Pas d’excuses de Londres pour la déclaration Balfour-Palestiniens

mercredi 19 avril 2017

RAMALLAH, Cisjordanie, 25 avril (Reuters) - Les dirigeants palestiniens ont fait savoir mardi que le Royaume-Uni avait rejeté leur demande d’excuses pour la déclaration Balfour de 1917, qui a contribué à la création de l’Etat d’Israël, et ont
annoncé leur intention d’aller en justice.

Dans un discours à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre dernier, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait demandé que des excuses soient présentées pour cette déclaration, qui est en fait une lettre du secrétaire au Foreign Office de l’époque, Arthur Balfour, datée du 2 novembre 1917.

Mais la Première ministre britannique Theresa May a prévu d’organiser une commémoration du centenaire de la déclaration.
Elle a invité son homologue israélien Benjamin Netanyahu à participer à l’événement en novembre prochain. D’autres commémorations sont prévues en Israël dans le courant de l’année.

"La réponse est arrivée dans une lettre écrite au ministère (palestinien) des Affaires étrangères disant que les excuses étaient refusées", a déclaré à la station de radio la Voix de la Palestine Manuel Hassassian, le diplomate représentant l’Autorité palestinienne au Royaume-Uni.

"Cela veut dire que la reine et le gouvernement britannique ne présenteront pas leurs excuses au peuple palestinien et que la commémoration des 100 ans de la promesse Balfour se tiendra à la date convenue", a-t-il ajouté.

Le Foreign Office n’a pas fait de commentaire.

Dans sa déclaration, le 2 novembre 2017, le secrétaire au Foreign Office Lord Balfour écrivait à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), un haut représentant de la communauté juive britannique, alors que la Palestine était sous mandat
britannique :
"Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans
tout autre pays."

Les Palestiniens ont longtemps condamné ce document comme étant une promesse du Royaume-Uni de remettre des terres qu’il ne possédait pas.

anuel Hassassian a expliqué que si le Royaume-Uni ne présentait pas ses excuses, n’annulait pas les célébrations prévues et ne reconnaissait pas l’Etat de Palestine, les
Palestiniens mettraient à exécution leur intention d’intenter une action en justice.
"C’est la seule condition à laquelle nous pouvons clore ce dossier de façon définitive", a-t-il dit.

Israël a déclaré son indépendance en 1948, à la fin du mandat britannique et après le vote par les Nations unies d’un plan de partage de la Palestine, rejeté par les représentants palestiniens, qui partageait la région entre un Etat arabe et un
Etat juif.

Israël s’est emparé de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est au terme de la guerre des Six-Jours en 1967, territoires revendiqués par les Palestiniens pour y établir un Etat indépendant.

Le dernier cycle de négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens a pris fin en 2014.

(Nidal Almoughrabi ; Danielle Rouquié pour le service français de Boursorama)


Notre article du 19 avril
La Déclaration de Balfour est "l’un des épisodes les plus sombres des 100 dernières années"

Plus de 11.000 personnes ont signé une pétition en ligne appelant le gouvernement britannique à présenter officiellement ses excuses pour la Déclaration de Balfour, une lettre écrite par Lord Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères en 1917, exprimant le soutien de la Grande-Bretagne à la création d’un Etat juif en Palestine mandataire.

La pétition récemment lancée par la Balfour Apology Campaign (BAC) appelle le gouvernement britannique à "s’excuser ouvertement auprès du peuple palestinien pour la publication de la Déclaration de Balfour".

"Nous avons clairement déclaré que nous étions victimes du colonialisme britannique et que le moins qu’on puisse attendre du Royaume-Uni est de s’excuser auprès du peuple palestinien", a déclaré Xavier Abu Eid, un porte-parole de l’OLP, à Media Line.

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Balfour Declaration being read

"Un pouvoir colonial étranger a décidé de donner la Palestine à une organisation qui n’était même pas en Palestine. C’est l’un des épisodes les plus sombres des 100 dernières années" a-t-il ajouté.

