Syrie, Liban : l’impasse palestinienne

lundi 27 février 2017

Chassés par la guerre, près de 50 000 Palestiniens ont fui la Syrie pour le Liban ces dernières années. Ils ont rejoint les quelque 300 000 Palestiniens du Liban qui y vivent depuis trois générations dans les camps, sans droits civiques.

Un après-midi au camp palestinien de Chatila, au sud de Beyrouth. Quatre enfants jouent sur le tapis du « salon », une petite pièce de quelques mètres carrés où dorment les parents Maher et Warda. « Notre camp était constamment bombardé par le régime. Nous ne pouvions plus rester en Syrie », expliquent-ils. « Là-bas, je pouvais être arrêté à tout moment et disparaître », assure Maher, le père, âgé de 36 ans. Il y a quatre ans, la balle perdue qui a atteint leur petit garçon au cours d’affrontements à l’intérieur du camp entre forces pro et anti-régime les a décidés à plier bagages.

Comme près de 50 000 Palestiniens de Syrie – sur les 450 000 que compte le pays –, Maher, Warda et leurs enfants ont fui la guerre pour se réfugier au Liban voisin. Ces « deux fois déplacés » ont depuis rejoint la quinzaine de camps palestiniens installés au Liban et où, depuis trois générations désormais, survivent dans des conditions précaires les familles chassées de Palestine. Si le Liban a, dès le début de la guerre en Syrie, accueilli très largement les Syriens, les conditions d’accueil des Palestiniens de Syrie ont été bien plus difficiles.

Les cicatrices de la guerre civile – déclenchée par les affrontements entre Palestiniens et l’armée – sont encore là. Les quelque 300 000 Palestiniens présents au Liban et dont les parents ou grands-parents sont arrivés pour l’essentiel après 1948, au moment de la création de l’État d’Israël, sont toujours considérés comme des étrangers. Officiellement, il s’agit de faire pression sur Israël en continuant à défendre leur « droit au retour », en application de la résolution 194 de l’ONU votée le 11 décembre 1948. Dans les faits, les Palestiniens du Liban restent une minorité discriminée, souvent perçue avec méfiance par les autorités libanaises. Le pays a donc multiplié les obstacles pour limiter au maximum l’afflux des Palestiniens de Syrie.

JPEG - 126.9 ko Ayash et Mohammed dans le camp de Chatila © LD

Certains Palestiniens de Syrie ont pourtant retrouvé au Liban des membres de leur famille, séparée au cours des différentes vagues d’exil. Damas, entourée de plusieurs camps palestiniens, n’est qu’à trois heures de route. « Nous ne connaissions personne en arrivant ici, mais Chatila est le camp le moins cher de tous les camps palestiniens du Liban », précise Maher. Il est aussi le plus insalubre et l’un où l’insécurité est la plus grande.

Sur ce confetti d’un kilomètre carré, symbole du martyre palestinien (en 1982, les milices phalangistes massacrent des centaines de personnes dans le camp encerclé par l’armée israélienne), s’entassent désormais près de 40 000 personnes. « Avant la guerre, il y avait 10 000 personnes ici… Depuis, on se pousse, on rajoute des étages aux maisons », soupire Imad Raad, responsable du Centre d’aide à la jeunesse dans le camp, en désignant les constructions de bric et de broc.

Depuis un an et demi, Maher et Warda n’ont pas mis un pied hors du camp.

« Le gouvernement nous demande de payer 200 dollars par personne et par an pour résider au Liban. C’est impossible pour nous, puisque nous n’avons rien », raconte le père de famille. L’oppressant camp de Chatila – officiellement contrôlé par l’Autorité palestinienne et où la police libanaise n’a pas le droit d’entrer – est le dernier refuge de cette population prise en étau.

« Les Palestiniens ont été forcés de s’engager dans cette guerre qui n’est pas la leur ! » affirme Maher dont le frère, contraint à se battre par le régime de Bachar al-Assad, est mort l’an dernier au combat. Alors que l’OLP a, dès le départ, tenté de garder une neutralité dans le conflit, les camps palestiniens ont été le théâtre de violents combats entre organisations pro ou anti-régime. Yarmouk, le plus grand camp de Syrie, où s’était infiltré l’État islamique, a été en grande partie détruit par les bombardements.

Maher préfère ne pas s’étendre : « Le régime est ici dans le camp. On essaie de ne pas parler politique pour ne pas avoir de problèmes. »

Sa famille vit, ou plutôt survit, comme la plupart des habitants du camp, sous perfusion de l’aide de l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens. Et aussi grâce à l’aide alimentaire de quelques ONG sur place. Pour ces Palestiniens de Syrie, la chute est rude. En Syrie, les Palestiniens sont autorisés à travailler, peuvent accéder à l’administration et font même leur service militaire. « En Syrie, nous avions notre propre maison. On vivait bien. Nous n’avions aucun problème avec les Syriens », affirme Warda. La dizaine de camps palestiniens que compte la Syrie ressemblent davantage à des quartiers intégrés à la ville qu’à des bidonvilles comme au Liban.

