Un message de Jean-Claude Lefort, père d’Elsa Hamouri, ex-président de l’Association France Palestine Solidarité

lundi 29 février 2016

Bonjour,
J’ai reçu plusieurs messages me demandant des nouvelles d’Elsa et de Salah.
Comme vous le savez, la levée d’interdiction d’entrée en Israël n’a pas été obtenu avant qu’Elsa ne puisse plus prendre l’avion - au 8ème mois de sa grossesse. Salah est venu la rejoindre en vu de l’accouchement qui, théoriquement, devrait avoir lieu à la mi-mars.
Ensuite, et compte tenu qu’un bébé ne peut prendre l’avion avant deux mois, la question du retour d’Elsa et du bébé (un garçon) se posera de nouveau car il est exclu d’accepter l’inacceptable qui a été dit à un parlementaire : que Salah quitte la Palestine et s’installe en France. Ce n’est pas le choix du couple et il est hors de question d’accepter ce plan diabolique à rattacher de la question du nettoyage ethnique, notamment à Jérusalem. Rien ne peut justifier ce droit fondamental : vivre là où on a choisi de vivre.
Nous sommes pour l’heure dans l’attente de l’heureux événements qui, compte tenu de la situation forcée, nous occupe beaucoup !
Merci de vos témoignages et de votre solidarité.
Jean-Claude Lefort

mise à jour le 29 février 2016


Un message d’Elsa, la fille de Jean-Claude Lefort, ex-président de l’Association France Palestine Solidarité, enceinte de son mari Salah Hamouri, expulsée d’Israël
le 11 février 2016

[**Mesdames, Messieurs,
Dans deux jours je ne pourrai plus prendre l’avion, enceinte de 8 mois, pour aller accoucher là où je vis, à Jérusalem, près de mon mari, Salah Hamouri, un franco-palestinien.

Jusqu’au bout je ferai tout mon possible pour y parvenir et votre soutien m’est particulièrement précieux dans ce moment difficile à vivre que je ne souhaite à personne de connaitre, même à mon pire ennemi.

J’ai été expulsée d’Israël à mon retour de France où j’ai pu, enfin, venir pour passer les fêtes de fin d’année avec ma famille et mes amis. Je n’étais pas sortie du territoire israélien depuis 18 mois pour cause d’impossibilité administrative.

C’était une grande joie pour moi et mon mari, une joie qui s’est terminé en cauchemar à mon retour.

Le 5 janvier, à mon retour à Tel Aviv, les gardes-frontières israéliens m’ont bloquée puis jetée en prison pendant deux jours malgré ma grossesse.

J’avais pourtant un visa officiel valable un an, jusqu’en octobre 2016. Ce “visa de service” avait été délivré par les autorités israéliennes elles-mêmes à la demande du Consulat français de Jérusalem où je suis employée.

C’est donc non seulement moi mais notre pays, la France, qui a été ainsi atteinte par les autorités israéliennes sans la moindre humanité ni respect de leur propre engagement attaché à ce visa “multiples entrées et sorties” qu’ils avaient délivré en toute connaissance de cause.

On m’accuse d’être “dangereuse” pour la sécurité d’Israël ! Ceci sur la seule base d’une affirmation du Shin Beth qui n’a pas eu à fournir, car tel n’est évidemment pas le cas, la moindre preuve de leur accusation. Seule leur parole vaut.

Quand je suis venue en France le 21 décembre, je n’étais pas “dangereuse” et le 5 janvier je l’étais devenue !

Cet arbitraire absolu n’est pas sans arrière-pensées. Si notre enfant ne nait pas à Jérusalem, il sera uniquement Français et il sera exposé à toutes les tracasseries, voire à l’impossibilité, de se rendre à Jérusalem pour vivre avec nous et, plus tard, pour voyager et revenir à Jérusalem.

Ce statut des plus précaires pour notre enfant, le soumettrait à la seule discrétion des autorités israéliennes. C’est inacceptable d’envisager cela pour la mère que je suis et pour son père qui est Jérusalémite.

Je continuerai jusqu’au bout à clamer le respect du droit qu’on a bafoué pour des raisons politiques.

