le livre jeunesse "On ira voir la mer" obtient le prix René Devic 2017 à la Comédie du livre de Montpellier

mercredi 7 juin 2017

On ira voir la mer
« Aller à la mer, sans murs et sans soldats.
N’avoir que l’horizon comme limite au regard,
C’est le rêve de tout enfant palestinien.
Un rêve de liberté. » (Claude Léostic, exergue)

Il existe peu d’ouvrages destinés aux jeunes enfants et qui évoquent la vie quotidienne et les rêves des petits Palestiniens, et c’est bien dommage. Oubli ? Manque d’intérêt ? Crainte d’être accusé de manipuler de jeunes cerveaux ?
Deux femmes, deux artistes, l’une conteuse-écrivaine, France Quatromme, l’autre
illustratrice-graveuse, Evelyne Mary, viennent de combler ce manque, et bellement. Elles s’adressent aux enfants à partir de 6 ans.
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Il faut prendre le temps de regarder l’objet, avant d’en tourner les pages : il est beau, solide et attrayant.

Un petit garçon rêve avec son ami Walid d’aller voir la mer. Bien que toute proche, elle est inaccessible : entre elle et eux se dresse un haut et long mur de béton « où ne passe pas la lumière ». Nous sommes en Palestine.

Au fil des pages les jeunes lecteurs découvrent la vie quotidienne des petits Palestiniens : le mur, les check-points et les soldats de l’occupation israélienne avec leurs mitraillettes, l’injustice et la précarité, la peur et l’arbitraire mais aussi les jeux et les espoirs. Il y a aussi la figure protectrice du grand-père, le gardien de la maison perdue et qui en garde précieusement LA clé. Cette clé qui reviendra un jour à son petit-fils.
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Ce grand-père qui complote avec ses parents et Neta l’Israélienne…

Un jour, c’est le voyage tant rêvé. Joie, crainte, émerveillement… « la mer, en vrai, c’est pas comme sur les livres d’images, c’est bien plus grand que tout ce qu’on avait imaginé ! » C’est jouer avec les gros rouleaux des vagues qui vous courent après, construire des châteaux de sable, rencontrer des enfants israéliens… et puis il y a Adina, le sourire d’Adina…

Et c’est rêver, au retour, d’être l’oiseau qui joue dans le vent et se joue des murs, avec au fond de sa poche une poignée de sable en souvenir.

Le texte poétique et sensible, écrit à la première personne, emmène par petites touches les jeunes lecteurs dans l’univers des enfants palestiniens et le leur fait partager, avec délicatesse mais sans mièvrerie.

Le récit est illustré de gravures en pointe-sèche - technique qui donne un trait irrégulier à l’aspect velouté qui en fait le charme et fait penser au fusain - rehaussées à l’ordinateur.

Enfin une partie explicative, signée de la présidente de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, permet de répondre aux questions que poseront les enfants en fonction de leur âge.

Un livre à lire, et à regarder. Un joli cadeau au moment des fêtes.

On ira voir la mer de France Quatromme et Evelyne Mary, aux éditions Lirabelle. (15€)