Une femme, la cinquantaine, portant un petit garçon, s’encadre dans la porte et hésite à entrer. Elle fait signe qu’elle ne souhaite pas nous parler. Depuis une semaine, Maher et Warda hébergent cette lointaine cousine, qui vient du même camp qu’eux en Syrie. Sa fille et son gendre sont morts l’an dernier en essayant de franchir la frontière syro-turque, nous explique Maher. « L’armée turque leur a tiré dessus et expliqué, après coup, les avoir pris pour des combattants du PKK », raconte-t-il. L’enfant de trois mois a survécu mais sa grand-mère, après d’interminables démarches administratives et tests ADN, vient seulement de récupérer son petit-fils, qui avait été placé dans un orphelinat turc. Elle ne veut plus parler aux humanitaires ni aux journalistes. Certains avaient promis de l’aider et n’ont rien fait. Elle va repartir bientôt pour la Syrie. Là-bas, la situation n’est pas sûre mais elle n’a pas d’autre option, finit-elle par expliquer. « Là-bas, je serais obligé de combattre »

Lorsqu’on leur demande s’ils envisagent un jour prochain de retourner en Syrie, Maher et Warda restent un instant muets. « Nos frères, nos sœurs sont restés là-bas. C’est terrible ce qui s’y passe. Le camp, contrôlé par le Hezbollah, est devenu plus calme mais ils n’ont rien à manger. Ils essaient de partir mais c’est impossible. Le Liban a fermé la frontière. »

Comme beaucoup de Palestiniens de Syrie l’ont déjà fait les années passées, ils ont d’abord cherché à fuir vers l’Europe. Au début, ils ont fait le siège des consulats, avant de comprendre que toutes les portes légales étaient closes. Ils espèrent que la communauté internationale ne les oublie pas. « Nous n’avons pas de pays. Nous ne pourrons pas retourner en Syrie. Où pouvons-nous aller ? » lance Maher. « Je ne veux pas risquer la vie de mes enfants dans la mer », dit sa femme, Warda, pour clore la discussion.

La situation des Palestiniens de Syrie au Liban est pourtant particulièrement rude. « Si quelque chose se passe mal dans le camp, je ne peux pas répondre. Il ne faut pas causer de problème », explique Maher. « Il peut même être tué pour un mot ! C’est arrivé ici à d’autres », insiste Warda, agacée par les circonlocutions de son mari. « On est traités comme des moins que rien ici ! Cela fait quatre ans que nous sommes ici et ils nous considèrent toujours comme des étrangers. Je croyais qu’on était un seul peuple ! » s’étrangle-t-elle.

« Si la solidarité interpalestinienne a bien joué au début de la guerre, elle commence à se heurter à une concurrence des pauvres », confirme le chercheur Nicolas Dot-Pouillard, auteur de La Mosaïque éclatée : une histoire du mouvement national palestinien (1993-2016), chez Actes Sud.

Maher comprend d’ailleurs en partie l’hostilité des Palestiniens du Liban à leur égard. « Nous acceptons n’importe quel travail, à n’importe quel prix. Bien sûr que cela les énerve », reconnaît le père, qui travaille parfois pour 10 dollars la journée.

Warda, indignée, raconte que dans l’école près du camp, fréquentée par les Palestiniens des camps de Sabra et Chatila, les autres enfants ne veulent pas jouer avec son fils aîné. « Ils lui disent : tu es syrien. Retourne chez toi ! » Mohammed, dix ans, assiste les yeux écarquillés à la discussion mais s’effarouche lorsqu’on lui adresse la parole. « Il est choqué depuis que nous avons fui la Syrie, explique sa mère. Il a des cauchemars et fait pipi au lit toutes les nuits. Nous avons vu un médecin mais ce n’est pas un problème physique. » Dans la survie au quotidien, les problèmes psychologiques des réfugiés, parfois très lourds, passent un peu à l’arrière-plan.

« Il y a ici beaucoup de jeunes en dépression, renchérit Maher. Avant, il y avait l’espoir de partir. Aujourd’hui, tout s’est refermé. »

Mounir, un jeune Palestinien de Syrie, habite avec sa mère et ses sœurs à quelques ruelles de là. Arrivé à 15 ans, il a dû brutalement interrompre sa scolarité. Le cursus, qui au Liban comprend beaucoup d’anglais, était trop difficile à suivre. « J’ai eu du mal à me faire des amis dans le camp au début. Les gens sont très différents ici. J’ai entendu des insultes, des gros mots. Maintenant, ça va mieux », raconte-t-il. Il fait des petits boulots çà et là, dans la construction ou l’électricité. Il a récemment perdu un ami, électrocuté alors qu’il tentait de réparer des fils. Ces fils qui pendouillent entre chaque maison.

