Éditorial de l’Humanité d’hier : C’est la Palestine qu’on assassine !

jeudi 21 novembre 2019

En quelques semaines, les États-Unis de Donald Trump auront lâchement abandonné les Kurdes à leurs ennemis historiques, soutenu le coup d’État d’extrême droite en Bolivie et déchiré définitivement l’accord de Paris sur le climat. Ces coups de poignard dans le dos du droit international et de la paix trouvent une nouvelle cible : le peuple palestinien abandonné, humilié, emmuré, bombardé à Gaza, et privé de toute liberté comme de ses besoins les plus élémentaires.

JPEG - 89.6 ko

L’ancien patron de la CIA, le sinistre évangéliste Mike Pompeo, adepte d’une « diplomatie de droit divin », est ainsi envoyé en service commandé pour entériner le fait colonial, approuver le processus de vol des terres, des maisons et de l’eau des Palestiniens, légitimer le nettoyage ethnique de la population arabe de Cisjordanie, et pousser à la création d’un grand Israël d’inspiration messianique tant espéré par les extrêmes droites des deux pays.

« D’obstacle à la paix » pour chacune des administrations nord-américaines, celle de Reagan comprise, voici la colonisation de la Palestine désormais reconnue et encensée. Il s’agit d’une rupture historique, non seulement dans la reconnaissance du fait colonial unanimement condamné depuis les indépendances, mais également pour la doctrine nord-américaine au Proche-Orient, qui, jusqu’ici, reposait sur une condamnation – plus ou moins hypocrite – de la colonisation. Quel précédent cette infamante reconnaissance va-t-elle créer dans les relations internationales ?

La colonisation-annexion fut pourtant maintes fois condamnée par l’Assemblée des Nations unies et plus récemment par une résolution du Conseil de sécurité de décembre 2016 (1), exigeant « de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».

Ce coup de force contre le peuple palestinien est destiné à sauver le piètre soldat d’extrême droite Netanyahou et à rassurer la même extrême droite fondamentaliste à un an de l’élection aux États-Unis. Il ne peut rester sans réponse. L’opiniâtreté avec laquelle l’administration états-unienne saborde toutes les conquêtes du droit international et la morgue avec laquelle elle s’assoit sur la dignité des peuples doivent trouver face à elles une réponse ferme et résolue. On ne peut laisser, même par un silence forcément complice, les États-Unis se placer hors des lois internationales pour mieux dicter la loi américaine du talion.

La France doit prendre des initiatives pour isoler les États-Unis lors de la réunion à venir du Conseil de sécurité et pousser au respect du droit international incluant l’autodétermination du peuple palestinien.

La Cour de justice de l’Union européenne a, ces derniers jours, produit un acte de droit d’une cruciale importance contre la politique expansionniste du gouvernement israélien en exigeant l’étiquetage des produits issus des colonies. Fondé sur l’éthique et la demande de respect du droit international, cet arrêt va bien au-delà de la simple question commerciale. Ceci doit donner de la force aux institutions européennes pour le faire respecter et produire les actes politiques en conséquence. Toute autre attitude s’apparenterait à une humiliation.

Défendre aujourd’hui le droit international, c’est défendre une solution à deux États sur les seules frontières reconnues à Israël, celles de 1967, et Jérusalem-Est comme capitale d’un État palestinien. C’est aussi la seule solution viable pour garantir la paix et la sécurité et une des conditions pour un Proche- et Moyen-Orient apaisé. L’Humanité reste à la disposition de ce combat pour un État palestinien.

Que se lèvent à nouveau des forces respectueuses du droit, soucieuses de défendre la paix et la justice pour stopper le bras agité des assassins de la Palestine.
(1) Résolution 2334 du Conseil de sécurité 23 décembre 2016.

Par Patrick Le Hyaric - l’humanité