Wajib - Un magnifique film palestinien à voir à l’Alhambra à partir du 7 mars

mardi 20 février 2018

Mercredi 7 mars à 20h30

CINE-REPAS
avec La buona forchetta à partir de 19h
Réserver er très rapidement : helenemarx13@gmail.com

WAJIB, L’INVITATION AU MARIAGE
film de Annemarie Jacir. 1h36
Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du "wajib". Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.
"Le cinéma permet parfois de comprendre des enjeux humains bien au-delà des considérations géopolitiques. « Wajib » est un de ses films, précieux et rares, qui nous éclaire sur le quotidien des habitants d’une ville et d’une région sans nous obliger à prendre partie sur des questions qui de toute façon nous dépassent. » Paris Match

Autres séances : jeu 8 à 18h30, sam 10 à 20h30, dim 11 à 18h et mar 13 à 19h15

L’Alhambra
2, rue du cinéma
13016 MARSEILLE
04 91 46 02 83


La chronique de Bernard Favier "par la fenêtre" sur le web-radio du Journal Zibeline :

"Troisième long-métrage de cette réalisatrice née à Bethléem, qui a vécu en Arabie Saoudite, a fait ses études de cinéma à New-York, et qui, interdite d’entrée en Palestine en 2008, vit aujourd’hui en Jordanie. « Wajib » qui peut se traduire par devoir, ou obligation, se déroule à Nazareth, ville arabe la plus importante d’Israël . Abou et son fils Shadi doivent remettre les invitations pour le mariage d’Amal, le prétexte à un road-movie subtil, d’une journée chargée, au cours de laquelle la Volvo familiale devient le salon d’une petite dispute sur fond d’histoire de la Palestine."

Par Bernard Favier


« Wajib », le candidat palestinien à l’Oscar du meilleur film étranger, réalise de nombreuses ventes

La société de distribution française Pyramide International a enregistré de nombreuses ventes pour le film “Wajib”. Réalisée par la cinéaste palestinienne Annemarie Jacir, le film est candidat pour représenter la Palestine à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, et vient de tirer sa révérence au Moyen-Orient lors du Festival Film de Dubai.

JPEG - 20 ko À l’affiche de cette comédie ironique, les célèbres acteurs palestiniens Mohammad Bakri et Saleh Bakri, qui travaillent ensemble pour la première fois.

Le film a été acquis par Satine Films pour l’Italie ; Festival Films pour l’Espagne ; Potential Films pour l’Australie et la Nouvelle Zélande ; Astro pour l’Asie du Sud Est et Times Vision pour la Chine. Amazon a acheté les droits de diffusion internet pour les États-Unis où les droits de représentation restent ouverts.

“Wajib”, c’est l’histoire d’un père divorcé et de son fils qui dans une vieille Volvo roulent autour de Nazareth et distribuent des invitations pour le mariage d’une parente. On assiste alors aux aléas de leur relation, pour le moins compliquée. Ce film “englobe les différences entre les Palestiniens vivant en Israël et ceux vivant à l’étranger,” explique le critique de cinéma Jay Weissberg pour Variety.

Produit par Jacir et son mari Ossama Bawardi, sous leur enseigne commune basée en Jordanie, Philistine Films, avec différents partenaires, “Wajib” a été en partie fondé par la plateforme de coproduction Dubai Film Connection. Le film a été lancé cet été à l’occasion du Festival du Film de Locarno avant d’enchaîner avec, entre autres festivals, Toronto, Londres et Mar del Plata – où il remporte l’Astor d’or du meilleur film.
Le film est la troisième œuvre de Jacir, après “When I Saw You” et “Le sel de la mer”.

JPEG - 212.3 ko La cinéaste palestinienne Annemarie Jacir
Nick Vivarelli - Traduction : Lauriane G. pour l’Agence Média Palestine
Source : Variety.com


Notre article du 14 novembre 2017

Un film palestinien en ouverture des 5e Rencontres Internationales des Cinémas Arabes organisées par AFLAM du 21 au 26 novembre 2017 à Marseille

en AVANT-PREMIÈRE :
WAJIB de Annemarie Jacir (Palestine-1h36)
au cinéma Les Variétés Mardi 21 novembre à 19h30
(places disponibles dès le mardi 14/11)

JPEG - 17.3 ko

la critique de Télérama lors de la présentation du film au festival de Locarno
Dans un festival qui joue les agitateurs du cinéma, la surprise est venue d’un film placé sous le signe du dépouillement et de la tendresse : “Wajib”, tourné à Nazareth par Annemarie Jacir. Avec les formidables Mohammad et Saleh Bakri, père et fils.