Jérusalem, comme vous le savez, est annexée par Israël malgré cette non acceptation ni reconnaissance par l’ONU. La partie orientale, arabe, est vidée de mille manières de ses habitants par la “Force occupante”, selon l’expression employée par l’ONU.

Je suis, nous sommes mon mari, moi et notre enfant, dans le “viseur” de cette politique. C’est effroyable mais c’est ainsi.

Les autorités françaises ont fait savoir leur désaccord avec cette situation. Mais les dirigeants israéliens ne cèdent pas. Je n’imagine pas que notre diplomatie soit sans moyen pour régler ce “cas”.

Je voulais vous dire tout cela avant je ne sais quelle issue. Et saluer fortement votre soutien, ce que vous avez fait pour nous venir en aide - dans votre grande diversité sociale et politique - et saluer ce que vous ferez peut être pendant qu’il est encore temps.

Je voulais vous remercier tout simplement et ne je manquerais pas de vous tenir informés des évolutions de cette situation.

Avec mes meilleurs sentiments.
Elsa Lefort

11 février 2016, Paris*]
Photo : Martin Bureau / AFP

Après Salah Hamouri, sa femme et leur enfant frappés par l’arbitraire israélien !

L’acharnement israélien contre Salah Hamouri continue obstinément. Trois ans après qu’il soit sorti de prison où il a passé 7 ans de sa jeune vie, sur la base d’un dossier vide, les dirigeants israéliens le poursuivent pour l’empêcher d’avoir une vie normale sur la terre où il est né : en Palestine. Des ordres militaires succèdent aux ordres militaires restreignant sa liberté de mouvement et d’études, cherchant à l’empêcher de vivre « normalement ».

Et maintenant, en plus de ces attaques contre lui, c’est sur sa femme, enceinte de 6 mois et demi, que les foudres viennent de tomber brutalement, cyniquement, sans la moindre humanité, et en toute illégalité, en ce début 2016.

Salah Hamouri et Elsa Lefort se sont mariés en mai 2014. A Jérusalem. Ceci après mille tracasseries administratives, résultats du fait que Jérusalem-Est, où ils habitent, est annexée illégalement et sous juridiction israélienne.

Normalement, ce mariage étant dûment acté et enregistré, Elsa aurait du recevoir un « visa épouse » lui permettant de voyager librement non seulement en Israël et en Cisjordanie mais aussi l’autorisant à sortir pour aller à l’étranger et en rentrer. Demande a été faite pour ce visa et un premier refus est tombé après plus d’un an de démarches. Motif : « Votre mari est un danger pour Israël » et donc pas de visa pour vous ! Appel, rendant suspensive cette décision, a été fait. Elsa se trouvant
néanmoins limitée dans ses mouvements et ne pouvant pas circuler à l’étranger sous peine d’être interdite d’entrée.

Elsa travaille pour le Consulat général de France à Jérusalem et à ce titre elle a obtenu un « visa de service » délivré par le Bureau des Affaires Consulaires du Ministère des Affaires étrangères israélien lui permettant d’aller et venir sur place et à l’étranger, valable jusqu’au 12 octobre 2016.

Le 21 décembre 2015, utilisant cette possibilité légale, elle est venue en France. Elle en est repartie le 5 janvier. Et à l’arrivée à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv le 5, en milieu de journée, le cauchemar a commencé.

Les autorités israéliennes l’attendaient avec un plan sordide, calculé à l’avance. Ils contestèrent la validité du visa de service au prétexte qu’elle n’avait pas de « visa épouse ». Ils la mirent en prison deux jours, sans le moindre ménagement malgré sa grossesse visible.

Avec l’aide d’un avocat dépêché sur place, elle fit appel de cette décision inique. Réponse ? Cette fois ce n’était plus seulement son mari mais c’était elle-même qui était « dangereuse » aux yeux des autorités israéliennes ! Ceci étant écrit par le « juge » sous la dictée du Shin Beth lequel affirmait, sans la moindre preuve évidemment et pour cause, ce mensonge total aboutissant néanmoins à un déni de droit et à un arbitraire absolu. Elle fit de nouveau appel le lendemain, soit le 7 janvier, et la réponse du « tribunal » fut identique : « Vous êtes une terroriste » ! Ni plus ni moins. En conséquence, Elsa fut expulsée du territoire avec impossibilité, à l’heure qu’il est, d’y retourner.

