Témoignages de parrains et marraines de prisonniers politiques palestiniens

vendredi 21 juin 2019

Le parrainage de prisonniers politiques palestiniens est une démarche de solidarité qui vise à la fois à exprimer une solidarité concrète envers les prisonniers en leur témoignant un soutien direct et à afficher auprès du gouvernement israélien une solidarité qui continue à s’exprimer malgré tous les efforts qu’il déploie pour la faire taire.

Le parrainage peut prendre plusieurs formes : soutien direct au prisonnier en lui écrivant à la prison même si peu de courriers sont distribués.

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Depuis plus d’un an, des parrains / marraines complètent leur action en soutenant la famille du prisonnier grâce à des contacts téléphoniques. Ces appels téléphoniques ont lieu avec la famille ou mieux avec le prisonnier lui-même après sa libération. Un petit guide est à la disposition des appelants afin de faciliter le premier contact.

En savoir plus sur le parrainage de prisonniers politiques palestiniens

Voici deux témoignages rapportés par une marraine et un parrain auxquels les coordonnées de la famille avaient été communiquées.

Témoignage reçu il y un an d’un appel auprès d’un frère de prisonnier :

« J’ai pu appeler ce soir au numéro communiqué.

Nous sommes tombés directement sur un frère du prisonnier que je parraine.
J’ai appelé avec mon mari qui est Algérien et donc il traduisait mes questions en arabe.

A….est toujours dans la même prison (Mitzpeh Ramon). Il reçoit bien mes courriers mais par contre lui et sa famille ne comprennent que l’arabe. Cependant son frère nous a dit qu’il se débrouillait toujours pour trouver quelqu’un qui comprenne le français ou l’anglais pour lui traduire ...

La famille a des laisser-passer tous les mois pour 3 personnes et donc ils vont à tour de rôle, ses frères, sa mère, ses tantes, ..., le visiter. A… n’est donc pas complètement coupé des siens (pour information, il a été condamné à perpétuité en 2006 ; il était tout jeune lors de son arrestation.)

J’ai essayé de savoir comment on pouvait mieux le soutenir, lui être plus utile, sachant qu’on ne peut (à ma connaissance) rien envoyer d’autre que des lettres et des photos, et son frère nous a donné un autre numéro de téléphone à appeler au besoin, le sien si j’ai bien compris.

Il y avait beaucoup d’émotion de part et d’autre ; j’ai dit que cela faisait 3 ans que je cherchais à avoir des nouvelles d’A…. et que j’étais très heureuse que nous puissions enfin être en contact avec sa famille.

Je crois que nous ne nous sommes pas compris en ce qui concerne l’utilisation des réseaux sociaux. (...) Peut-être que je pourrai établir un contact via internet par la suite.

En tout cas mille mercis pour la transmission de ce numéro de téléphone ! Savoir qu’A…. reçoit bien ses courriers ça remotive !

Et le petit guide en fichier Word a été bien utile, même avec un mari algérien (et surtout mon niveau d’arabe quasi nul !) »
- C.B.

Autre témoignage d’un appel auprès du père d’un prisonnier :

« L’appel a duré 12 min. La discussion était en arabe. Au début une voix de jeune à qui j’ai expliqué l’objet de mon appel. Ce jeune a donné le téléphone à « son père ou son grand-père » (en arabe on peut appeler le grand-père père). Ce père m’a décrit brièvement son état de santé : 86 ans, plusieurs maladies, il est devenu aveugle ce qui l’empêche d’aller rendre visite à son fils. Il ne peut y aller qu’accompagné de quelqu’un de la famille qui doit obtenir une autorisation de passage en Israël et de visite. Cela fait très longtemps qu’il n’a pu rendre visite à son fils.

Ce Monsieur m’a aussi expliqué que son fils est en prison depuis 28 ans et 6 mois.
Pendant son absence, sa mère est morte ainsi que son frère aîné et ses 2 sœurs se sont mariées.

Il n’était pas informé de notre action et il ne sait pas si son fils reçoit ou non mes lettres. Il n’est pas du tout au courant de ce qui se passe à la prison. Il nous remercie énormément de notre action. Il nous encourage à continuer de nous occuper du sort des prisonniers et de leur écrire.

Pour moi ce fut un moment très émouvant d’entendre un père raconter tous ses malheurs et l’absence de son fils qui a été emprisonné à l’âge de 22 ans et qui a actuellement plus de 50 ans sans pouvoir même se marier (sic). »
- H.M.

Témoignages recueillis par le Groupe de Travail prisonners politiques palestiniens de l’AFPS

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