Vous voulez comprendre l’invasion de Poutine ? Regardez l’occupation israélienne

vendredi 18 mars 2022

3 mars 2022 | Meron Rapoport pour +972 | Traduction J.Ch. pour l’AURDIP |

La façon dont Poutine élabore la violence de l’État russe en Ukraine est semblable à la rhétorique utilisée par Israël depuis des décennies dans ses guerres contre les Palestiniens.

« Aujourd’hui, c’est le jour où la juste opération de dénazification a commencé en Ukraine ». Voilà comment Vladimir Soloviev, populaire présentateur de la télévision russe sur la chaîne publique de Russie, a décrit la guerre menée par son pays sur l’Ukraine et ses 42 millions d’habitants.

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L’invasion du Président russe Vladimir Poutine est ouvertement soutenue par la droite israélienne. Ce soutien est d’abord et avant tout issu d’une position politique : la guerre est faite pour prouver la supposée « faiblesse » américaine sous le Président démocrate Joe Biden, qui a commis le péché impardonnable de battre Donald Trump, le chéri de la droite israélienne.

Elle est faite également pour nous montrer l’importance d’avoir un premier ministre israélien que le monde respecte – c’est-à-dire, Benjamin Netanyahou. Rien, bien sûr, ne prouve que la guerre aurait pu être évitée si Trump et Netanyahou étaient toujours dirigeants, mais cette affirmation contrefactuelle sert néanmoins la position de la droite.

Au-delà de la conjecture politique, quelque chose de plus profond est en jeu ici. La façon dont Poutine élabore la violence d’état russe est très semblable à la rhétorique et au jeu sur les mots dont Israël s’est servi dans ses guerres contre les Palestiniens et les États arabes depuis des décennies.

Occupation ? Ce n’est qu’une ‘opération’

Avant toute chose, il y a le mot « opération » pour décrire ce qui est en fait une guerre à part entière dans laquelle des dizaines de milliers de soldats russes envahissent un État voisin indépendant. D’anciens soldats israéliens se rappelleront « Opération Paix en Galilée », nom qu’Israël a donné à la guerre qu’elle a entamée en 1982, qui a conduit à la conquête de presque la moitié du Liban, y compris sa capitale Beyrouth, et l’occupation qui s’en est suivie du sud du pays.

Bien que la guerre du Liban ait duré 18 ans jusqu’au retrait d’Israël en 2000, et qu’elle ait coûté la vie de dizaines de milliers de Palestiniens, de Libanais, de Syriens, et de plus d’un millier d’Israéliens, on continue d’en parler jusqu’à aujourd’hui dans les documents officiels des FDI sous son nom militaire officiel. La guerre du Sinaï, dans laquelle Israël a occupé la presque totalité de la péninsule désertique de l’Égypte en 1956, est encore présentée dans certains documents sous le nom d’ « Opération du Sinaï » ou « Opération Kadesh ».

Depuis lors, le générateur de noms des FDI, particulièrement pour les guerres d’Israël sur la Bande de Gaza, n’est devenu que plus sophistiqué. De « Pluies d’Été » à « Hiver Brûlant », « Plomb Durci », « Barrière Protectrice », « Gardien des Murs », Israël utilisera tous les mots lui permettant d’éviter de dire au public israélien ce qui est si évident : nous allons faire la guerre. Poutine s’avère en être un excellent élève, choisissant le mot « opération » et suggérant quelque chose possédant clairement un début, un milieu et une fin.

Les Nazis au coin de la rue

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