A l’approche d’un mariage, la tradition veut, en Palestine, que les hommes de la famille aillent porter personnellement leur invitation à tous ceux qui seront conviés à la fête. Cette tournée des popotes a inspiré à Annemarie Jacir, déjà repérée avec le beau Sel de la mer (2008), un film à la fois simple et subtil, Wajib. On y suit un père et son fils qui, munis d’un stock d’invitations au mariage de leur fille et sœur, font du porte-à-porte chez les connaissances et amis, à Nazareth. Rien de plus. Les grandes joies seront pour le jour de la fête. Et les drames sont mis entre parenthèses.

C’est du côté des petites choses de la vie que la réalisatrice porte son regard, avec générosité, précision aussi. Au fil des visites, elle saisit des portraits touchants et parfois drôles. Toute une atmosphère qui raconte une famille, une ville, une culture. « Les personnages de Wajib sont directement inspirés par des gens que je connais, explique-t-elle. Mais c’est aussi ma propre vision de Nazareth que je donne. J’ai voulu que cette fiction soit à la fois ancrée dans la réalité et universelle. Il y a une part d’humour et j’y tenais. Je crois qu’on peut parler d’une tonalité méditerranéenne. »

JPEG - 108.5 ko “Wajib”, tourné à Nazareth par Annemarie Jacir. Avec les formidables Mohammad et Saleh Bakri, père et fils.

Ce film chaleureux séduit et étonne, dédramatisant une réalité que les cinéastes palestiniens évoquent souvent avec gravité. Ici, les conflits restent sous-jacents. Le père, professeur, travaille avec les Israéliens. Le fils s’est exilé en Italie. Et tout le monde a une façon différente de se revendiquer palestinien. Annemarie Jacir fait subtilement ressentir ces tensions. Elle donne à son film une profondeur humaine, sociale, politique. Mais sans jamais perdre de vue la mission modeste et précieuse de ses personnages : inviter au mariage, au rassemblement.

JPEG - 81 ko Annemarie Jacir, réalisatrice de Wajib

« Je n’ai pas la prétention de faire une leçon aux spectateurs, en leur montrant la violence de l’armée israélienne et le drame de la colonisation des territoires palestiniens, commente-t-elle. Je préfère rester proche des personnages et amener les spectateurs à se mettre à leur place. Qui a raison dans le film ? Le père, qui est resté à Nazareth ? Le fils, qui a préféré partir en Italie et ne revient qu’en visite avant le mariage ? Je ne sais pas moi-même que répondre. Je comprends ces deux personnages car j’ai vécu l’une et l’autre de ces situations. Je suis née en Palestine, je suis partie, je suis revenue. C’est mon pays mais je ne peux plus y vivre comme quelqu’un qui ne l’a jamais quitté. »

Ce duo père-fils désaccordé mais profondément uni est l’atout de Wajib grâce à l’interprétation des deux comédiens, qui n’ont pas besoin de feindre ce lien de parenté : le jeune Saleh Bakri (déjà présent dans Le Sel de la mer) et son papa, Mohammad Bakri, qui a commencé sa carrière en 1983, dans Hanna K. de Costa Gavras, et n’a jamais quitté la Palestine.

« J’ai fait le même choix que mon personnage dans Wajib, constate-t-il en souriant. J’ai décidé de rester là où sont mes racines, même si c’est difficile et même dangereux de vivre en Palestine. Nous sommes assiégés de façon permanente par les Israéliens. Dans Wajib, mon fils refuse de vivre sous cette oppression et, selon moi, c’est lui qui a raison. La situation est complexe et le film l’évoque en arrière plan, de façon très juste. Jouer avec mon propre fils, travailler avec Annemarie Jacir et tourner à Nazareth, tout cela a été très émouvant pour moi. »

JPEG - 75.9 ko Saleh Bakri

Un peu en retrait, moins disert que son père, Saleh Bakri s’est, lui aussi, pris au jeu de la situation que vivent leurs personnages dans Wajib : « J’approuve l’attitude du fils, qui refuse les compromis. Il a bien fait de partir. Mais, en même temps, il a abandonné le rêve qu’il avait à Nazareth, où il voulait créer un ciné-club et lancer des discussions en montrant des films. »

JPEG - 26.4 ko Mohammad Bakri

Un désir d’échange dans lequel Annemarie Jacir s’inscrit parfaitement avec Wajib. Un double prix d’interprétation pourrait couronner cette réussite. Pour Mohammad Bakri, il y aurait là comme un triomphe personnel : son premier prix d’interprétation, il l’a reçu en 2004, pour Private, de Saverio Costanzo. Au festival de Locarno.