La Balfour Apology Campaign déclare par ailleurs que c’est cette lettre qui est responsable du fait que les Palestiniens n’ont pas aujourd’hui un Etat palestinien indépendant.

"Une excuse serait la reconnaissance de l’erreur que la Grande-Bretagne avait faite dans la Déclaration de Balfour. Il existe de nombreux précédents dans lesquels les Premiers ministres britanniques ont reconnu le rôle de la Grande-Bretagne dans la souffrance dans ses anciennes colonies" stipule la BAC.

"Par exemple, Tony Blair en 1997 s’est excusé auprès des Irlandais pour la famine que le pays a subi au milieu du 19ème siècle. Gordon Brown en 2009 a présenté des excuses gouvernementales officielles à des milliers d’enfants britanniques qui ont été expulsés d’Australie et d’autres pays du Commonwealth entre les années 1920 et 1960. De même, Cameron en 2011 a reconnu que l’histoire coloniale britannique l’a rendu responsable de la plupart des problèmes historiques au monde lorsqu’il discutait du conflit au Cachemire. De plus, de nombreux spécialistes et historiens comme Avi Shlaim ont déclaré que la Grande-Bretagne devrait présenter des excuses aux Palestiniens pour la trahison remontant à la Déclaration de Balfour" explique le site de la Balfour Apology Campaign.

La Déclaration de Balfour, publiée le 2 novembre 1917, était une déclaration de 67 mots, sous forme de lettre adressée à Walter Rothschild, un chef de la communauté juive britannique.

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Balfour Declaration in the The Times of London, November 9, 1917 - Wikipedia

Dans la lettre, "le gouvernement de Sa Majesté considère avec faveur l’établissement en Palestine d’une foyer national pour le peuple juif et fera tout son possible pour faciliter la réalisation de cet objet, étant entendu qu’aucun préjudice ne sera porté aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine, ou aux droits et à l’état politique dont jouissent les Juifs dans tout autre pays".

Le gouvernement israélien affirme qu’il considère la Déclaration de Balfour comme un marqueur significatif dans l’histoire de l’Etat juif.

"C’était la première fois qu’un grand pouvoir a reconnu le peuple juif comme un peuple qui mérite et a le droit de construire son foyer", a déclaré Michal Maayan, porte-parole adjointe du ministère israélien des Affaires étrangères, à The Media Line.

Se référant à la Balfour Apology Campaign, Maayan a déclaré que c’était "un autre exemple du refus des Palestiniens de reconnaître le droit d’existence à Israël et le droit du peuple juif à avoir un pays en Israël".

Elle a par ailleurs indiqué que les Palestiniens se concentrent sur un document vieux de 100 ans, plutôt que de trouver des moyens de reprendre les pourparlers de paix avec Israël.

De son côté le porte-parole de l’OLP, Abu Eid, a rejeté les accusations de Maayan déclarant que la BAC n’affirmait pas "qu’il n’y a pas de solution à deux Etats" précisant que l’OLP a "reconnu Israël dans les frontières de 1967 et cette reconnaissance est toujours en vigueur".

JPEG - 53.1 ko Arthur Balfour- Wikipédia

Le 100e anniversaire de la Déclaration, que beaucoup considèrent comme le document qui a ouvert la voie à un Etat juif en Israël, sera célébré en novembre, la Première ministre britannique Theresa May ayant invité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à se rendre au Royaume-Uni pour l’occasion.

Vu que la requête de la Balfour Apology Campaign a déjà atteint 10.000 signatures, le gouvernement britannique doit donner une réponse formelle dans un délai de trois jours. Cependant, les organisateurs ont déclaré avoir dépassé les 10.000 signatures il y a cinq jours, et n’ont toujours pas reçu de réponse.

S’ils atteignent 100.000 signatures, la pétition sera considérée à être débattue au Parlement britannique.

source : i24NEWS