Sa famille est arrivée au Liban en 2012, après la disparition du père qui travaillait dans un commerce. « Son frère avait été arrêté à un check-point du régime. Il est allé se renseigner pour savoir ce qui lui était arrivé et il n’est jamais revenu », nous explique Amina, sa mère.

À cause des bagarres, des armes, de la drogue sous toutes ses formes, Amina reconnaît qu’elle a parfois peur pour son fils à Chatila. Elle raconte avoir quitté son premier appartement parce que dans l’immeuble, deux jeunes passaient leurs journées à se défoncer. « En Syrie, c’était inimaginable de voir des gens vendre de la drogue comme ça, dans la rue », souffle-t-elle. Pendant notre conversation, plusieurs coups de feu retentiront à proximité sans que personne n’y prête la moindre attention. Retourner en Syrie est pour l’instant exclu. « Là-bas, je serais obligé de combattre », précise Mounir.

« Aujourd’hui, les Palestiniens du Liban sont devenus minoritaires à Chatila, c’est un camp majoritairement syrien », détaille Imad Raad, que nous rencontrons dans son bureau aux murs tapissés de cartes de la Palestine.

Les responsables politiques n’aiment pas trop s’attarder sur le sujet mais beaucoup de familles palestiniennes du Liban louent leur appartement à ceux arrivés de Syrie, ce qui leur permet parfois de sortir du camp. L’aide globale de l’UNRWA, déjà insuffisante, a privilégié les Palestiniens arrivés de Syrie, ce qui a suscité des tensions. « Depuis le début de la guerre en Syrie, beaucoup de Palestiniens du Liban ont pris la route de l’Europe en se faisant passer pour des Syriens », raconte Imad Raad. Il faut dire que la situation au Liban pour les Palestiniens s’est nettement durcie ces dernières années.

JPEG - 127.1 ko Portrait d’Arafat au camp de Mar Elias © LD

Dans son petit bureau à l’intérieur du camp de Mar Elias, au sud de Beyrouth, Souheil al-Natour, figure de la communauté palestinienne au Liban et membre du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), ne cache pas son amertume. « Le Liban n’a jamais voulu accorder leurs droits humains aux Palestiniens », assure-t-il. L’argument officiel des gouvernements libanais successifs, selon lequel intégrer les Palestiniens serait le meilleur cadeau fait à Israël et obérerait définitivement leur « droit au retour », c’est-à-dire l’application de la résolution 194 de l’ONU, le fait bondir. « Il y a une différence entre obtenir des droits civils et obtenir la citoyenneté libanaise ! Nous payons nos impôts ici et pourtant, nous n’avons droit à aucun service, que ce soit sur l’éducation, la santé, la retraite. C’est la troisième génération née dans les camps et ils n’ont toujours pas de droits civiques ?! » s’indigne-t-il. « J’habite dans un appartement que j’ai payé en m’endettant mais je n’en suis pas officiellement propriétaire, mes enfants ne pourront pas en hériter », se désole-t-il. Comme l’accès à la propriété est refusé aux Palestiniens, beaucoup utilisent des prête-noms mais sans aucune garantie légale. Il héberge depuis quelques semaines sa sœur, arrivée du camp de Yarmouk en Syrie, ravagé par les affrontements entre pro et anti-régime. « Il y a beaucoup de liens familiaux avec les Palestiniens de Syrie. Nous faisons ce que nous pouvons pour les accueillir. Je peux bien héberger ma sœur pendant un mois, mais après ? » s’interroge-t-il. « À la fac, certains me demandaient si j’habitais dans une tente ! »

En 2010, le gouvernement libanais a officiellement infléchi sa politique et ouvert un peu plus l’accès à l’emploi pour les Palestiniens. Dans les faits, explique Souheil al-Natour, il faut toujours un « permis de travail » distribué par le ministère du travail. Et ceux-ci ne sont lâchés qu’au compte-gouttes.