Elsa enceinte de 6 mois et demi ne pourra plus prendre l’avion d’ici 3 semaines. L’enfant « risque » donc de naître en France et ne pas avoir le « statut » de Jérusalémite ce qui sera d’emblée un obstacle pour lui pour son devenir.

Il faut absolument empêcher ce terrible déni de justice et cet arbitraire inacceptable qui s’abat désormais sur la femme de Salah et sur leur enfant avant même qu’il ne soit né – un arbitraire qui ne repose sur strictement rien d’autre que des mensonges inventés de toute pièce par les services secrets israéliens.

Nous en appelons avec force aux autorités françaises : la « justice » n’a rien à voir dans cette situation qui n’est en rien un « affaire intérieure » à Israël. Tout le stratagème cynique israélien est politique et il n’est rien d’autre. C’est la politique qui doit régler cette situation afin que Salah, Elsa et leur enfant puissent vivre ensemble, tous les trois, à Jérusalem et puissent circuler librement.

Nous en appelons aux soutiens des élu-e-s et personnalités de toutes tendances, aux citoyen-ne-s, pour relayer cette exigence et soutenir les droits de cette jeune famille tels qu’en dispose les Conventions internationales. Israël ne peut pas, ne doit pas, être au dessus des lois et du droit ! La liberté est universelle ou elle n’est pas.

Justice et liberté pour Salah, Elsa et leur enfant !
source logo : journal l’humanité

mise à jour 23 janvier 2016
Liste des premiers signataires :
Premiers signataires : Christiane Hessel ; Ahmed Abbes, directeur de recherche au CNRS ; François Asensi, député ; Eliane Assassi, sénatrice ; Alexis Bachelay, député ; René Balme, maire honoraire de Grigny ; Khiari Bariza, sénatrice de Paris ; Marie-France Beaufils, sénatrice ; Maryse Bergé-Lavigne, sénatrice honoraire ; Olivier Besancenot ; Michel Billout, sénateur ; Alain Bocquet, député du Nord ; Pascal Boniface, géo politologue ; Laurent Bonnefoy, chercheur CNRS au CERI/Sciences Po ; Jean-Pierre Bosino, sénateur ; Yasmine Boudjenah, ancienne députée européenne ; Jean-Claude Bourdin, professeur émérite université de Poitiers ; Jacques Bourguoin, ancien maire de Gennevilliers ; Patrick Braouezec, député honoraire ; Henri Braun, avocat au Barreau de Paris ; Ian Brossat, maire-adjoint de Paris ; Marie-Georges Buffet, députée, ancienne ministre ; Maurice Buttin, avocat, président du CNVRO ; François Burgat, politiste ; Jean-Jacques Candelier, député du Nord ; Jean-Michel Catala, avocat ; Monique Cerisier ben-Guiga, sénatrice honoraire ; Monique Chemillier-Gendreau, professeur émérite de droit international ; Laurence Cohen, sénatrice ; Sergio Coronado, député des Français de l’étranger ; Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale EELV ; Cécile Cukierman, sénatrice ; Yves Daniel, député ; Annie David, sénatrice ; Daniel Davisse, maire Honoraire de Choisy-le-Roi, officier de la Légion d’honneur ; Karima Delli, députée européenne ; Michelle Demessine, sénatrice du Nord ; Erica Deuber Ziegler, historienne de l’Art (Suisse) ; Jean-Jacques Dilong, avocat à la cour de Paris ; Marc DOLEZ, député ; Marie-Françoise Duthu, ancienne députée au Parlement européen ; Sylvain Dreyfus, avocat ; Christian Favier, président du Conseil départemental du Val-de-Marne, sénateur ; Jacqueline Fraysse, députée ; Zoé Genot, députée régionale (Belgique) ; Dr. Mariette Gerber, INSERM-Institut du Cancer de Montpellier ; Jérôme Gleizes, conseiller de Paris ; Henri Goldman, rédacteur en chef de “Politique, revue de débats” (Belgique) ; Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice ; Adel Hakim, acteur, metteur en scène de théâtre ; Nordine Idir, secrétaire général du MJCF ; Pierre Laurent, sénateur ; Sarah Katz, retraitée CNRS ; Nicole Kiil-Nielsen, ancienne eurodéputée ; Renée Le Mignot, vice-présidente du MRAP ; Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers ; Claude Léostic, présidente de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine ; Alain Lhostis, ancien maire-adjoint de Paris, Chevalier de la Légion d’honneur ; Hélène Luc, sénatrice honoraire du Val-de-Marne, officier de la légion d’honneur ; Joëlle Marelli, Collège international de philosophie ; Michel Ménard, député ; Roland Muzeau, ancien sénateur ; Ron Naiweld, chercheur au CNRS ; Marielle Nicolas, maître de conférences Université de Pau ; Jean Ortiz, maître de conférences honoraire Université de Pau ; Ghislain Poissonnier, magistrat ; Raphaëlle Primet, conseillère de Paris ; Barbara Romagnan, députée ; André Rosevègue, co-président de l’Union Juive française pour la Paix ; Julien Salingue, docteur en science politique ; Pascal Santoni, journaliste ; Pierre Stambul, coprésident de l’UJFP ; Michel Staszewski, enseignant, membre de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB) ; Taoufiq Tahani, Président de l’AFPS ; Bernard Ravenel, historien ;

