonnier. Les exemplaires du livre ont été confisqués et l’imprimerie fermée.

Depuis plusieurs mois, l’Autorité Palestinienne dirigée par Mahmud Abbas a supprimé la contribution financière aux prisonniers et anciens prisonniers libérés, appartenant à des organisations combattantes ou ayant des positions nationales avancées. Les rassemblements réclamant le retour à ces contributions se déroulent en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza. Ces contributions fixées par l’OLP il y a des décennies sont un droit acquis par les prisonniers, que ne contestent que ceux qui veulent se rapprocher des USA.

Source : CIREPAL - Centre d’information sur la Résistance en Palestine