Pétition pour soutenir Angela Davis

mercredi 16 janvier 2019

Déclaration d’Angela Davis

Samedi 5 janvier, j’ai été stupéfaite d’apprendre que le conseil d’administration du Birmingham Civil Rights Institute était revenu sur sa décision antérieure de m’accorder le prix Fred Shuttlesworth des droits de l’homme. Bien que cet Institut ait refusé mes demandes de divulgation des raisons de fond de cette action, j’ai appris par la suite que mon soutien de longue date pour la justice en Palestine était en cause. Cela semblait particulièrement malheureux, étant donné que ma propre liberté a été gagnée — et en effet ma vie a été sauvée — par un vaste mouvement international. Et j’ai consacré une grande partie de mon propre activisme à la solidarité internationale et, plus précisément, au lien entre les luttes dans d’autres parties du monde et les campagnes populaires menées aux États-Unis contre la violence policière, le complexe industriel pénitentiaire et le racisme en général. L’annulation de cette invitation n’était donc pas principalement une attaque contre moi, mais contre l’état d’esprit de l’indivisibilité de la justice.

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Je soutiens les prisonniers politiques palestiniens comme je soutiens les prisonniers politiques actuels au Pays Basque, en Catalogne, en Inde et dans d’autres parties du monde. J’ai en effet exprimé une opposition à la politique et aux pratiques de l’État d’Israël, tout comme j’ai exprimé une opposition similaire à l’appui des États-Unis à l’occupation israélienne de la Palestine et à d’autres politiques discriminatoires des États-Unis. Grâce à mes expériences au lycée Elizabeth Irwin de New York et à l’Université Brandeis à la fin des années ‘50 et au début des années ‘60, et plus tard mes études supérieures à Francfort, en Allemagne, j’ai appris à être aussi passionnée par l’opposition à l’antisémitisme que par celle au racisme. C’est durant cette période que j’ai également été sensibilisée à la cause palestinienne. Je suis fière d’avoir collaboré étroitement avec des organisations et des personnes juives sur des questions qui préoccupent toutes nos communautés au cours de ma vie. À bien des égards, ce travail a fait partie intégrante de ma conscience croissante de l’importance de protester contre l’occupation israélienne de la Palestine.

Le voyage à Birmingham, où je suis née et ai grandi, pour recevoir le prix Fred Shuttlesworth, allait certainement être le point culminant de mon année — d’autant plus que je connaissais personnellement le révérend Shuttlesworth et que j’allais à l’école avec sa fille Patricia, et parce que ma mère, Sallye B. Davis, a travaillé sans relâche pour cet Institut au cours de ses premières années. De plus, Odessa Woolfolk, mon enseignante la plus stimulante à l’école du dimanche, a été le moteur de la création de cet institut. Malgré la regrettable décision du Birmingham Civil Rights Institute, j’ai hâte d’être à Birmingham en février pour un événement alternatif organisé par ceux qui estiment que le mouvement pour les droits civils en ce moment doit inclure une discussion vigoureuse de toutes les injustices qui nous entourent.
Angela Y. Davis
7 janvier 2019

Pour exprimer son soutien et sa solidarité à Angela Davis, militante antiraciste de longue date :

Signer la pétition (sans être universitaire)

Signer la pétition en tant qu’universitaire

La biographie d’Angela Davis
Angela Davis, arrière petite-fille d’esclaves, est née en 1944 à Birmingham (Alabama).
Poursuivant ses études secondaires à New York à la fin des années 50, elle lit Marx et s’engage dans la lutte pour les droits civiques. Étudiante à l’université Brandeis dans le Massachusets, elle apprend le français et s’inscrit en philosophie.
En 1963, après un court séjour en France, elle part étudier la philosophie à Francfort avant de revenir soutenir sa thèse à l’université de San Diego, en Californie, sous la direction du philosophe allemand Herbert Marcuse, qui propose une lecture marxiste de Freud et passe, à cette époque, pour le théoricien de la libération sexuelle.
Féministe, elle s’engage dans une voie marxiste, ce qui la démarque des militants afro-américains de cette époque, qui considèrent le marxisme comme une affaire d’Euro-descendants.
Enseignante en 1969 à l’université de Los Angeles (UCLA) Angela Davis en sera renvoyée, du fait de son adhésion à la fois au Black Panther Party et au Parti Communiste.
Suite à une tournée militante à Cuba, elle est inquiétée, avec d’autres activistes, par les autorités françaises, lors de son arrivée à Basse-Terre (Guadeloupe), sous le prétexte que des Portoricains qui l’accompagnent ont, dans leurs bagages, des livres « marxistes » rapportés de Cuba. Elle n’échappe que de justesse à une arrestation, grâce à l’intervention de l’avocate communiste Gerty Archimède, qui lui permet, à elle et à ses camarades, de repartir.

L’été 1970, Angela Davis, qui est dans le collimateur du FBI de Edgar J. Hoover dans le cadre du programme Cointelpro, est accusée de complicité lors d’une prise d’otages meurtrière perpétrée dans un tribunal de Californie.

JPEG - 11.5 ko Angela Davis FBI - 1970

Arrêtée le 13 octobre 1970, après quelques semaines de cavale, elle est inculpée début 1971 pour meurtre, kidnapping et conspiration. L’affaire connaît un retentissement mondial et Angela Davis, soutenue en France par Jean-Paul Sartre et Gerty Archimède, accède alors à une telle notoriété que même les Rolling Stones lui dédient une chanson : Sweet Black Angel.
En 1972, Angela Davis, qui risque la peine de mort, est libérée sous caution, puis acquittée.
Outre ses activités d’écriture et d’enseignement, Angela Davis est restée, depuis cette époque, très engagée, notamment dans les mouvements féministes.
(source : une autre histoire)