Marie-Christine Vergiat, députée européenne ; Dominique Vidal, journaliste, historien ; Daniel Voguet, avocat honoraire au Barreau de Paris ; Francis Wurtz, député européen honoraire ; Jean Ziegler, sociologue, ancien Rapporteur spécial de l’ONU.

Michel Issindou, député, président du groupe d’amitié avec la Palestine à l’Assemblée nationale et Gilbert Roger, sénateur, président du groupe d’amitié avec la Palestine ont envoyé une lettre de soutien à Laurent Fabius de même que Pouria Amirshahi, député des Français de l’étranger.

Ce serait superbe si nos élus PACA se joignaient à cet appel....

le 31 janvier 2016
L’affaire Salah, Elsa et leur enfant ; Où en sommes-nous ?

Cela fait maintenant plus de 3 semaines qu’Elsa, munie d’un “visa de service”, délivré par les autorités israéliennes - un visa valide jusqu’au mois d’octobre 2016 - a été brutalement expulsée d’Israël. Enceinte de 7 mois, son mari Salah Hamouri l’attend â Jérusalem où ils résident, où ils paient leurs impôts et les taxes. Cette décision arbitraire a été "justifiée" côté israélien par des "éléments secrets" ! Elsa serait "dangereuse".... Totalement absurde et grotesque.

Officiellement le Quai d’Orsay a fait savoir qu’il "demande qu’Israël revienne sur sa décision". Cela fait trois semaines... Et aucun retour du côté israélien.

Les Israéliens jouent sur la montre. D’ici peu, Elsa ne pourra plus prendre l’avion vu son "état".

Les Israéliens ne veulent pas que leur enfant naisse a Jérusalem. Ainsi, il sera lui aussi soumis au “visa tourisme” pour y vivre, voir sa famille et il pourra lui aussi être expulsé d’Israël car uniquement "Français". Sordide.

Le Quai d’Orsay, comme pour les deux journalistes retenus au Burundi, doit EXIGER qu’Elsa rentre avec son visa service toujours valide.

Pourquoi tant de "précautions" vis à vis de cet État ? Oui : il faut exiger qu’une citoyenne française parfaitement en règle avec le droit retourne chez elle auprès de son mari : à Jérusalem !

Continuons à multiplier les initiatives et actions. Signer et faites signer la pétition...

Stop au traitement "spécial" d’un État qui doit être considéré comme un État comme les autre. Il doit respecter le droit comme tout État. Sinon il faut prendre des mesures de réciprocité.

Des centaines de Français sont expulsés sans raison d’Israël à leur arrivée à l’aéroport. Dans un silence total... ÇA SUFFIT !
Jean Claude LEFORT