Un descendant de l’aristocratie sioniste veut quitter le peuple juif. Israël le laissera-t-il faire ?

lundi 25 janvier 2021

Pourquoi Avraham Burg, qui a été président de la Knesset, président par intérim et chef de l’Agence juive, demande à Israël d’annuler son inscription en tant que Juif.

Avraham Burg a été un homme aux nombreux titres. Descendant d’une des familles aristocratiques du mouvement religieux sioniste, il a été président de la 15e Knesset (1999-2003), un membre important du « groupe des huit » à la gauche du Parti travailliste à la fin des années 1980 et au début des années 1990, président de l’Agence juive (1995-1999) et, selon le protocole, il a été président par intérim d’Israël, entre la démission d’Ezer Weizman et l’élection de Moshe Katsav à ce poste, pendant son mandat de Président de la Knesset. Aucun CV ne pourrait être plus sioniste et plus juif.

Maintenant, cependant, « Avrum », comme il est largement connu, est décidé à en abandonner un : sa désignation en tant que Juif selon le registre de la population du ministère de l’Intérieur. Dans une demande qu’il va soumettre au tribunal de district de Jérusalem, Burg écrit qu’il ne se considère plus comme appartenant à la nationalité juive. Il ajoute que sa conscience ne lui permet pas d’être classé comme membre de cette nation, parce qu’elle implique « d’appartenir au groupe des maîtres ». En termes simples et clairs, affirme-t-il, « je ne peux plus me sentir identifié à ce collectif ».

Cet acte extraordinaire, qui semble à des années-lumière de la plupart des activités publiques bien connues de Burg, intervient au lendemain de l’adoption en 2018 de la « Loi fondamentale : Israël en tant qu’État-nation du peuple juif ».

« Le sens de cette loi est qu’un citoyen d’Israël qui n’est pas juif souffrira d’avoir un statut inférieur, semblable à celui que les Juifs ont souffert pendant d’incalculables générations », déclare Burg dans sa demande. « Ce qui est odieux pour nous, nous le faisons maintenant à nos citoyens non juifs. »

Ce n’est pas une démarche extrême, soutient Burg – au contraire, elle est nécessaire et logique. « Je me demande ce qu’un citoyen qui n’est pas content de cette loi est censé faire », dit-il dans une interview à Haaretz. « Ce n’est pas une espèce de loi sur les infractions routières - pour moi, cette loi constitue un changement dans ma définition existentielle. Puisque je pense que la Haute Cour de justice ne touchera pas à cette loi, je passe à l’étape suivante. »

Il y a deux semaines, la Haute Cour, avec un jury élargi de 11 juges, a examiné une contestation de la loi, sous la forme d’un grand nombre de requêtes déposées contre sa constitutionnalité. Les commentaires formulés par les juges au cours des audiences donnent à penser que l’hypothèse de Burg est correcte. Il soumettra sa demande après que la cour aura transmis sa décision. « Je ne demande pas des choses radicales » dit-il.

« Je ne demande pas à être inscrit en tant qu’Arabe, ou comme je ne sais quoi. Ma demande dit : Vous [c’est-à-dire l’État] avez redéfini le sens du collectif. Je ne fais pas partie du collectif en vertu de cette définition. Effacez-moi. »

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