L’accès au travail est en ce sens beaucoup plus difficile pour les Palestiniens du Liban que pour les réfugiés syriens, mais aussi les travailleurs soudanais, égyptiens…

Être diplômé ne protège pas les jeunes Palestiniens du chômage. Rawan, 24 ans, diplômée en tourisme, que nous rencontrons dans le quartier de Hamra, enrage de voir toutes les portes de l’emploi se fermer. « Et si jamais on décroche quelque chose, il va de soi qu’on sera payé la moitié de ce que serait payé un Libanais », peste-t-elle. Née au Liban, elle ne peut se représenter son avenir ici, comme la plupart des jeunes Palestiniens que nous avons rencontrés. Officiellement, elle croit toujours au « droit au retour » – son père est un « martyr » et la question ne se pose pas –, mais comme beaucoup de Palestiniens, elle regarde pour l’instant vers l’Europe ou le Canada. Elle peste que nombre de Libanais perçoivent encore et toujours les Palestiniens comme un fardeau pour le pays, voire une menace pour la paix civile. « À la fac, certains me demandaient si j’habitais dans une tente ! » s’indigne la jeune femme très apprêtée. « Dès qu’il se passe quelque chose, un fait divers aux informations, on accuse d’abord les Palestiniens », assure-t-elle, avant de préciser que ces anathèmes sont souvent le fait de la minorité chrétienne du Liban.

JPEG - 116 ko Peinture murale dans le camp de Mar Elias. © LD

« Le Liban continue de considérer les Palestiniens avant tout comme un problème sécuritaire », assure Salah Salah, fondateur du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) aux côtés de Georges Habache. La présence de groupes djihadistes dans certains camps palestiniens, au nord dans celui de Naher et au sud, près de Saïda, justifie une présence militaire accrue autour des camps, très mal vécue par les Palestiniens. Le camp du nord vit sous le couvre-feu. Il y a quelques mois, le gouvernement libanais a même commencé à construire un mur de béton autour du grand camp de Aïn Heloué près de Saïda, rapidement comparé au « mur de la honte » construit par Israël. Avant de renoncer devant la désapprobation générale.

Salah Salah estime que les Palestiniens sont finalement « les grands oubliés » des conflits régionaux. Les partis politiques libanais qui traditionnellement défendaient la cause palestinienne ne le font plus qu’en façade. « Théoriquement, ils soutiennent la cause palestinienne, mais dès qu’ils entrent au Parlement, c’est une autre histoire : il faut trouver des alliances ! » raille-t-il en rappelant l’alliance entre le Hezbollah et le général Aoun, qui se sont notamment affrontés par le passé sur la présence palestinienne au Liban.

Alors que la guerre en Syrie s’enlise, que le Liban ploie sous l’afflux des réfugiés, la cause palestinienne n’a sans doute jamais été autant dans l’impasse.

« Il n’est même pas sûr que nous ayons le droit de mourir, glisse malicieusement Souheil al-Natour en allumant une énième cigarette. Les cimetières sont pleins et on a entendu des cheikhs dire qu’il fallait laisser la priorité aux Libanais ! »

21 février 2017 Par Lucie Delaporte pour Mediapart.

[**Sur le site de palestine13*]
* Bénévoles pour un projet de formation professionnelle dans les camps de réfugiés de Chatila et de Borj el Barajneh
* Réfugiés syriens : même à Gaza
* parution de l’ouvrage : quelle citoyenneté dans les camps de réfugiés
* Des réfugiés et leur parcours : Mazen Abu Ayyash
* Vidéo : à Sabra et Chatila, l’école pour sortir des camps
* Camp de Yarmouk attaqué par Daesh

* Écoutez l’émission du 1er mars à 18h sur Radio galère, sur le thème des réfugiés au Liban, leur histoire, leur vie aujourd’hui.

[**et rendez vous le 1er mars à 18h30 pour la soirée de solidarité avec la Palestine*]
Local de Solidaire - 29 boulevard Longchamp - 13001 Marseille
Soirée de solidarité avec la Palestine
projection du film : Les « chebabs » de Yarmouk
petite restauration et débats

film documentaire à voir : Les Chebabs de Yarmouk
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Les « chebabs » de Yarmouk, c’est avant tout une bande de potes, qui se connaissent depuis l’adolescence… Dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Moyen-Orient, créé en Syrie en 1957, ils partagent leur quotidien, se cherchent un avenir. Troisième génération d’exilés, ils ne rêvent plus du retour en Palestine. Mais leur soif de vivre, leur désir de révolte se heurtent aux murs du camp.

Au seuil de choix existentiels, l’Histoire les rattrape à nouveau. En mars 2011, éclate la Révolution en Syrie. Le camp sera en grande partie détruit, leur vie bouleversée. Le film, tourné juste avant, cristallise leurs derniers moments, ensemble, à Yarmouk.

un film de Axel Salvatori-Sinz
Après des études en anthropologie, durant lesquelles il s’est spécialisé dans l’étude des sociétés arabes et musulmanes, il complète un Master 2 en réalisation documentaire.
le réalisateur du documentaire "Les chebabs de Yarmouk", Axel Salvatori-Sinz, revient sur l’une des figures de son documentaire, Hassan, qui a été arrêté en Syrie et torturé à mort en prison
https://www.youtube.com/watch?v=tp4IBIcrv3g